Autopromotion 399

Portrait de Jackie Robinson par Charles Malo Melançon

L’Oreille tendue aime beaucoup écrire sur Jackie Robinson (voyez ici, par exemple).

Ce soir, elle parlera de lui à la radio de Radio-Canada, au micro de Jacques Beauchamp, à l’émission Aujourd’hui l’histoire. C’est à 20 h.

Illustration : Charles Malo Melançon

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

De bon ou de mauvais fil

Françoise Major, le Nombril de la lune, 2018, couverture

S’agissant des états (d’âme) des êtres animés, le français de référence connaît l’expression filer un mauvais coton : «être dans une situation dangereuse (au physique : santé; ou au moral : situation, réputation)» (le Petit Robert, édition numérique de 2014).

Le français du Québec, influencé par l’anglais, utilise beaucoup le verbe filer, avec un adverbe ou un attribut — «Et quand ça ne filera pas, je serai là, tout près» (Revers, p. 112); «Si j’avais pas filé aussi mal après avoir dit ça, j’aurais été pas mal fière d’avoir atteint mon but» (Et au pire, on se mariera, p. 70); «je filais tellement seul» (Chercher Sam, p. 14) — ou avec un complément introduit par comme — «Ils filent comme un condamné qui aurait vomi son dernier repas» (Chercher Sam, p. 95).

La proximité avec l’anglais to feel est évidente dans la nouvelle «Panem et circenses» de Françoise Major : «Il devait feeler content d’être là […]» (le Nombril de la lune, p. 152).

 

Références

Bienvenu, Sophie, Et au pire, on se mariera. Récit, Montréal, La mèche, 2011, 151 p.

Bienvenu, Sophie, Chercher Sam. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2014, 169 p.

Huglo, Marie-Pascale, Revers, Québec, L’instant même, 1998, 142 p.

Major, Françoise, le Nombril de la lune. Nouvelles, Montréal, Le Cheval d’août, 2018, 276 p.

La clinique des phrases (dd)

La clinique des phrases, logo, 2020, Charles Malo Melançon

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

Symbole parmi d’autres d’une littérature québécoise aux prises avec de graves problèmes d’amnésie, Jacques Benoit se garde pourtant de s’abreuver au ruisseau empoisonné de l’amertume.

Rendons-la moins jolie :

Symbole parmi d’autres d’une littérature québécoise aux prises avec de graves problèmes d’amnésie, Jacques Benoit n’est pourtant pas amer.

À votre service.

Les zeugmes du dimanche matin et de Jo Nesbø

Jo Nesbø, Macbeth, 2018, couverture«Certains avaient affirmé qu’il était mort, d’autres qu’il s’était enfui à l’étranger, qu’il avait changé d’identité et coupé ses nattes claires, pour savourer sa vieillesse et ses cigarillos tout fins sur une terrasse en Argentine» (p. 14).

«Duff soupira. Qu’est-ce qu’elles voulaient, ces femmes ? Avaient-elles toutes besoin de le lier pieds et poings, de l’attacher aux montants du lit, de le nourrir dans la cuisine pour pouvoir traire son portefeuille et ses testicules afin de le noyer sous la progéniture et la mauvaise conscience ?» (p. 146)

«Andrianov eut le temps de tendre le bras vers le pistolet avant que sa vie et son raisonnement soient interrompus par la balle qui pénétra son front, son cerveau et le dossier du fauteuil pour ne s’arrêter qu’en rencontrant le mur au papier peint à fils d’or que Lady avait acheté à Paris pour une somme exorbitante» (p. 176).

Jo Nesbø, Macbeth, Paris, Gallimard, coll. «Série noire», 2018, 617 p. Traduction de Céline Romand-Monnier.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)