Les zeugmes des lecteurs et du dimanche matin

Deuxième livraison de zeugmes repérés ou créés par les lecteurs de l’Oreille tendue; la première est ici.

I

«Je ne suis pas certaine que j’avais déjà une poitrine et un avenir
Juste un livre sous le bras»

Jennifer Tremblay et Normand Cousineau, De la ville, il ne me reste que toi, Les éditions de la bagnole, 2011, non paginé.

Merci à @ljodoin.

II

«Il lui demanda si elle avait repris du poil de la bête. Elle lui répondit que, quitte à choisir, elle préférait finalement reprendre du thé» (@Centquarante, 11 février 2012).

À @desrosiers_j, qui se demandait s’il s’agissait d’un «zeugme écartelé», @Centquarante confirma : «D’un geste un rien brutal, il écartela un zeugme. Puis, il reprit son activité ordinaire de bourreau des mots.»

III

«à Épinay-sur-Orge, je dus lui donner un coup sur l’épaule pour le faire descendre de son rêve et sur le quai» (Gaston Leroux, le Mystère de la chambre jaune).

Merci à @JeanSylvainDube.

IV

Saint-Valentin oblige, cette photo, de Woody Allen et Romy Schneider (Paris, 1964), a circulé sur Twitter.

Baiser de Woody Allen

Commentaire de @beloamig_ : «Il l’embrasse non seulement sur une échelle, mais sur la bouche aussi.»

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Citation inimitable du jour

Plume Latraverse, Plume pou digne, 1974, pochette

Lue il y a longtemps, et jamais oubliée, cette phrase, sur la pochette de l’album Plume pou digne de Plume Latraverse (1974) : «Il mangeait peu, mais mal» (P. Landry).

 

[Complément du 30 mai 2018]

Dans le même ordre d’idées, citons cette phrase de Jean Echenoz, dans Cherokee (1983) : «Georges ne disposant pas encore d’un bureau pour lui seul, Bock lui avait cédé une parcelle du sien pour qu’il examine à son aise le dossier Ferro, composé de documents dépareillés quoique redondants, pauvres en informations, qu’on suspectait parfois d’avoir été mis là dans le seul but de faire épais» (p. 58). «Dépareillés quoique redondants» : cela réjouit.

 

[Complément du 31 mai 2018]

L’ami Jean-François Nadeau ajoute son grain de sel à cette série en rappelant à l’Oreille tendue la scène d’ouverture du film Annie Hall de Woody Allen (1977) :

There’s an old joke. Two elderly women are at a Catskill mountain resort, and one of them says, «Boy, the food at this place is really terrible.» The other one says, «Yeah I know. And such small portions.» Well, that’s essentially how I feel about life. Full of loneliness, and misery, and suffering, and unhappiness — and it’s all over much too quickly.

De la mauvaise nourriture, en trop petite quantité. Elles mangeaient peu, mais mal.

 

[Complément du 2 janvier 2024]

Comme il se doit, la phrase de P. Landry se trouve dans l’album collectif Plume. Chansons par toutes sortes de monde : «Son père, au poilu caractère, était un homme qui mangeait peu, mais mal» (p. 13).

 

[Complément du 16 février 2025]

Dans Bristol, le plus récent roman de Jean Echenoz (2025) : «Si la rue des Eaux n’est pas longue, elle n’est pas bien large non plus» (p. 52).

 

Références

Echenoz, Jean, Cherokee. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 1983, 247 p.

Echenoz, Jean, Bristol. Roman, Paris, Éditions de Minuit, 2025, 205 p.

Plume. Chansons par toutes sortes de monde, Moult éditions, 2023, 189 p. Ill.