Pourquoi parler ?

Publicité pour Minitel, quotidien Libération, date inconnue

 

L’Oreille tendue ne l’a jamais caché : sa façon de répondre au téléphone peut laisser perplexes quelques-uns de ses interlocuteurs. Mais elle répond au téléphone. Cela la désigne comme une personne d’un autre âge.

La preuve ? Cette citation, tirée du roman Un parc pour les vivants de Sébastien La Rocque (2017) : «Son cellulaire vibre dans la poche de son pyjama. Qui peut bien lui écrire à cette heure ?» (p. 14)

Un téléphone, c’est fait pour écrire, pas pour parler.

 

Référence

La Rocque, Sébastien, Un parc pour les vivants. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2017, 167 p.

De peu de poids

«Pas de quoi écrire à sa mère», la Presse+, 24 décembre 2014

L’Oreille tendue est épistologue (elle s’intéresse à l’épistolarité). Elle est fils. Ces deux traits expliquent son plaisir à découvrir le titre suivant dans la Presse+ du 24 décembre 2014 : «Pas de quoi écrire à sa mère.»

Au Québec, cette expression a le sens de Voilà quelque chose de peu d’importance ou Voilà quelque chose dont il n’y a pas lieu de se vanter, et c’est une des expressions qu’affectionne la mère de l’Oreille. (Il y en a d’autres.)

Devrait-elle lui écrire pour le lui rappeler ?

 

[Complément du 1er mars 2016]

Légère variation, dans les nouvelles du sport du même journal ce matin : «Le Canadien a aussi conclu hier une transaction mineure entre joueurs de quatrième trio : Devante Smith-Pelly pour Stefan Matteau. Rien pour écrire à sa mère.»

 

[Complément du 4 novembre 2018]

Exemple romanesque, dans Iphigénie en Haute-Ville. Roman à l’eau de rose (2006), de François Blais : «Pour en venir à votre seconde question, que se passe-t-il de bon maintenant, à Grand-Mère, cent six ans exactement après les événements ci-dessus relatés ? Rien pour écrire à sa mère, je dois dire» (p. 77).

 

[Complément du 10 novembre 2022]

Existe pour d’autres modes de communication : «rien pour appeler sa mère» (Correlieu, p. 54).

 

Références

Blais, François, Iphigénie en Haute-Ville. Roman à l’eau de rose, Québec, L’instant même, 2006, 200 p.

La Rocque, Sébastien, Correlieu. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2022, 192 p.