Les cendres de René Lévesque

Cendrier et cigarettes, Musée de la civilisation, Québec, 19 février 2023

Il y a plusieurs lustres, l’Oreille tendue a visité le pavillon de Flaubert à Croisset; elle a raconté son expérience ici.

Hier, elle était au Musée de la civilisation à Québec. Elle y a vu trois expositions : le Temps des pharaons; Ô merde !; René et Lévesque.

Dans la troisième, on ne cesse de rappeler que l’ancien premier ministre du Québec fumait beaucoup. Pour être bien sûr que le public a compris, l’exposition donnait à voir plusieurs «articles de fumeur», comme on dit en nos contrées : cigarettes, paquets de cigarettes, et deux cendriers, dont au moins un n’a strictement rien à voir avec Lévesque.

Un verre de «poète», c’est beaucoup; deux cendriers de premier ministre, c’est trop.

Le zeugme du dimanche matin et de Jorge Semprún

Jorge Semprún, l’Écriture ou la vie, 1994, couverture

«Pourtant, malgré la buée méphitique et l’odeur pestilentielle qui embrumaient constamment le bâtiment, les latrines du Petit Camp étaient un endroit convivial, une sorte de refuge où retrouver des compatriotes, des copains de quartier ou de maquis : un lieu où échanger des nouvelles, quelques brins de tabac, des souvenirs, des rires, un peu d’espoir : de la vie, en somme.»

Jorge Semprún, l’Écriture ou la vie, Paris, Gallimard, 1994, 328 p., p. 49.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Colson Whitehead

Colson Whitehead, Harlem Shuffle, 2023, traduction française, couverture

«La jeune femme but une gorgée, pencha la tête et tendit l’oreille au laïus de Carney, ou peut-être à la créature dans son ventre.»

Colson Whitehead, Harlem Shuffle, Paris, Albin Michel, 2023. Traduction de Charles Recoursé. Édition numérique.

 

En anglais : «She drank from the glass, cocked her head, and listened thoughtfully, to Carney’s pitch or the creature in her womb.»

Colson Whitehead, Harlem Shuffle, New York, Bond Street Books, 2022. Édition numérique.

Accouplements 202

(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

En 2012, pendant les grèves étudiantes, la façade du siège social d’Hydro-Québec, à Montréal, avait arboré un message d’appui à leur cause : «Les étudiants, ici, / on en a rien / à crisser !»

Façade de l’édifice d’Hydro-Québec, 2012

L’Oreille tendue a déjà évoqué cet épisode du Printemps érable par là, tant l’absence de négation que la présence d’un juron, crisser.

Rebelote hier soir. Des opposants à la transformation d’un édifice montréalais en hôtel y ont projeté un message, sacre à l’appui : «Des CPE câlisse.»

Façade du 1, Van Horne, Montréal, 16 février 2023

Il est incontestable qu’il s’agit d’édifices québécois.

 

(Merci à @noradelamontagn pour la photo.)

 

P.-S.—En effet, ce n’est pas la première fois que l’Oreille parle de murs; voyez ceci.

Autopromotion 688

«Dessein», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1763, planche XXVI

La 550e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 64 408 titres.

Illustration : «Dessein», deuxième volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1763, planche XXVI