Fil de presse 021

Logo, Charles Malo Melançon, mars 2021

Quelques publications récentes sur la langue, à l’infinitif.

Comprendre

L’Orthographe rectifiée. Le guide pour tout comprendre. Présenté par Bernard Cerquiglini, Paris, Le Monde et Librio, 2016.

Compter

Maurer, Bruno (édit.), Mesurer la francophonie et identifier les francophones. Inventaire critique des sources et des méthodes. Document élaboré dans le cadre du 2e Séminaire international sur les méthodologies d’observation de la langue française, octobre 2014, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2016, 221 p. Ill.

Éprouver

Harchi, Kaoutar, Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne. Des écrivains à l’épreuve, Paris, Pauvert, 2016, 306 p. Préface de Jean-Louis Fabiani.

Étudier

Melançon, Benoît, «Un roman, ses langues. Prolégomènes», Études françaises, 52, 2, 2016, p. 105-118. https://doi.org/10.7202/1036927ar

Féminiser

Viennot, Éliane (édit.), l’Académie contre la langue française. Le dossier «féminisation», Donnemarie-Dontilly, Éditions iXe, 2016, 224 p.

Parler (à Montréal)

Cahiers internationaux de sociolinguistique, 10, 2016, 258 p. Dossier «Du local au global. Pratiques et idéologies linguistiques en contexte montréalais» dirigé par Hélène Blondeau et Wim Remysen.

Philosopher

Parmentier, Marc, le Vocabulaire de Locke, Paris, Ellipses marketing, coll. «Le vocabulaire», 2016, 72 p.

Reconquérir

Bérubé, Harold et Olivier Lemieux, «“Un petit examen de conscience” : Joseph-Papin Archambault et la reconquête linguistique de Montréal (1912-1922)», Bulletin d’histoire politique, 2016. Extrait : https://haroldberube.com/2016/05/19/un-petit-examen-de-conscience-joseph-papin-archambault-et-la-reconquete-linguistique-de-montreal-1912-1922-2/

Répertorier

Vígh, Árpád, le Bon Usage des québécismes. Analyse historique et stylistique de la langue littéraire avant 1960, Pécs (Hongrie), Éd. Imea, 2015, 1029 p.

Rire

Fripiat, Bernard, Au commencement était le verbe… ensuite vint l’orthographe, Paris, Seuil, coll. «Points. Le goût des mots», 2016, 256 p. Édition originale : 2015. Site : http://www.orthogaffe.com/

Voguer

Calvet, Louis-Jean, la Méditerranée. Mer de nos langues, Paris, CNRS éditions, 2016, 327 p.

Autopromotion 256

Publicité pour les télévisions Motorola avec Maurice Richard, octobre 1966

L’Oreille tendue s’intéresse depuis plusieurs années, du point de vue de l’histoire culturelle, au personnage de Maurice Richard — c’est du hockey.

À 22 h ce soir, sur la chaîne Historia, à l’émission l’Amérique de Michel Barrette, en compagnie de l’ancien entraîneur Michel Bergeron, elle en parlera de nouveau. Pour l’horaire des nombreuses rediffusions, on clique ici (première saison, deuxième épisode).

 

Référence

Melançon, Benoît, les Yeux de Maurice Richard. Une histoire culturelle, Montréal, Fides, 2006, 279 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Nouvelle édition, revue et augmentée : Montréal, Fides, 2008, 312 p. 18 illustrations en couleurs; 24 illustrations en noir et blanc. Préface d’Antoine Del Busso. Traduction : The Rocket. A Cultural History of Maurice Richard, Vancouver, Toronto et Berkeley, Greystone Books, D&M Publishers Inc., 2009, 304 p. 26 illustrations en couleurs; 27 illustrations en noir et blanc. Traduction de Fred A. Reed. Préface de Roy MacGregor. Postface de Jean Béliveau. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2012, 312 p. 42 illustrations en noir et blanc. Préface de Guylaine Girard.

Les Yeux de Maurice Richard, édition de 2012, couverture

Accouplements 71

Patin

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Le 28 août et le 4 septembre, Serge Bouchard et Jean-Philippe Pleau ont consacré deux livraisons de leur émission radiophonique C’est fou… (Société Radio-Canada, Montréal) au thème du silence.

Il y a vingt ans, un ami de l’Oreille tendue, Michel Porret, publiait un texte passionnant sur la représentation du silence dans la bande dessinée, en particulier chez Hergé.

À écouter et à lire.

P.-S. — Il arrive aussi à l’Oreille de réclamer du silence. Cela se passe souvent quand elle est en patins.

 

Référence

Porret, Michel, «Tintin au pays du tintamarre. Bruits et silences de la ligne claire», Équinoxe. Revue romande de sciences humaines, 14, automne 1995, p. 187-204. Ill.

 

[Complément du 23 novembre 2021]

Texte repris dans Michel Porret, Objectif Hergé. «Tintin, voilà des années que je lis tes aventures», Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Champ libre», 2021, 160 p. Ill.

Michel Porret, Objectif Hergé, 2021, couverture

Du temps où l’Oreille s’envoyait en l’air

Trampoline domestique, avec béquille

 

Les habitués de l’Oreille tendue auront peut-être du mal à se représenter la chose : la voir sauter sur un «engin de gymnastique composé d’une toile tendue à une certaine hauteur du sol et fixée par des ressorts à un cadre métallique» (le Petit Robert, édition numérique de 2014). Pourtant, cela est arrivé — il y a huit lustres au moins.

À cette époque-là, dans les cours d’éducation physique du Québec, on faisait de la trampoline. C’est encore le genre féminin que retient la Presse+ d’aujourd’hui en titre — «La trampoline, un “sport dangereux”» —, mais, dans le texte, il y a aussi «du trampoline», «un trampoline», «le trampoline»; ça fait désordre.

Cette confusion s’explique. On entend beaucoup dire au Québec depuis quelques années qu’il faudrait dire le trampoline. C’est d’ailleurs ce genre qui apparaît dans l’article du Petit Robert cité ci-dessus.

L’Office québécois de la langue française, dans son Grand dictionnaire terminologique, aborde cette délicate question :

Le genre féminin est courant en français québécois (faire de la trampoline); le masculin commence toutefois à entrer dans l’usage par la voie des médias. Il est possible que le féminin enregistré dans le Supplément du Quillet (1971) ainsi que dans le Grand Robert (1985), et encore dans son édition plus récente, ait pu refléter une certaine hésitation quant au genre à donner à cet emprunt à l’anglais trampoline qui ne remonte qu’au début des années soixante. Le terme s’emploie cependant au masculin dans l’usage actuel en France.

Bref : le féminin est «courant» au Québec et il est «enregistré» dans au moins deux dictionnaires français. L’«usage actuel» serait au masculin en France. Voilà qui expliquerait «une certaine hésitation», notamment celle des «médias» — et indubitablement celle de la Presse+.

Une chose est sûre : si l’Oreille a déjà pratiqué la trampoline, elle n’a pas l’intention, dans un avenir proche, de se mettre au trampoline. Ce n’est plus de son âge.

P.-S.—Trampoline fait partie de ces mots qui changent parfois de genre en traversant l’Atlantique.

P.-P.-S.—Il existe — c’était prévisible — une version extrême de cette activité : «Le centre de trampoline extrême iSaute se lance à la conquête du Québec» (le Devoir, 27 décembre 2013, p. B1).

 

[Complément du jour]

En matière de genre, la Presse+ et le site lapresse.ca ne s’entendent pas.

Le genre de «trampoline» selon la Presse+ et lapresse.ca

 

Un correspondant belge de l’Oreille tendue est formel : «Ben moi, tout en étant de “ce” côté de l’Atlantique, j’ai toujours dit “la trampoline”, sans jamais en avoir fait.»

 

[Complément du 5 mai 2018]

Depuis quelques jours, l’OQLF fait beaucoup parler de lui. Dans une note qu’il vient de publier au sujet du genre du mot trampoline, il accepte, pour le Québec, le féminin : «Puisqu’il est possible d’utiliser trampoline au masculin ou au féminin, il revient aux locuteurs et aux locutrices d’opter pour l’usage qui leur convient et qui leur semble le plus adapté au contexte dans lequel le mot est utilisé.» L’Office a donc modifié la fiche consacrée à ce mot. C’est le correspondant belge de l’Oreille tendue qui sera content.

Rappel périodique

Libération, une du jeudi 15 janvier 2015

L’Oreille tendue a parfois des fréquentations qui l’étonnent elle-même. Ainsi, un ami à elle, pas plus tard que la semaine dernière, lui apprenait que Jean-Jacques Goldman, dans un duo avec Céline Dion, «J’irai où tu iras» (1995), chantait «Tes mots tes tabernacles et ta langue d’ici». (Tous les dégoûts musicaux sont dans la nature.)

L’Oreille en profite pour rappeler à son aimable clientèle non autochtone que l’on ne prononce jamais tabernacle, mais tabarnak / tabarnaque / tabarnac.

Ne suivez donc pas Charles Foran dans sa biographie de Maurice Richard — c’est du hockey (2011, p. 152) —, ni la une de Libération du jeudi 15 janvier 2015, ni l’adaptation de The Sopranos, ni Géraldine Wœssner dans Ils sont fous, ces Québécois ! (2010), ni le «rap-musette» intitulé «Mots dits français» (2009).

Il existe un blogue qui regroupe les impairs hexagonaux de cette nature. Suivez plutôt Tabernacle ! Vous y apprendrez quoi ne pas faire.

P.-S.—Les habitués de l’Oreille tendue se souviendront d’une bande dessinée française de 1961 qui avait malencontreusement utilisé tabernacle.

P.-P.-S.—L’Oreille tendue a un faible pour ce juron d’inspiration religieuse. Elle en a par exemple parlé à la radio de Radio-Canada en 2013.

 

Références

Foran, Charles, Maurice Richard, Toronto, Penguin Canada, coll. «Extraordinary Canadians», 2011, xiii/166 p. Introduction de John Ralston Saul.

Wœssner, Géraldine, Ils sont fous, ces Québécois ! Chroniques insolites et insolentes d’un Québec méconnu, Paris, Éditions du moment, 2010, 295 p.