Citation pleine de bon sens du samedi matin

Victor Hugo, portrait

«[La] langue française n’est point fixée et ne se fixera point. Une langue ne se fixe pas. L’esprit humain est toujours en marche, ou, si l’on veut, en mouvement, et les langues avec lui. Les choses sont ainsi. […] Toute époque a ses idées propres, il faut qu’elle ait aussi les mots propres à ces idées. Les langues sont comme la mer : elles oscillent sans cesse. À certains temps, elles quittent un rivage du monde de la pensée et en envahissent un autre. Tout ce que leur flot déserte ainsi sèche et s’efface du sol. C’est de cette façon que des idées s’éteignent, que des mots s’en vont. Il en est des idiomes humains comme de tout. Chaque siècle y apporte et en emporte quelque chose. Qu’y faire ? cela est fatal. C’est donc en vain que l’on voudrait pétrifier la mobile physionomie de notre idiome sous une forme donnée. C’est en vain que nos Josué littéraires crient à la langue de s’arrêter; les langues ni le soleil ne s’arrêtent plus. Le jour où elles se fixent, c’est qu’elles meurent.»

Victor Hugo, Préface de Cromwell, édition d’Anne Ubersfeld, dans Œuvres complètes. Vol. 12. Critique, présentation de Jean-Pierre Reynaud, Paris, Robert Laffont, coll. «Bouquins», 1985, xiii/761 p., p. 1-44, p. 30-31. Édition originale : 1827.

Autopromotion 064

Centre Flaubert (Rouen)

L’Oreille tendue s’intéresse depuis plusieurs années à l’épistolarité. Voilà pourquoi elle a lu, pour le Centre Flaubert de l’Université de Rouen, le livre Flaubert en toutes lettres. L’écriture épistolaire dans la correspondance et dans l’œuvre d’Amélie Schweiger. Son compte rendu est ici.

 

Référence

Schweiger, Amélie, Flaubert en toutes lettres. L’écriture épistolaire dans la correspondance et dans l’œuvre, Rouen, Publications des universités de Rouen et du Havre, coll. «Flaubert», 2012, 140 p.

Amélie Schweiger, Flaubert en toutes lettres, 2012, couverture

Mettons fin à la discrimination capillaire

 «calvitie. — Toujours précoce,
est causée par des excès de jeunesse
ou la conception de grandes pensées.»
Flaubert, Dictionnaire des idées reçues

Revitaliser la littérature ? «Des contes qui décoiffent» (la Presse, 18 avril 2004, cahier Lectures, p. 8).

Revivifier l’humour ? «Un frisé qui défrise» (la Presse, 6 juillet 2012, cahier Arts, p. 8).

Foi de dégarni, cette obsession du cheveu à traiter a assez duré.

N.B. L’Oreille tendue le sait : la calvitie pourrait être enrayée. Pis ?

«Cardinal Cimol», publicité capillaireSource : Gallica

 

[Complément du 9 juin 2014]

Certains journalistes sont particulièrement portés sur le décoiffant. C’est le cas de Marie-Claude Lortie à la Presse. (Merci à @machinacrire pour le tuyau.)

Patiner avec Henri Beyle

Dans la Presse du 16 février, un cahier publicitaire du Réseau sélection : «[auQUOTIDIEN]. Cinquième édition.»

Deux fois (p. 1 et p. 8), il est indiqué que Les tours Angrignon, une maison pour retraités, sont, comme toutes celles du Réseau sélection, la «Résidence officielle des Anciens Canadiens de Montréal» — c’est du hockey.

En page 8, une photo de l’ancien joueur Henri Richard, le frère du Rocket, est accompagnée de la légende suivante : «Encore cette année, les résidents et leur famille ont eu la chance de patiner et de visiter la chambre des joueurs des Canadiens au Centre Bell.» Le slogan du personnel ? «“La vocation c’est d’avoir pour métier sa passion.” — Stendhal» (p. 3).

Ensemble, l’auteur de la Chartreuse de Parme et le «Pocket Rocket» ? On ne s’y attendait pas.