Cinquième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Prétérition

Définition

«Figure de rhétorique qui consiste à signaler explicitement une chose en annonçant qu’on n’en parlera pas (p. ex., parce qu’elle va de soi, présente peu d’intérêt, est frappée d’interdit…). Cette figure paradoxale vise donc à un effet double : attirer l’attention sur le sujet qu’on feint de négliger et mettre en relief le suivant. Syn. : prétermission» (Dictionnaire des termes littéraires, p. 386).

Exemples

«Faire un #FF à une vedette qui a 10 000 abonnés et plus, ça paraît un peu désespéré. Je dis ça, je dis rien» (@Ze_Tache).

«dans deux jours, c’est le 7 juillet, je dis ça, je dis rien» (@Numeriklivres).

 

Référence

Van Gorp, Hendrik, Dirk Delabastita, Lieven D’hulst, Rita Ghesquiere, Rainier Grutman et Georges Legros, Dictionnaire des termes littéraires, Paris, Honoré Champion, coll. «Dictionnaires & références», 6, 2001, 533 p.

Quatrième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Jules Verne, les Enfants du capitaine Grant, couverture

Comparaison

Définition

«On rapproche deux entités quelconques du même ordre, au regard d’une même action, d’une même qualité, etc. Développée, la comparaison est un parallèle; limitée à un rôle expressif, c’est la comparaison figurative […], avec ses diverses formes poétiques […], parfois aussi polémiques […]» (Gradus, éd. de 1980, p. 121).

Mise en garde

«J’en étais sûr ! reprit le savant d’un air de satisfaction. Cela n’a pas empêché le plus orgueilleux des gens modestes, mon illustre compatriote Chateaubriand, d’avoir fait cette comparaison inexacte entre les flamants et les flèches ! Ah ! Robert, la comparaison, vois-tu bien, c’est la plus dangereuse figure de rhétorique que je connaisse. Défie-t’en toute la vie, et ne l’emploie qu’à la dernière extrémité» (Jules Verne, les Enfants du capitaine Grant, chapitre XX).

 

Références

Dupriez, Bernard, Gradus. Les procédés littéraires (Dictionnaire), Paris, Union générale d’éditions, coll. «10/18», 1370, 1980, 541 p.

Verne, Jules, les Enfants du capitaine Grant, édition numérique, Project Gutenberg, 2004. Édition originale : 1868.

Troisième article d’un dictionnaire personnel de rhétorique

Autoreprésentation

Définition

Pour Janet M. Paterson, l’autoreprésentation est le «processus selon lequel un texte se représente» (p. 177).

Exemple

«Et la chaux rejoint aussi nos livres et nos papiers pour photocopie ou imprimante : un très léger ajout de chaux très fine donne au papier des livres (celui-ci même) la granulosité lisse nécessaire pour l’imprimerie rapide d’aujourd’hui.»

N.B. Lue sur une tablette informatique, cette phrase de Daewoo de François Bon rappelle ce qui distingue le «papier des livres» («celui-ci même») du numérique. Entre l’édition (imprimée) de Fayard en 2004 et celle (uniquement numérique) de 2011, quelque chose a bel et bien changé, du rapport à l’objet : pas de chaux pour un iPad.

Champ lexical

L’Oreille tendue préfère le terme autoreprésentation à tous ceux qui composent la pléiade de ceux désignant le retour d’un texte sur lui-même : «auto-référence», «auto-légitimation», «auto-conscience accrue», «métafiction», «auto-théorisation», «autoréflexivité», «métatextualité» (Linda Hutcheon); «pratique auto-réflexive, autonymique, sui-référentielle» (Catherine Kerbrat-Orecchioni); «récit spéculaire» (Lucien Dällenbach); «autotexte» (Lucien Dällenbach); «réduplication structurale» (Janet Paterson); «narcissisme littéraire», «littérature autocentrique», «introversion littéraire», «conscience de soi métafictionnelle», «fiction littéraire auto-structurante» (Linda Hutcheon); «mise en abyme» (André Gide); etc. C’est comme ça.

Les premiers articles de ce dictionnaire se trouvent ici et .

 

Références

Bon, François, Daewoo. Roman, Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, coll. «Temps réel», 2011. Édition numérique. Édition originale : 2004.

Paterson, Janet M., «L’autoreprésentation : formes et discours», Texte, 1, 1982, p. 177-194.