Curiosité voltairienne (et périphrastique)

Cannette de bière Voltaire

«What has happened to my beloved France, the country where I spent my childhood summers, studied and worked in my 20s ? Once the embodiment of European confidence and cultural supremacy, the land of Voltaire, Bastiat and de Tocqueville is now trapped in an accelerating spiral of decline.»

(«Qu’est-il arrivé à ma chère France, le pays où j’ai passé les étés de mon enfance, étudié et travaillé pendant ma vingtaine ? Autrefois symbole de la confiance et de la suprématie culturelle européennes, le pays de Voltaire, Bastiat et Tocqueville est aujourd’hui pris dans une spirale de déclin accélérée.»)

Annabel Denham, «Letters. The France I love is dying. Britain could be next», The Daily Telegraph, 27 août 2025.

 

La périphrase «le pays de Voltaire» est banale. On peut sans trop de mal imaginer «le pays de Tocqueville». «Le pays de Bastiat», voilà, en revanche, qui a de quoi étonner.

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

P.-S.—D’autres périphrases voltairiennes ? À votre service.

Curiosité voltairienne (et hivernale)

Michel Coulombe, le Québec en cinémascope, 2025, couverture

Le critique de cinéma Michel Coulombe vient de publier un ouvrage thématique sur le cinéma québécois, le Québec en cinémascope.

Un de ses chapitres porte sur des films mettant en scène la neige. Son titre ? «Quelques arpents qu’on déneige.»

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

 

Référence

Coulombe, Michel, le Québec en cinémascope. Un grand voyage cinématographique de l’Abitibi à Anticosti, Laval, Saint-Jean éditeur, 2025, 248 p.

Quasi-curiosité voltairienne

Victor-Lévy Beaulieu, Ma Chine à moi, 2021, couverture

En 1994, l’écrivain québécois Victor-Lévy Beaulieu publie Monsieur de Voltaire, une Romancerie. S’il lui arrive de reconnaître le génie de l’auteur de Candide, la plupart du temps, il médit de celui qui incarnerait «une monstruosité totalitaire dont la littérature ne nous a donné aucun autre exemple» (p. 21).

En 2021, le même Beaulieu publie Ma Chine à moi. En sous-titre : Candiderie. Y aurait-il du Voltaire là-dessous ? Que nenni.

Le narrateur de Monsieur de Voltaire mêlait le récit d’une cure de désintoxication à une analyse littéraire. Celui de Ma Chine à moi déplore son «vieillardissement» et livre ses impressions de l’histoire chinoise.

La seule allusion à Voltaire se trouve dans une lettre publique de Victor Hugo sur le palais d’Été de Pékin (25 novembre 1861, citée p. 270). De Candide, personnage et titre, il ne sera rien dit. Au lecteur de faire les liens qui s’imposent, ou pas.

Voltaire est toujours bien vivant, même si ce n’est pas là où l’attend.

 

Références

Beaulieu, Victor-Lévy, Monsieur de Voltaire. Romancerie, Montréal, Stanké, 1994, 255 p. Ill. Rééd. : Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 220, 2010, 240 p.

Beaulieu, Victor-Lévy, Ma Chine à moi. Candiderie, Paroisse Notre-Dame des Neiges, Éditions Trois-Pistoles, 2021, 306 p. Ill.

Curiosité voltairienne (et autoroutière)

Sébastien Bailly, Autoroute, 2025, couverture

«Tu te souviens que ce dont chacun préfère parler, quand il n’y a rien à dire, c’est du temps qu’il fait. Cela n’engage à rien, tout le monde est d’accord sur le temps qu’il fait, un peu moins sur celui qu’il fera. Cela permet de sonder chez un inconnu sa sensibilité aux affaires courantes de ce monde : le réchauffement climatique, l’extinction des espèces, la fin de l’humanité. Si chacun restait chez soi et cultivait son jardin, on n’en serait pas là. Mais il a fallu se lancer sur les pistes à faire décoller les avions, et partir à la conquête de l’amour sur les autoroutes. Voilà ce qui provoque l’effondrement du monde, et les dinosaures riront bien de notre niaiserie lorsqu’ils apprendront comment nous avons disparu. Parce que tel que c’est parti, ils réapparaîtront un jour ou l’autre : la vie est un cycle infini.»

Sébastien Bailly, Autoroute, Paris, Le Tripode, 2025, 175 p., p. 59-60.

 

Les derniers mots de Candide (1759), le conte de Voltaire, sont : «Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.