En 1991, l’Oreille tendue a commencé à collaborer au Bulletin de l’AIRE (Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire, Paris), devenue depuis Épistolaire. Revue de l’AIRE.
Elle y tient, depuis 1996, la chronique des «Curiosités épistolaires», dont elle a fait paraître un recueil en 2011.
Geneviève Haroche-Bouzinac dirige la revue. Elle la présente ici.
C’est comme ça : l’Oreille n’est pas souvent tendue vers YouTube. Elle sait qu’on y trouve des masses de choses bien faites — à côté d’insondables niaiseries —, mais elle n’a pas le réflexe d’y aller voir. (Pour ses fils, ce serait plutôt le contraire.)
Cela étant, elle fait maintenant des visites régulières sur la chaîne Linguisticæ. Depuis janvier 2014, avec humour, Romain Filstroff souhaite y «rendre la linguistique un peu plus accessible à tous tout en comblant ceux qui en sont férus».
Le 16 avril, sur YouTube, nouvelle capsule de la série Solange te parle : Solange te parle québécois. À la première écoute, l’Oreille tendue avait trouvé fort réussi le passage, bière aidant, d’un accent parisien à un accent québécois, et bien choisies les expressions employées (bain là, nécessairement, dans le fond).
Qu’on en juge.
Dès sa sortie, la vidéo a été largement commentée, par exemple sur YouTube ou sur le blogue En tous cas.
Plus récemment, Hugo Dumas lui a consacré un article chagrin, «Solange te parle sans accent», dans la Presse du 10 mai 2012 (cahier Arts, p. 8). Il décrit d’abord la série Solange te parle et, s’agissant de Solange te parle québécois, il rappelle que Solange s’appelle en fait Ina Mihalache et qu’elle a vécu 19 ans au Québec avant de s’établir en France. Dumas est «extrêmement perplexe» devant la volonté d’Ina Mihalache de refuser, dès l’adolescence, l’«accent québécois» — comme s’il n’y en avait qu’un — au profit de l’«accent français» — bis. Il déplore qu’elle ait cessé de parler «en québécois pure laine», qu’elle se soit débarrassée «de son parler québécois», qu’elle ne parle plus «notre langue» : «se travestir vocalement à ce point, c’est troublant», écrit celui qui affirme pourtant ne pas «vouloir jouer au psy à cinq sous».
Laissons Dumas à ses états d’âme, mais insistons sur une chose, qui unit le journaliste et la comédienne : l’un et l’autre se trompent quand ils disent que la seconde a délaissé sa «langue maternelle», que, pour elle, c’est une «langue morte». Solange ne parle qu’une langue, le français, tantôt avec un accent, tantôt avec un autre. Il n’existe pas de langue qui s’appellerait «le québécois».
[Complément du 23 novembre 2015]
Nouvelle vidéo sur la même chaîne et le même sujet :