«Se vouloir», encore

L’Oreille tendue a des relations difficultueuses avec le verbe réfléchi se vouloir. Elle en parlait déjà, il y a jadis naguère, ici.

Quand elle lit, dans le Devoir des 22-23 septembre, en titre, page C7, «Le Sporting KC se voudra une difficile commande pour l’Impact», elle se dit que ces relations ne vont pas s’améliorer.

Retour en capitale

Devant, pour d’excellentes raisons, passer la journée dans la Vieille Capitale (Québec), l’Oreille tendue se rend compte qu’il y a quelques mois qu’elle n’a pas vidé sa besace à capitales. Qu’y trouve-t-on, s’agissant de Montréal ? Que c’est une capitale diversifiée. Des exemples ?

«Montréal, capitale de la contravention» (la Presse, 30 août 2012, p. A1).

«Montréal, capitale de la bière sans gluten […] ?» (Twitter, 8 mai 2012).

«Québec et Montréal, capitales mondiales du patrimoine en 2008» (le Devoir, 1er octobre 2007, p. A3).

«Montréal, capitale musicale du Canada» (la Presse, 9 décembre 2009, Arts et spectacles, p. 2).

«Montréal, capitale culturelle ? Plus que jamais» (la Presse, 3 janvier 2004).

Voilà une ville riche — une métropole, comme dans «Montréal, métropole numérique !» (la Presse, 19 janvier 2012, cahier Affaires, p. 9).

Chronique agricole, avec des néologismes

Chanvre indien, marijuana, marie-jeanne, herbe, pot (à faire rimer avec menottes) : il faut bien que la drogue pousse quelque part.

Au Québec, on cache les «installations» de cannabis dans les champs de maïs. C’est ce qui permet au quotidien la Presse de titrer, le 24 septembre 2012, «Le fléau du pot corn» (p. A1). On utilise aussi les champs de soya, mais c’est moins pratique pour les jeux de mots.

Comment repérer ces semis clandestins ? En faisant des «tours de pot» : «des gens qui ont des visées sur ce type de culture louent des avions dans le but de repérer des plantations pour ensuite y aller faire une razzia» (la Presse, 24 septembre 2012, p. A3).

Existe-t-il un mot pour désigner celui qui pratique cette culture ? Bien sûr. On dira que c’est un «mariculteur» (la Presse, 24 septembre 2012, p. A2).

Qui préfère l’agriculture d’intérieur a recours à des «serres hydroponiques». Modestement, l’Oreille tendue suggère de les appeler des «serres hydropotniques».

Rosemont en liesse

«La vie urbaine avec plusieurs services dans Rosemont», titre le Devoir des 22-23 septembre 2012 (p. G6).

Les Rosemontois, ces habitants du quartier montréalais de Rosemont, seront enchantés d’apprendre qu’ils ont (enfin ?) accès à la «vie urbaine».

Le zeugme du dimanche matin et de Jean-Philippe Martel

Jean-Philippe Martel, Comme des sentinelles, 2012, couverture

«À la mort de son père, le fils aîné a reçu quelques dizaines de milliers de dollars qu’il s’est empressé de dépenser, comme son père l’aurait sans doute fait lui-même; deux ou trois cravates de laine (comme les intellectuels en portaient à la fin des années 1970 et au début des années 1980); un portefeuille de cuir noir (dans lequel le fils aîné a plus tard glissé une photo de son père, prise en 1990 ou 1991, et qui lui rappelle cette espèce d’atavisme voulant que les hommes Sylvestre n’arrivent pas à mettre de l’argent de côté ni, peut-être, à s’économiser, eux); un air de famille et un fonds de proverbes qu’il n’a pas beaucoup d’occasions d’employer.»

Jean-Philippe Martel, Comme des sentinelles. Roman, Montréal, La mèche, 2012, 177 p., p. 54.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)