Accouplements 245

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(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Lisons Andrée Lévesque : «À l’auberge, lieu de sociabilité masculine, il a consommé du rhum, du gin, du brandy, des spiritueux (de “l’esprit”) ainsi que de la nourriture — des crackers — et un peu de tabac» (p. 128).

Lisons Wikipédia : «Les courts métrages de Wallace et Gromit racontent les aventures rocambolesques d’un inventeur génial amateur de crackers et de fromage (Wallace) et de son chien intelligent (Gromit).» Les amateurs le savent : en français, Wallace prononce «craquèrss».

 

Illustration : logo de Wallace & Gromit, photo déposée sur Wikimedia Commons

 

Référence

Lévesque, Andrée, les Filles de Jeanne. Histoires de vies anonymes, 1658-1915, Montréal, Édition du remue-ménage, 2024, 246 p. Ill.

Accouplements 244

Mordecai Richler, Barney’s Version, 1997, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Mickey Haller, le héros de la série télévisée The Lincoln Lawyer, a été marié deux fois. Quand ses ex l’appellent, il est facile de les départager : c’est soit «First Wife», soit «Second Wife», qui s’affiche sur l’écran de son téléphone.

Barney Panofsky, le narrateur du fabuleux roman Barney’s Version de Mordecai Richler, a été marié trois fois. Sa deuxième femme s’appelle «the second Mrs. Panofsky».

Ces deux cas sont légèrement différents. Dans la série télévisée, sauf pour l’ordre (première, deuxième), les épouses de Mickey Haller sont sur le même pied : elles n’ont pas de nom (téléphonique). Chez Richler, Clara Charnofsky (la première) et Miriam Greenberg (la troisième) ont un nom, pas «the second Mrs. Panofsky». Ce n’était peut-être pas sa préférée.

P.-S.—Ne l’oublions pas : la mère de «the second Mrs. Panofsky» n’aime pas qu’on siffle à table.

 

Référence

Richler, Mordecai, Barney’s Version. With Footnotes and an Afterword by Michael Panofsky, Toronto, Alfred A. Knopf, 1997, 417 p. Paru en français sous le titre le Monde de Barney. Accompagné de notes et d’une postface de Michael Panofsky, Paris, Albin Michel, coll. «Les grandes traductions», 1999, 556 p., traduction de Bernard Cohen. Édition originale : 1997.

Accouplements 243

François Blais, la Classe de madame Valérie, 2013, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Pierssens, Michel, «La Nuit transfigurée», Liberté, 169 (29 : 1), février 1987, p. 82-84. https://id.erudit.org/iderudit/31116ac

«André [Belleau] redoutait tout ce qui pouvait isoler les intellectuels et les écrivains d’ici des intellectuels et des écrivains d’ailleurs — obstacles souvent minimes mais qu’il percevait comme des butées incontournables de l’histoire dont il faisait partie. C’est ainsi qu’il pouvait, après telle conversation sur les pouvoirs de notre langue, s’interrompre pour me dire avec tristesse qu’un Français ne comprendrait jamais le plaisir et l’étonnement qu’il avait à employer parfois un imparfait du subjonctif» (p. 83).

Blais, François, la Classe de madame Valérie. Roman, Québec, L’instant même, 2013, 400 p. Édition numérique.

«La température avait chuté sensiblement depuis la mi-octobre, il avait même neigé la semaine dernière. D’ici quelques jours, il serait obligé de remiser son BMX pour l’hiver, et il n’aurait alors plus d’alibi pour traîner près de la clôture en sortant de l’école. Il préférait ne pas y penser pour le moment. Comme d’habitude, il fut tenté de la suivre, mais comme d’habitude il se retint. Il eût suffi qu’elle se retournât et qu’elle le vît, roulant lentement à vingt mètres derrière elle, pour tout comprendre. Il eût suffi que leurs regards se croisassent, même de loin, pour qu’elle devinât ses sentiments, et il eût alors été impossible pour Philippe de se présenter à l’école le lendemain. Allez expliquer cela à vos parents. “Papa, maman, je dois changer d’école (à la rigueur ne plus y aller du tout), car la fille que j’aime sait que je l’aime.”»

Accouplements 242

Henning Mankell, les Bottes suédoises, 2017, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Si l’on en croit le folklore familial de l’Oreille tendue, son grand-père maternel, au moins une fois, aurait téléphoné à sa fille pour lui dire simplement «T’es pas morte toé crisse», avant de raccrocher.

C’est à eux que l’Oreille a pensé en lisant les Bottes suédoises d’Henning Mankell : «Ma dernière conversation avec [ma fille] remontait à deux semaines. Elle m’avait appelé tard un soir, alors que je venais de m’endormir. Elle se trouvait dans un café bruyant près d’Amsterdam, et n’avait pas voulu me raconter ce qu’elle faisait là-bas, bien que je lui aie posé à deux reprises la question. Elle voulait juste savoir si j’étais encore en vie, avait-elle dit» (p. 33-34).

La communication familiale, y a que ça de vrai.

 

[Complément du 19 août 2024]

Toujours chez Mankell, cette fois dans la Lionne blanche :

— Salut, c’est moi.
— Qui ?
— Ton fils.
— Ah. J’avais oublié le son de ta voix (p. 102).

 

Références

Mankell, Henning, la Lionne blanche. Roman, Paris, Seuils, coll. «Points», P1306, 2004, 487 p. Édition originale : 1993. Traduction d’Anna Gibson.

Mankell, Henning, les Bottes suédoises. Roman, Paris, Seuil, coll. «Points», P4600, 2017, 373 p. Édition originale : 2015. Traduction d’Anna Gibson.

Accouplements 241

François Hébert, Si affinités, 2023, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Ducharme, Réjean, l’Océantume (1968), dans Romans, Paris, Quarto Gallimard, 2022, 1951 p., p. 165-423. Édition établie et présentée par Élisabeth Nardout-Lafarge. Vie & œuvre par Monique Bertrand et Monique Jean.

«Nous y sommes. Soyons-y !» (p. 312)

Hébert, François, Holyoke. Les ongles noirs de Pierre. Roman, Montréal, Quinze, coll. «Prose entière», 1978, 300 p.

«nous y sommes / n’y soyons pas !» (p. 162)

Hébert, François, le Rendez-vous. Roman, Montréal, Quinze, coll. «Prose entière», 1980, 234 p.

«Ben oui, mon vieux, que veux-tu ? Comme dit Ducharme, “nous y sommes, soyons-y”. Le Québec, et puis merde» (p. 114).

Hébert, François, Histoire de l’impossible pays. Nommé Kzergptatl, de son roi Kztatzk premier et dernier et de l’ennemi de celui-ci le sinistre Hiccope 13 empereur du Hiccopiland. Roman, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, 187 p.

«Nous y sommes, dans le cosmos; soyons-y» (p. 144).

 

[Complément du 12 juin 2024]

Labelle, François-Simon, «Édition critique de la correspondance de Jacques Ferron et François Hébert», Montréal, Université de Montréal, mémoire de maîtrise, 1998, vii/338 p. Dir. : Ginette Michaud. https://hdl.handle.net/1866/30017

«Nous y sommes, soyons-y, comme dirait ce cher Ducharme» (lettre de François Hébert à Jacques Ferron, 26 novembre 1980, p. 82).

Hébert, François, Pour orienter les flèches. Notes sur la guerre, la langue et la forêt, Montréal, Trait d’union, coll. «Échappées», 2002, 221 p.

Philippe Avro «est venu nous parler comme à des vieux amis, nous dire en toute franchise et simplicité tout le mal qu’il pensait du monde moderne et des importants de ce monde, et l’importance d’être là où l’on est, le temps qu’on y est» (p. 32).

Hébert, François, Dans le noir du poème. Les aléas de la transcendance, Montréal, Fides, coll. «Nouvelles études québécoises», hors série, 2007, 214 p.

«Dans cet esprit, aucune distance ne me sépare du monde et d’autrui, ne m’en distingue, protège, isole, ne permet d’en parler froidement, en connaissance de cause. C’est le noir. Nous y sommes, et comme disait l’autre : soyons-y !» (p. 9-10)

 

Illustration : François Hébert, «Ducharme à bicyclette», collage, 2023