Et voilà le travail !

Un fidèle bénéficiaire de l’Oreille tendue, dans les commentaires de l’article sur le genre du mot deadline des deux côtés de l’Atlantique, pose la question suivante : «Qu’en est-il du genre du mot “job” ? Féminin au Québec et masculin en France ?»

La réponse est un peu plus complexe.

En effet, au Québec, job, prononcé djobbe, est féminin dans la langue courante, mais (le plus souvent) masculin dans les médias (écrits).

«“Il était très fier. Il disait : ‘Il y a plusieurs patrons au SPVM et à la SQ qui auraient voulu ce job, mais c’est moi qui l’ai eu’”, décrit une personne de son entourage» (la Presse, 22 janvier 2014).

«Quelqu’un d’autre aurait pu créer le même effet, mais à ce moment-ci, personne d’autre que lui n’avait le charisme communicationnel indispensable à ce job» (le Devoir, 4 janvier 2014, p. B4).

Le Petit Robert (édition numérique de 2014) a donc tort d’affirmer, sans distinguer : «Ce mot est féminin au Canada : une job intéressante. “ton père a encore perdu sa job” (G. Roy).» (Merci d’avoir cité Gabrielle Roy; ça fera plaisir à François Bon.)

Marie-Éva de Villers, dans son Multidictionnaire de la langue française (cinquième édition, édition numérique) ne fait pas la distinction (régionale) du Robert : «Cet anglicisme s’emploie dans la francophonie aux sens de “travail de peu d’importance” et de “emploi rémunéré” et son genre est masculin.»

En matière de langue, rien n’est simple. La suivre est une grosse djobbe.

 

[Complément du 17 février 2015]

Les enseignants québécois sont en rogne contre leur gouvernement provincial. Le quotidien la Presse du jour décrit leur projet : des «commandos d’enseignants» devraient se lancer dans des moyens de pression — et donner à chacun un nom. Il y aurait notamment «Fais mon job, tu veux ?». Sur Twitter, @revi_redac écrit : «Oui aux actions de la Fédération des syndicats de l’enseignement, mais non à “Fais mon job, tu veux ?”. #FémininPlease.» L’Oreille est d’accord avec ce «non».

Autopromotion 085

L’Oreille tendue, à l’invitation de Bertrand Laverdure (@Lectodome), causera de la lettre à la télé ce soir.

C’est dans le cadre de l’émission Tout le monde tout lu de MaTV à 21 h.

 

[Complément du jour]

On peut (re)voir l’émission ici.

Merci

En 2005, en compagnie de Yan Hamel et de Geneviève Lafrance, l’Oreille tendue dirigeait la publication d’un ouvrage collectif intitulé Des mots et des muscles ! Représentations des pratiques sportives. (Pour en savoir plus, c’est ici.)

Volume collectif, Des mots et des muscles !, 2005, couverture

Aujourd’hui paraît le plus récent numéro de la revue les Libraires (numéro 81, février-mars 2014). On y trouve un dossier : «Des mots et des muscles. Sports et littérature.»

Magazine les Libraires, dossier «Des mots et des muscles», 2014, couverture

L’Oreille remercie sincèrement les Libraires de cette publicité, même si elle est indirecte. En effet, dans «Des mots et des muscles », il n’est jamais question de Des mots et des muscles !

 

Référence

Hamel, Yan, Geneviève Lafrance et Benoît Melançon (édit.), Des mots et des muscles ! Représentations des pratiques sportives, Québec, Nota bene, 2005, 274 p. Ill.

Trois questions périhockeyistiques

Samedi dernier, grâce à sa structure familiale latérale, l’Oreille tendue, accompagnée de l’Oreille tendue cadette, assistait au Centre Bell à la dégelée des Canadiens de Montréal contre les Capitals de Washington — c’est du hockey.

(Pour décrire ce genre de défaite honteuse, un journaliste de la Presse, Richard Labbé, parle de rince, au féminin.)

Comme d’habitude, l’Oreille se demandait pourquoi le niveau sonore était si élevé. Elle s’est cependant posé aussi trois nouvelles questions.

Ça sert à quoi les reprises vidéo des bagarres sur écran géant, sinon à perpétuer une pratique cromagnonesque ? (Sur les bagarres au hockey, dans la Presse+ d’hier, le joueurnaliste Maxime Talbot est cromagnonesque.)

Les arénas sont-ils les derniers endroits où l’on chante avec cœur l’hymne national canadien ?

Quand des dizaines de personnes viennent de mourir dans un incendie et qu’on demande aux spectateurs de leur consacrer un moment de silence, pourquoi refuser de le faire ?

 

[Complément du 11 novembre 2021]

S’agissant des reprises vidéo de bagarres sur écran géant au Centre Bell, l’Oreille tendue a écrit au président de l’équipe, Geoff Molson, le 1er juin 2021. Elle n’a pas eu, pour l’instant, de réponse.