Belle, malgré

Tristan Saule, Et puis on aura vu la mer, 2024, couverture

«Olga est d’un blond surnaturel, presque blanc. Ses lèvres sont épaisses, gonflées par la chimie, peintes de vieux rose. Sa peau tirée et bronzée fait l’effet d’un cuir mal tendu, lâche par endroits. Malgré les agressions de la chirurgie, elle est belle, d’une beauté qu’on devine derrière les tentatives de la préserver.»

Tristan Saule [pseudonyme de Grégoire Courtois], Et puis on aura vu la mer. Roman. Chroniques de la place carrée. IV, Montréal, Le Quartanier, coll. «Parallèle», 05, 2024, 341 p., p. 10.

 

P.-S.—L’Oreille tendue apprécie fort le travail de cet auteur. Voir ceci, par exemple.

Portrait coloré du jour

Colson Whitehead, Crook Manifesto, 2023, couverture

«The flamboyant quotient in Harlem was at a record high these days [au début des années 1970], thanks to manufacturing innovations in the synthetic-material sector, new liberal opinions vis-à-vis the hues question, and the courageousness of the younger generation. The line between the stylish and pimpified was unstable, ill-defined, but everybody was having too much fun to complain. The men on the corner were pimps, no doubt, given the warm night and the superfluous layers. The taller one wore a purple suit with silver piping, and a white, spangled broad-brimmed hat. His companion’s long black leather trench coat draped on his shoulders like a cape. The tiger-fur pattern on his shirt and red, white, and blue cowboy hat created a macabre circus effect.»

Colson Whitehead, Crook Manifesto. A Novel, New York, Doubleday, 2023, 319 p., p. 73.

Portrait cruel du jour

Hernan Diaz, Trust, éd. de 2023, couverture

«A few stagnant years went by, during which he made halfhearted attempts at starting different collections (coins, china, friends), dabbled in hypochondria, tried to develop an enthusiasm for horses, and failed to become a dandy.»

Hernan Diaz, Trust, New York, Riverhead Books, 2023, 402 p., p. 12. Édition originale : 2022.

 

P.-S.—En effet : «pièces, porcelaine, amis», ça sonne un peu comme un zeugme.

Autoportrait par personne interposée

Simon Brousseau, Chaque blessure est une promesse, 2023, couverture

«Mon père, je lui ressemble beaucoup. J’ai son impatience, son désir de garder le contrôle, le même œil de feu dans la conversation. Comme lui, je sacre de manière ostentatoire quand j’installe un plafonnier ou quand je répare un robinet. J’aime faire un spectacle de mes moindres contrariétés et je ne triomphe qu’après avoir longtemps bougonné, ce qui laisse souvent croire à Laurence que je me trouve dans une situation catastrophique alors qu’en réalité mon seul ennemi est un boulon récalcitrant.»

Simon Brousseau, Chaque blessure est une promesse, Montréal, Héliotrope, 2023, 209 p., p. 30.