Titre du jour

Lisant un texte de Dena Goodman sur l’orthographe à l’âge classique, l’Oreille tendue tombe sur ce titre de l’abbé Louis Barthélemy : la Cantatrice grammarienne, ou l’art d’apprendre l’Orthographe française seul, sans le secours d’un Maître, par le moyen des Chansons érotiques, pastorales, villageoises, anacréontiques, &tc. (À Genève; et se trouve à Paris : chez Briand, 1788, xvi/416 p.).

Cela donne à rêver.

 

Référence

Goodman, Dena, «L’ortografe des dames : Gender and Language in the Old Regime», French Historical Studies, 25, 2, printemps 2002, p. 191-223.

Citation du jour

En matière de langue, «l’usage n’écoute, ni les raisons, ni les étymologies» (Féraud, Dictionnaire critique, 1787-1788, article «invaincu»).

Cité dans Isabelle Turcan et Jacques-Philippe Saint-Gérand, «Usages et mésusages des dictionnaires : lexique, histoire, textes littéraires», dans Franck Neveu (édit.), Styles. Langue, histoire, littérature, Paris, Sedes, coll. «Agrégations de lettres-langue française», 2001, p. 19-64, p. 41.

Lumières

Il y a plusieurs années, l’Oreille tendue a créé un répertoire des thèses canadiennes en littérature française du XVIIIe siècle. Elle l’avait un peu délaissé. Elle vient d’en faire une mise à jour. Les suggestions d’ajouts ou de corrections sont les bienvenues.

Religion et onomastique du 450

L’Oreille tendue ne veut pas se vanter, mais il lui arrive de quitter son île et de s’aventurer dans le 450. Pas plus tard que l’autre jour, elle s’est ainsi retrouvée dans une église de la Couronne nord pour y assister à un baptême. (Ce serait trop long de vous expliquer.)

Elle en tire deux remarques (il faut bien que le 450 serve à quelque chose).

Satan, si l’Oreille en croit le diacre-clown qui officiait (le mot est fort), existerait. Il faudrait en effet y renoncer publiquement. (Dans un autre baptême, tenu il y a cinq lustres, un prêtre a demandé à l’Oreille de renoncer à Satan «et à ses pompes». Il attend toujours sa réponse.) Y a-t-il d’autres moments dans la liturgie où il est question aujourd’hui de Satan ? L’Oreille s’interroge.

Comme il fallait bien s’occuper, elle en a profité pour lire le Semainier paroissial. Quelle belle mine onomastique ! Une brève étude de cet édifiant document révèle que la lettre a est de toutes la plus populaire dans l’immédiate banlieue francophone montréalaise, tant chez les garçons (deux Noah, Mikaël, Dilan, Mattéo, Malik, Xavier) que chez les filles (Camille, Alessia, Koralie, Julianna, deux Léa, Charlie, Rosalie, Annabella, Camélia, Jade, Adèle). En matière de consonnes, on les aime dures, c ou k (Camille, Mikaël, Koralie, Kyle, Loïc, Camélia, Malik). Les noms avec trait d’union sont rares (une seule occurrence : Emma-Rose), ce qui ne veut pas dire que les noms composés le soient (Mélyanne; parmi les parents, une Alexianne). Le prénom favori de l’Oreille ? Makayla : trois a, un k.

C’est une fille.

P.-S. — À côté de ces petits noms fleuris, il y avait aussi une Florence, un Olivier, une Émilie. Cela détonnait.

 

[Complément du 14 janvier 2016]

Qu’aurait pensé Diderot de cette vague onomastique, lui qui écrivait à Grimm, le 6 novembre 1769, qu’«on abaisse l’âme de ses enfants en leur donnant des noms bas et saugrenus» ?

 

Référence

Diderot, Denis, Correspondance, Paris, Éditions de Minuit, 1955-1970, 16 vol. Éditée par Georges Roth, puis par Jean Varloot.