Chantons le hockey avec Marc Déry

Marc Déry, Numéro 4, album, 2011, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Marc Déry, «Numéro 4», album Numéro 4, 2011

 

On n’était peut-être pas les meilleurs
On n’était peut-être pas les plus gros
Mais dans la chambre y avait du cœur
Comme dans un repaire de superhéros
On n’avait pas de grande vedette
On n’était pas des surdoués
Mais une affaire est claire et nette
Avec toé la coupe on l’a gagnée
Ton chandail numéro 4
Celui qu’tu portais quand j’étais p’tit
C’est moé qui l’a su’l dos à soir
Pis j’m’ennuie d’jouer au hockey avec toé
Ho ho ho ho ho ho
Papapa papapa
Ho ho hockey

C’est assez clair dans ma mémoire
Ton vieux hockey Victoriaville
Juste moé pis toé su’a patinoire
J’essayais d’imiter ton style
Et puis les soirs après l’souper
Quand on descendait dans l’sous-sol
Tu m’enseignais tous les secrets
Du slap shot de Bobby Hull
Ton chandail numéro 4
Celui qu’tu portais quand j’étais p’tit
C’est moé qui l’a su’l dos à soir
Pis j’m’ennuie d’jouer au hockey avec toé
Ho ho ho ho ho ho
Papapa papapa
Ho ho hockey

Tu portais le numéro 4
En l’honneur de Jean Béliveau
Comme sur la photo sur la carte
Avec la coupe soul’vée bien haut
Ton chandail numéro 4
Celui qu’tu portais quand j’étais p’tit
C’est moé qui l’a su’l dos à soir
Pis j’m’ennuie de jouer au hockey avec toé
Ton chandail numéro 4
Celui qu’tu portais quand j’étais p’tit
C’est moé qui l’a su’l dos à soir
Pis j’m’ennuie de jouer au hockey avec toé
Ton chandail numéro 4
Celui qu’tu portais quand j’étais p’tit
C’est moé qui l’a su’l dos à soir
Pis j’m’ennuie de jouer au hockey avec toé
Ton chandail numéro 4
Celui qu’tu portais quand j’étais p’tit
C’est moé qui l’a su’l dos à soir
Pis j’m’ennuie de jouer au hockey
Ho ho hockey

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Le latin de Cleo Birdwell

Cleo Birdwell, Amazons, 1980, couverture

«I don’t know who wrote it.
Who writes these things ?
Does anybody know ?
»

En 1980 paraît à New York Amazons. An Intimate Memoir by the First Woman Ever to Play in the National Hockey League. Ces Mémoires (majuscule, masculin, merci) fictifs sont signés Cleo Birdwell, mais leurs auteurs sont en fait Don DeLillo et Sue Buck. (DeLillo a mis du temps à reconnaître sa copaternité; voir, par exemple, l’entretien donné à David Marchese pour le New York Times en 2020.)

Ceux qui s’attendraient à des propos sportifs soutenus seront déçu : «La première femme à jamais jouer dans la Ligue nationale de hockey», à sa première saison, à 23 ans, score beaucoup plus souvent sexuellement que sur la glace, d’où le «Intimate» du sous-titre.

Le roman est très souvent désopilant. La satire du charlatanisme médical réjouit. L’Oreille tendue ne connaissait pas les vertus anti-érectiles du mot «Watergate». Quand son père explique à la jeune Cleo le sens des expressions vulgaires qu’elle va sûrement entendre dans les vestiaires et sur la glace, on se croirait chez François Blais. Les relations tentaculaire de la mafia et de la motoneige sont inattendues. Certain duel, pas seulement à l’épée, dans l’église en ruine d’une plantation du vieux Sud vaut le détour. Quand son équipe change de main et passe sous le contrôle de mystérieux «men in the Gulf», Cleo donne un nouveau sens à l’expression «tir voilé». L’ailière des Rangers de New York est un aimant à confession : tout un chacun se confie à elle; c’est le cas de son entraîneur, Jean-Paul Larousse (!), qui insiste pour lui parler en français, langue qu’elle ne maîtrise pourtant pas. Cela se termine souvent au lit, ce qui ne fait que rarement taire la hockeyeuse : écouter ne l’empêche jamais de parler. Bémol : la fin du roman est complètement bâclée.

Ce qui nous amène au latin. La mère de Cleo enseignait cette langue dans la ville où elle a élevé sa famille, Banger (Ohio). Sa fille a bien suivi ses enseignements : «“That’s my penis.” / “I know what it is. It’s from the Latin”» (p. 27); «“Does it have a Latin name ?” […] “Frenulum,” I said. “And that technique isn’t for impotence, it’s for premature ejaculation”» (p. 65); «Sanders licked me everywhere, nuzzled my labia, from the Latin […]» (p. 72); «I guess he felt that an intake of air would give his silhouette a touch of extra sveltness, from the Latin» (284).

Cleo Birdwell a plus d’une langue dans son sac.

P.-S.—En papier, Amazons est rare comme de la marde de pape, et donc cher : Don DeLillo en a toujours refusé la réédition. Heureusement, il est disponible gratuitement en ligne grâce aux bienfaiteurs de l’humanité d’Internet Archive.

 

Références

DeLillo, Don et Sue Buck, Amazons. An Intimate Memoir by the First Woman Ever to Play in the National Hockey League, New York, Holt, Rinehart and Winston, 1980, 390 p. Sous le pseudonyme de Cleo Birdwell. https://archive.org/details/amazonsintimatem00deli/page/n5/mode/2up

Marchise, David, «We All Live in Don DeLillo’s World. He’s Confused by It Too», The New York Times, 11 octobre 2020.

Chantons le hockey avec Émile Bilodeau

Émile Bilodeau, «Hockey», 2017, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Émile Bilodeau, «Hockey», 2017

 

Hey ! Man
A va être longue, la fin d’semaine, mais voir, voir
Qu’on s’est faite écraser d’même un vendredi soir
Ouais on a perdu 8 à 2 contre une équipe de glands, une équipe de bas de classement
Pis pour vrai c’qui est choquant c’est que j’ai faite ma job pourtant
J’ai travaillé fort dins coin pis j’ai faite mon échec-avant
T’sais quand j’dis que j’ai faite mon échec-avant
Ça l’excuse pas le faite que c’pas moi qui a le plus de talent
Dans l’équipe, c’est moi qui travaille le plus fort, 3e, 4e trio, j’t’habitué
Mais j’joue pas souvent pendant les power plays

Mais mon coach m’aime ben, y m’fait jouer en désavantage numérique
Pis pour vrai moi j’trouve ça fantastique
Parce que quand j’bloque des shots, les belles filles dins estrades trouvent ça hot
Pour me faire accroire, moi j’m’en vas les voir pis j’leur dis
«Ouais, c’est moi le 83, le gars qui a bloqué des pucks pis qui a mis 2 gars sul cul»
Font : «Ouais, ouais c’tait hot, mais nous autres on aimerait ça parler au gars d’ton équipe qui a scoré les 2 buts»
Pis j’me dis que c’est ça l’histoire de ma vie
Pis qu’c’est ça le hockey pis malgré toute estie que ça m’fait tripper
Pis pour faire honneur à mon sport tout le monde sait que je joue à ça quand j’leur dis
«OK je m’en vas jouer dehors»
Pis t’sais dans vie j’suis ben ben paresseux pis j’ai vraiment beaucoup de misère à bien m’concentrer j’me dis que si j’avais des patins dins pieds au quotidien p’têt qu’à l’école j’pourrais mieux travailler
Hey !

Mais hey ! man
J’sais pas si t’as r’marqué, mais à soir j’ai patiné comme une graine
Mais voir, voir que toute la semaine, j’ai joué dehors à patinoire
Ouais c’est clair ça l’embellit mes matins
Mais c’est sûrement ça qui a scrapé mes patins
Pis j’me dis c’t’un bien pour un mal
Parce que pour un gars comme moi t’sais j’me dis que c’est normal
Parce que y a rien de mieux que ça
Que d’faire un beau jeu d’passes avec des monsieurs qu’on connaît pas
Pis pour vrai à patinoire des fois j’t’un peu ému
Quand j’vois un p’tit gars de 7 ans monter la puck jusqu’au but
Pis quand j’vois tous les beaux monsieurs s’tasser
Avec la simple idée de laisser le p’tit gars scorer
Moi quand j’vois ça j’me dis qu’on garde espoir parce que tôt ou tard
Comme le p’tit gars on aura toute notre moment de gloire
Comme moé qui chante des chansons depuis p’têt deux ans

Mais hey ! man
J’sais pas si toé ça va t’faire ben de la peine
Mais j’ai r’gardé pis j’ai r’checké pis ça d’l’air que l’hiver veut s’en aller
Oh non ça c’est le boutte triste de ma toune
Mais là toi j’te connais tu vas m’dire ouais, mais au pire
C’t’été on jouera au hockey dans rue
Mais là ça ça l’insinue que mon p’tit frère va aller gardien de but
Pis là y va faire ses déplacements style papillon
Pis là y va toute scraper ses beaux pantalons
On va être obligés de sortir la balle orange qui fait mal
Pis là au final mon frère va brailler pis c’est normal
Parce que cette balle-là a pince en simonac
Quand tu fais une feinte a reste tout le temps poignée sur l’asphalte
J’me dis «Osti mon pays ce n’est pas mon pays, mon pays c’est l’hiver
Pis c’est plate pis j’le dis, mais je m’ennuie déjà un peu des patinoires d’hier»

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Le zeugme du dimanche matin et de Simenon

Illustration de Madrazo pour Touriste de bananes

«— …Il est complètement abruti… avait dit l’avocat.
Donadieu était persuadé que ce n’était pas vrai. Il essayait de comprendre, de se mettre à la place de Lagre, qui était là, isolé de tous les autres, du reste du monde, moins encore par une barrière que par l’incompréhension.»

Simenon, Touriste de bananes ou Les dimanches de Tahiti, dans Tout Simenon 21, Paris et Montréal, Presses de la Cité et Libre expression, coll. «Omnibus», 1992, p. 273-381, p. 356. Édition originale : 1938.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Chantons le hockey avec Jean-François Lessard

Jean-François Lessard, album Jean-François Lessard, 2010, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Jean-François Lessard, «Toronto», album Jean-François Lessard, 2010

 

Ce devait être un dimanche si beau
Ce devait être un dimanche si bien
Mais voilà-ti pas que
Le Canadien
Se fait torcher par Toronto
Torcher par Toronto
Dur de se faire planter un dimanche
Comme le souligne le commentaire
Notre défense n’est pas étanche
Et comme une croix supplémentaire
Il y a leurs placages de mammouth
Qui mettent nos Glorieux en déroute
Nos joueurs n’ont tellement pas l’air fier
Que nos bras meurtris ne portent même plus nos bières
[Orgue du Forum]
Plus nos bières
Ce devait être un dimanche si bien
Mais aussi un dimanche si beau
Mais voilà qu’un vent frisquet malsain
Souffle encore de Toronto
Ah ! de Toronto

 

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Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture