Marivaudage du samedi matin

Portrait de Marivaux, 1743

Sur une île déserte, s’il ne fallait prendre qu’un seul dramaturge du XVIIIe siècle, ce serait évidemment Marivaux. Au Siècle des lumières, personne ne lui arrive à la cheville.

Lui, pourtant si grand, est ramené aujourd’hui, au Québec, à une seule formule (à un seul titre) :

«Le jeu de l’épargne et du hasard» (la Presse, 6 juin 2015, cahier «Affaires», p. 6);

«Le jeu de l’humour et du hasard» (la Presse+, 10 octobre 2015);

«Je connaissais son penchant [celui de Denise Bombardier] pour les jeux de l’amour et du hasard, un pied dans l’eau bénite, l’autre dans le Cream Soda de son enfance» (le Devoir, 30 octobre 2015, p. B10).

Pauvre Marivaux.

 

[Complément du 26 mars 2016]

Livraison du jour :

Madeleine Ouellette-Michalska, Jeux de hasard et de désir, Montréal, XYZ éditeur, coll. «Romanichels», 2015, 224 p.

«Jeux de l’amour et de la férocité», le Devoir, 26-27 mars 2016, p. E9.

 

[Complément du 20 juin 2019]

Encore une fois, réjouissons-nous, en quelque sorte, de la fortune de Marivaux, qui n’est pas que québécoise.

«Les jeux de hasard et d’argent», site Fabula, 2016.

«L’économie du jeu et du hasard», France Culture, 2017.

«Le jeu de l’amour et du hasard», le Devoir, 1er-2 décembre 2018.

Marie-France Bru et Bernard Bru, les Jeux de l’infini et du hasard, 2019.

Laurent Pujo-Menjouet, le Jeu de l’amour sans le hasard. Mathématiques du couple, 2019.

 

[Complément du 31 mai 2021]

Triplé du jour :

«Dépendance aux jeux de hasard et d’argent» (le Devoir, publireportage, 2-3 novembre 2019, p. A6).

«Loteries royales, les jeux de l’État et du hasard», France Culture, 14 décembre 2020.

«2Fik. Le jeu de l’amour et des avatars» (la Presse+, 31 mai 2021).

Du moratoire

L’Oreille tendue est volontiers donneuse de leçons. C’est là son moindre défaut.

Elle rêve, par exemple, d’imposer des moratoires. Elle vient de les regrouper dans une nouvelle catégorie; c’est .

La mort du chiasme, le chiasme de la mort

Colloque «Culture du pouvoir, pouvoir de la culture», 4 mars 2021, affiche

Comment reconnaître un colloque ou une publication affectés par l’esprit de sérieux ? Par son titre en chiasme.

«Arts des mondes / Mondes des arts»

«Critique de la culture, culture de la critique»

«Écriture de l’aventure et aventure de l’écriture»

«Récit de passion et passion du récit»

«L’art d’Hergé : Hergé et l’art»

Il n’est pas indispensable de perpétuer cette pratique. Merci.

P.-S. — Ce n’est pas la première fois que l’Oreille tendue déplore cette manie titrologique.

P.-P.-S. — Oui, certes, le chiasme a à avoir avec l’antimétabole.

 

[Complément du 12 octobre 2015]

Découvertes des derniers jours

Atelier «Lire les signes policiers, policer les signes»

Colloque international «Séries et dépendance / Dépendance aux séries»

Journée d’études «Littératures : passages de paroles, paroles de passages. Expériences et perspectives en didactique des langues»

Jean Delisle et Hannelore Lee-Jahnke (édit.), Enseignement de la traduction et traduction dans l’enseignement, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, coll. «Regards sur la traduction», 1998, xvi/242 p. Ill. Préface de Maurice Pergnier.

 

[Complément du 9 février 2016]

Coup double !

Lazar, Gheorghe, «Les marchands de luxe, le luxe des marchands en Europe orientale. Le cas de la Valachie (XVIIe-XVIIIe siècle)», dans Natacha Coquery et Alain Bonnet (édit.), le Commerce du luxe, le luxe du commerce. Production, exposition et circulation des objets précieux du Moyen Âge à nos jours, Paris, Éditions Mare et Martin, 2015, p. 250 et suiv.

 

[Complément du 8 avril 2016]

Sur le mode ironique, cela donne ce constat, sous la plume de Patrick Nicol : «Certains d’entre nous [les professeurs de français dans les cégeps] sont devenus de véritables obsédés, des prosélytes, des névrosés du chiasme et du parallélisme, du parallélisme et du chiasme» («Ceux de 94», l’Inconvénient, 64, printemps 2016, p. 57-59, p. 58 : https://id.erudit.org/iderudit/82372ac). [Complément du 15 octobre 2022] Nicol reprend cette phrase sans son roman J’étais juste à côté (Montréal, Le Quartanier, «série QR», 176, 2022, 192 p., p. 56).

 

[Complément du 5 mai 2016]

Récolte du jeudi

«Fascinations des images, images de la fascination»

«Libre livre et livre libre»

«Un autre Moyen Âge et le Moyen Âge des autres»

«Lettres d’Italie. Voyage de rêve, rêve de voyage»

«Désir de profilage & profilage du désir»

 

[Complément du 4 octobre 2016]

Découvertes des derniers mois

«Conflict in Discourse and Discourse in Conflict»

«Écriture des origines / Origines des écritures»

«Feeling Queer / Queer Feeling»

«Image du pouvoir et pouvoir de l’image : les représentations de la puissance dans la légende arthurienne, de l’écrit à l’écran»

«Âme d’une communauté et communautés d’âmes : spiritualités individuelles et collectives en Nouvelle-France»

«Turgot, poéticien et théoricien de l’invention : économie des discours et discours de l’économie»

 

[Complément du 8 mars 2017]

Ça ne s’arrange pas…

Signes dans les textes, textes sur les signes

«Écriture du corps / corps de l’écriture»

Écritures en folie et folies d’écriture

«La politique en ses murs : lieux de pouvoir/pouvoir des lieux. Archives, entretien avec le dessinateur Mathieu Sapin»

Conflit en discours et discours en conflit : approches linguistiques et communicatives

Histoire de l’écriture et écriture de l’H(h)istoire

«Pouvoirs du son / sons du pouvoir. Esthétique et politique du sonore»

 

[Complément du 1er novembre 2017]

En matière de chiasme académique, l’Oreille tendue vient de trouver l’âme sœur, le blogue Tête à chiasmes.

 

[Complément du 20 janvier 2018]

Brassée du samedi…

«Europe et sa mise-en-scène — La mise-en-scène d’Europ

«Des Miroirs aux Princes aux princes dans le miroir»

«Author as Editor and Editor as Author»

«Personnage en séries, séries de personnage»

«Narrations de la société. Sociétés de la narration»

«Les villes du futur. Le futur des villes»

«Les termes de l’environnement et l’environnement des termes»

«Espace du récit, récit de l’espace en contexte germanique»

«Discours en conflit et conflit en discours»

«Converting Politics into History and History into Politics»

Des traces du corps au corps-trace

Objets du désir, désir d’objets

Crise de la modernité et modernité en crise

Écriture de la violence et violence de l’écriture dans le roman congolais de la fin du XXe siècle

 

[Complément du 7 juin 2018]

La louche du jour

«Objets d’histoire et histoires d’objets : réflexions transdisciplinaires sur le prestige et sa culture matérielle dans le Golfe de Guinée entre le XIIe et le XVIIe siècle»

«Philosophie de la critique, critique de la philosophie»

Réseaux de femmes, femmes en réseaux (XVIe-XXIe siècles)

«Féminiser le numérique, numériser les femmes ?»

Métaphores de l’austérité et austérité des métaphores

«Ce que l’université fait à la création — ce que la création fait à l’université»

«Signifier pour dire, dire pour signifier»

Pour finir en beauté (pour aujourd’hui) : «Kanada in Wien, Wien in Kanada : Canada in Vienna, Vienna in Canada / Le Canada à Vienne, Vienne au Canada (Vienne)»

 

[Complément du 14 juin 2018]

Le Meilleur Dernier Roman (2018), de Claude La Charité, peint le ridicule des mœurs universitaires, jusque dans les dérives titrologiques :

Notre collègue avait noté mentalement tous les ingrédients dans le but évident de reproduire la recette lorsqu’elle recevrait des chercheurs d’outre-Atlantique pour son prochain colloque Penser le changement, changer le pansement dans la littérature de l’extrême contemporain (p. 136).

Merci.

 

[Complément du 1er novembre 2018]

Il n’y a qu’à se pencher.

Altérations des frontières, frontières des altérations : le paradoxe des espaces frontaliers dans les littératures franco-canadiennes

«Communauté de prisonniers, prisonniers de la communauté : négocier le pouvoir dans les prisons parisiennes du XVIIIe siècle»

«Bruits du pouvoir, pouvoir des bruits» (le Devoir, 21-22 juillet 2018, p. A1).

Série «Écrivains espions, espions écrivains», le Monde, été 2018.

«Adaptation(s) d’histoires et histoires d’adaptation(s) : médias, modalités sémiotiques, codes linguistiques»

«Langues de valeur et valeur des langues»

«L’art du marketing, le marketing de l’art» (le Devoir, 10 octobre 2018, p. A8).

«L’intelligence artificielle : promesses économiques ou économie de la promesse ?» (le Devoir, 20 octobre 2018)

 

[Complément du 4 mars 2019]

Ça vous manquait, n’est-ce pas ?

«Fictions d’enquête et enquêtes dans la fiction»

«Voyage poétique et poésie de voyage chez Voltaire»

Le Monde de la prostitution à Paris au XVIIIe siècle. Métier de corps, corps de métier ?

Le français : savoir de la langue et langue des savoirs

«La crise du travail, travail en crise(s)»

«Intelligence artificielle : promesses économiques ou économie de la promesse ?»

Réseaux de femmes, femmes en réseaux

«Von der Obsoleszenz der Literatur zur Literatur der Obsoleszenz ?»

 

[Complément du 18 juin 2019]

Livraison du mois

Congrès «Langues de valeur et valeur des langues»

Sade dans l’histoire. Du temps de la fiction à la fiction du temps

«De la vie dans son art, de l’art dans sa vie. Identités publiques et privées dans la correspondance d’Anny Duperey et Nina Vidrovitch»

«Vers un paysage imaginaire de Saint-Simon : questions de méthode et méthode en question»

«Cardinaux des mémoires, mémoire des Cardinaux : en guise d’Introït»

Données d’usage et usage des données

 

[Complément du 29 novembre 2019]

Je vous en sers encore une petite portion ?

«The Court in the World; The World in the Court» (International Courtly Literature Society, 2020)

«Narrations de la société / sociétés de la narration»

«Ce que fait la révolution à la rumeur, ce que la rumeur fait à la révolution»

«Prestige de la hache et haches de prestige. Production et usage des tabarzins en Iran et en Inde au XVIIIe siècle»

Le Tour de France et la France du Tour

«Traduire la performance / performer la traduction»

«Human Waste and Wasted Humans : Flotsam and Jetsam in the Anthropocene»

«Le double visage d’un charlatan des princes et prince des charlatans : Tristano Martinelli dans Lo Schiavetto de 1620 (G.B. Andreini)»

 

[Complément du 4 mars 2021]

Encore une cuillérée pour la route ?

«De la violence naturelle à la nature des violences contemporaines. Considérations sur les présupposés théoriques des fictions catastrophistes»

«Aux marges de l’imprimé, l’imprimé à la marge»

«The Translation Memoir/Translation as Memoir»

«De la musique du pouvoir aux pouvoirs de la musique : les mondes musiciens dans l’Europe des Lumières»

«L’Homme dans la révolution et la révolution dans l’Homme au 20e siècle»

«Changing Worlds, Worlds of Change : Early Modern Texts in Times of Turmoil»

Didactique de l’oral : de la recherche à la classe, de la classe à la recherche

Des Italiens au Congo aux Italiens du Congo : aspects d’une glocalité

«Le pouvoir de l’habit ou l’habit du pouvoir»

Écrivains juristes et juristes écrivains du Moyen Âge au siècle des Lumières

 

[Complément du 2 septembre 2021]

Comme on dit dans la langue de The Chair, it’s the the gift that keeps on giving.

Rêve d’écriture et écriture du rêve

«Malaise dans la culture et culture du malaise»

«Dérision de la philosophie et philosophie de la dérision dans Les Nouveaux dialogues des morts de Fontenelle»

Temps de la rêverie, rêverie du temps

«Violences de l’énonciation, énonciations de la violence dans Faire semblant c’est mentir de Dominique Goblet»

«Mise en pratique du texte et mise en texte de la pratique : les usages documentaires autour de la procession en France au XVIIIe siècle»

«L’invention du barbare sauvage et du sauvage barbare : un coup d’État sémantique contre la Révolution»

«Régimes de mémoires et mémoires de régimes. Une histoire impossible ?»

«Écriture de la douleur et douleur de l’écriture. La Vie de Françoise-Radegonde Le Noir, une mystique limougeaude des Lumières»

«Bonheur de la douleur, douleur du bonheur. Une réflexion sur l’herméneutique de la souffrance au dix-huitième siècle»

«The Pleasure of Business and the Business of Pleasure : Gender, Credit, and the South Sea Bubble»

«Corps de texte et textes du corps au sein des littératures francophones»

 

[Complément du 11 novembre 2021]

Cinq autres ? Cinq autres !

«Espaces de la littérature, littératures de l’espace»

«Dessiner la lettre, écrire le dessin»

«Dominer la nature, naturaliser les dominations»

«Le pouvoir du rire, rire du pouvoir»

«Familles en (contre-)révolution, (contre-)révolution en famille»

 

[Complément du 3 mars 2022]

Platée de mars

«Saveurs de la littérature et littérature des saveurs»

«Familles en (Contre-)Révolution. (Contre-)Révolution en famille»

«Littérature du procès, procès de la littérature»

«Recherche en création, création en recherche»

«Histoire du théâtre et théâtre de l’Histoire»

«De la fabrique du patrimoine littéraire à la fabrique littéraire des patrimoines»

«L’imaginaire de l’écran à l’écrit, de l’écrit à l’écran»

 

[Complément du 18 septembre 2022]

L’été ne serait pas complet sans une nouvelle vendange.

«L’imprimé à l’université : l’université à l’imprimé»

Artistes-chercheur·es, chercheur·es-artistes. Performer les savoirs

«Esthétique de l’excès et excès de l’esthétique»

«Prothèses de langue et langue de prothèse»

«Images du pouvoir et pouvoir de l’image»

«Circulations dans les Afriques, Afrique en circulation»

«Silence de la parole et parole du silence»

«Filmer le droit, le droit filmé»

«Le pouvoir de la mécanique et la mécanique du pouvoir»

«Sombre patrimoine, patrimoine sombre»

The Form of Ideology and the Ideology of Form

«Honneur de femme et femme d’honneur en France à la fin du Moyen Âge»

 

[Complément du 7 décembre 2022]

Puisque vous avez été sages, ceci, pour vos étrennes :

«“Le pouvoir du silence et le silence du pouvoir.» Comment interpréter le discours politique»

«Silence de la parole et parole du silence»

«Queer as art / Art as queer : Pratiques et méthodologies queer : bilan et perspectives ?»

«La culture de l’inceste et l’inceste dans la culture»

«Filmer le droit — Le droit filmé»

«Collectionner les traces et tracer les collections dans les aires hispaniques et hispano-américaines des XIXe-XXIe siècles»

«Guerres de la Révolution, révolution de la guerre, révolution de l’histoire de la guerre»

«Point de république sans démocratie, point de démocratie sans république ou l’apport de Bernard Gainot aux études sur les révolutions politiques de la fin du XVIIIe?siècle»

«Jeux de langage et polyphonie. Grammaire d’un récit, récit d’une grammaire»

«Pouvoir de l’influence ou influence du pouvoir ? Le cas de l’émission #SansFiltre sur Twitch et YouTube»

«Mémoire de l’œuvre / Œuvre de mémoire»

 

[Complément du 18 mai 2023]

Vous êtes en manque ? Réglons cela.

«L’atelier : espace de création, création d’espace(s)»

«Mo(r)ts en guerre et guerre des mo(r)ts»

«Jeu en littérature, littérature en jeu»

«Littérature dans la révolution et révolution dans la littérature : écritures du politique en Amérique Latine»

Images de l’avenir et avenir des images

Littérature de l’altérité, altérités de la littérature

«Le féminin errant / l’errant féminin»

«L’art de la langue / la langue de l’art : normes et transgressions»

«Vies de modèle, modèles de vie»

«La chanson de geste aux frontières, aux frontières de la chanson de geste»

«Football de l’Empire, empire du football»

 

[Complément du 22 décembre 2023]

Puisque vous avez continué à être sages, voici vos étrennes de fin d’année.

«Usages de l’interprétation, interprétations de l’usage»

«Famille(s) maudite(s), maudite(s) famille(s) : formes politiques et poétiques (Ottawa)»

Poétique du drame, drame du poétique

Création des espaces et espaces de la création. Les formes de mémoires des lieux littéraires et artistiques en Italie, Espagne et Provence

«Del relato de la batalla… a la batalla por el relato. Narraciones sociales y culturales en torno al terrorismo de ETA»

«Nouveaux savoirs du monde / Savoirs du Nouveau Monde : encyclopédisme, processus de traduction et réorganisations du savoir au siècle des Lumières»

«Politique de la critique, critique de la politique. Être universitaire et intellectuel en postcolonie»

«Représentations de la marginalité, marginalités en représentation : marges et pouvoir (XVIIe-XXe siècles)»

«Fictions du complot et complots de la fiction»

De Gaulle Vs. Churchill. Mémoires de Guerres, Guerre des Mémoires

Littérature des saveurs, saveurs de la littérature

«L’art de la langue / la langue de l’art : normes et transgressions»

«Littérature morale et morale de la littérature : l’envers du pouvoir thérapeutique de l’écriture»

Littérature du procès, procès de la littérature

Enjeux de pouvoir, pouvoir en jeu. Positionnements de la littérature belge de langue française (XXe-XXIe s.)

«Figures pratiques et pratiques de la figure. Contribution à une sémiotique transversale des stars»

 

[Complément du 20 mars 2024]

Ceci, magnifique, sur Twitter :

I imagined an academic couple who published pairs of books where the title of one is a chiasmus for the other, as in Dr. A publishes « The Rhetoric of Infrastructure, » and Dr. B publishes « The Infrastructure of Rhetoric, » and I am mad at the thing I imagined.

Traduction (partielle) libre : Imaginons un couple de professeurs pratiquant le chiasme. A. publie la Rhétorique de l’infrastructure, et B., l’Infrastructure de la rhétorique.

 

Référence

La Charité, Claude, le Meilleur Dernier Roman, Longueuil, L’instant même, 2018, 177 p. Ill.

Proposition de moratoire du mercredi matin

L’Oreille tendue, ces jours-ci, travaille sur l’image contemporaine du XVIIIe siècle. Que représentent les Lumières au XXe et au XXIe siècle ?

Par ailleurs, l’Oreille a déjà proposé de mettre un terme à l’utilisation de certains titres (c’est ici).

Or elle tombe, dans ses dossiers sur l’Ancien Régime, sur les titres suivants :

«Grèce. Les liaisons dangereuses entre oligarques et politiques» (le Devoir, 11 juillet 2015, p. B2).

«FTQ-PQ : Les liaisons dangereuses» (la Presse, 27 janvier 2014, p. A6).

«Les liaisons dangereuses de François Hollande» (le Devoir, 20 janvier 2014, p. B6).

«Liaisons dangereuses dans la construction» (le Devoir, 26 septembre 2012, p. A1).

Et si on laissait Laclos tranquille ?

 

[Complément du jour]

En première page de Libération du jour, ceci !

Libération, 19 août 2015, en une

 

[Complément du 2 novembre 2016]

Nouvelle récolte :

«Crime organisé. Les liaisons dangereuses entre criminalistes et criminels» (la Presse+, 20 novembre 2015).

«Dopage. Les liaisons dangereuses», le Devoir, 11 novembre 2015, p. B6.

«Exhibition | Dangerous Liaisons : The Art of the French Rococo», blogue Enfilade, 6 novembre 2015.

Le Coq-Heron, 222, 2015 : «Psychanalyse et Science, les liaisons dangereuses.»

«Police et médias : les liaisons dangereuses» (la Presse+, 2 novembre 2016).

 

[Complément du 13 juillet 2017]

Au singulier, ce n’est guère mieux, quoi qu’en pense la Presse+ du 13 juillet 2017.

«Liaison dangereuse», la Presse+, 13 juillet 2017

 

[Complément du 3 février 2018]

Continuons la récolte.

 

Titre de la Presse+, 3 février 2018

Com & politique. Les liaisons dangereuses ? 10 questions pour comprendre la communication politique, Paris, Éditions Arkhê, coll. «Tête chercheuse», 2017, 202 p.

«Plateformes vs. éditeurs : les liaisons dangereuses», site Méta-média, 4 avril 2017.

«Les liaisons dangereuses», le Devoir, 27 avril 2017, p. A3.

 

Titre de la Presse+, 1er juin 2017

 

[Complément du 5 février 2019]

Au singulier comme au pluriel, le Journal de Montréal s’y met à son tour.

Liaison(s) dangereuse(s) dans le Journal de Montréal

 

[Complément du 15 février 2019]

Merci qui ? Merci la Presse+ du jour.

«Les liaisons dangereuses de Bernier», la Presse+, 15 février 2019

 

[Complément du 18 février 2020]

Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

«Etats-Unis. Liaisons dangereuses. Les relations de Donald Trump avec les Russes deviennent indéniables», le Devoir, 11 décembre 2018, p. B2.

«Liaisons dangereuses au Vénézuela» (le Blogue de Richard Hétu).

«Liaisons dangereuses» (la Presse+, 6 juillet 2018), sur des allégations d’inconduite sexuelle à l’Université McGill.

«Liaisons dangereuses entre industriels et hôpitaux» (Twitter).

«Démocratie et populisme. Des liaisons dangereuses ?»

Félicitons, en revanche, ceux qui reprennent le titre avec humour.

Les Lésions dangereuses

 

[Complément du 22 juin 2022]

Je vous en remets une petite louche ?

«Démocratie et populisme : des liaisons dangereuses ?» (Twitter)

«Presse et élections. Les liaisons dangereuses» (Rétro News, 2, janvier 2022)

Alain Brossat et Daniele Lorenzini (édit.), Foucault et… Les liaisons dangereuses de Michel Foucault, Paris, Vrin, 2021, 256 p.

«Les amitiés dangereuses» (le Devoir, le D magazine, 29 février-mars 2020, p. 40)

«“Un parrain à la Maison-Blanche” : comme des liaisons dangereuses» (le Devoir, 13 juillet 2020)

«Zoonoses ou les liaisons dangereuses : la rage» (le Blog Gallica, 23 avril 2021)

Laurent Tigrane Tovmassian et Christophe Janssen (édit.), Cadre clinique et tendresse. Des liaisons dangeureuses ?, Paris, Éditions In Press, coll. «Ouvertures psy», 2022, 256 p.

Changez-en

Un collègue de l’Oreille tendue, Pierre Popovic, le dit depuis des années : en études littéraires, il faudrait cesser de parler inconsidérément de posture.

Deux exemples lus ces jours-ci ?

Dans le plus récent numéro de la revue Liberté (306, hiver 2015) — par ailleurs excellent —, l’une parle de «non-posture» (p. 46), l’autre de «posture temporelle singulière» (p. 55).

On crée un moratoire ?

P.-S. — Un de ces jours, l’Oreille ajoutera le mot posture ici.

 

[Complément du jour]

Dès le 21 août 2011, Pierre Assouline moquait les «experts en posturologie». (Merci à @revi_redac pour le lien.)

 

[Complément du 29 avril 2016]

La presse généraliste commence itou à se méfier du mot, guillemets à l’appui : «Est-ce qu’on peut dire ça sans que ce soit une “posture” ?» écrit Yves Boisvert dans la Presse+ du jour.

Oui, méfions-nous.

 

[Complément du 14 juillet 2016]

Annonce de colloque du jour : «Féministe et étudiant.e : une posture engagée

 

[Complément du 1er décembre 2016]

L’État français s’y met. (Merci à @cgenin.)

Message de Vigipirate (France)

[Complément du 12 décembre 2016]

Julien Clerc s’y met. Il vouvoie sa (jeune) compagne ? s’interroge Paris Match. Réponse : «C’est venu comme ça et c’est naturel désormais. Mais je comprends que cela soit difficile à croire, que l’on puisse y voir une posture.»

 

[Complément du 24 septembre 2017]

La posture serait-elle un siège ?

 

[Complément du 16 décembre 2017]

C’était couru : les romanciers s’y sont mis, par exemple David Turgeon, dans le Continent de plastique (2016). Parfois, posture et position sont en concurrence : «Il n’y avait bien qu’une poignée d’aigris pour lui reprocher sa posture… sa position peut-être un brin hégémonique» (éd. de 2017, p. 14). À d’autres moments, on attendrait l’un et on a l’autre : «Toute cette saison-là j’appréhendai d’entrer dans une librairie : je savais que le livre de mon rival y serait, et en bonne posture […]» (p. 50); «Il s’était placé en posture d’attente» (p. 168). Des heures de plaisir.

 

[Complément du 8 octobre 2018]

Extrait d’un entretien, paru en 2011, entre David Martens et Jérôme Meizoz :

«D. M. — Dans le détour par lequel tu passes avant de répondre à cette première question, tu évoques le “puissant effet agrégatif” du concept de posture “sur les recherches consacrées à la figure d’auteur”, et tu considères que cela “suscit[e] une forme d’engouement presque dérangeant”. Peux-tu nous en dire plus sur ce qui te paraît dérangeant dans cet engouement ?

J. M. — D’abord, je ne peux que me réjouir d’un engouement de pas mal de chercheurs, au Québec et en Belgique, par exemple, pour ce que permet la notion de posture d’auteur. Cela signifie pour moi que les nouvelles recherches sur l’auteur, après une éclipse au temps du structuralisme, disposent désormais de bons outils pour penser l’articulation entre un sujet biographique (une personne civile), un rôle social (un écrivain) et un énonciateur textuel. Cela est dû à la conjonction progressive de recherches d’horizons divers et donc d’un véritable effet interdisciplinaire : notamment, les travaux de Ruth Amossy sur l’ethos (2010), ceux de Dominique Maingueneau sur la scénographie (2004) et les miens sur la posture d’auteur ont permis un véritable dialogue, très fécond, entre nos points de vue de chercheurs. Ceci dit, l’engouement peut conduire à un usage tous azimuts de la notion de posture (elle-même coûteuse à distinguer d’un terme du langage courant, par exemple dans le journalisme, “la posture agressive de Sarkozy”, etc.) qui risque d’affaiblir ses usages techniques précis. Je pense aussi à la notion de “champ” chez Pierre Bourdieu, qui apparaît à la fin des années 1960. Des les années 1990, tout le monde se met à voir des “champs” partout et n’importe quel enseignant d’histoire littéraire dit aujourd’hui “le champ littéraire” là où il  aurait dit, il y a trente ans, la vie littéraire ou le milieu littéraire. Or, on ne change pas une conception de la pratique littéraire avec un seul mot. Si l’ancienne conception demeure au-dessous de termes nouveaux, c’est raté. L’effet heuristique du “champ” ou de la “posture” n’est plein que lorsque toute la conception sous-tendue par la notion est investie dans l’analyse. À cause de ces effets de mode verbale, je crains que le mot “posture” ne serve bientôt à désigner tout et n’importe quoi, c’est-à-dire, d’un point de vue épistémique, rien» (p. 203).

En effet.

 

Références

«La fabrique d’une notion. Entretien avec Jérôme Meizoz au sujet du concept de “posture”. Propos recueillis par David Martens», Interférences littéraires / Literaire Interferenties, 6, mai 2011, p. 199-212. http://www.interferenceslitteraires.be/index.php/illi/article/view/606/474

Turgeon, David, le Continent de plastique. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Écho», 16, 2017, 298 p. Édition originale : 2016.