Épistolarité télévisuelle

La série télévisée Mad Men n’est pas que l’occasion de citer Voltaire ou de mettre un sacre québécois dans la bouche d’un personnage féminin. On y réfléchit aussi au statut de la communication, et notamment de la communication épistolaire, dans les années 1960.

Dans le neuvième épisode de la troisième saison, «Wee Small Hours», Betty Draper noue une liaison, qui ne sera pas qu’épistolaire, avec Henry Francis. Comment communiquent-ils ? Par lettre, Betty, sur son papier le plus officiel, et de sa plus belle main, demandant à Henry «Il y a quelqu’un d’autre qui lit votre courrier ?». Il lui répondra par une invite : «À partir de maintenant, moi seul.»

L’épisode suivant, «The Color Blue», porte sur la campagne publicitaire commandée à la firme Sterling Cooper par Western Union, le géant de la télégraphie. Les créatifs se demandent comment distinguer le télégramme du téléphone. De leurs échanges naîtra cette petite phrase : «You can’t frame a phone call» (Vous ne pouvez pas encadrer un coup de fil). Un télégramme, si, ou une lettre.

L’épistologue qui ne sommeille jamais en l’Oreille tendue ne peut que se réjouir de pareille attention apportée à la matérialité de la lettre.

Autopromotion 028

Ce matin, entre 9 h et 10 h, l’Oreille tendue sera au micro de Franco Nuovo (Dessine-moi un dimanche), à la radio de Radio-Canada, pour parler des chansons consacrées au hockey.

Elle reviendra notamment sur ses textes intitulés «Chantons sport» et «Lexique musico-sportif».

Pour une liste de chansons sur le hockey, en format PDF, on clique ici.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

 

[Complément du 23 juin 2016]

L’Oreille tendue a publié un article sur ce sujet :

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Souffler la réponse, mais en retard

La Francofête 2012 s’est tenue du 19 au 30 mars, sous l’égide de l’Office québécois de la langue française. Dans ce cadre, plusieurs jeux linguistiques étaient proposés, dont une «activité d’animation» intitulée «Des citations qui vont droit au cœur»; il fallait ajouter à ces citations le mot manquant.

André Belleau et la Francofête

Les habitués de l’Oreille tendue auront reconnu avec plaisir la sixième citation : elle est au fronton de ce blogue depuis son ouverture le 14 juin 2009. Le choix est donc, bien évidemment, excellent.

P.-S. — L’Oreille a l’œil bibliographique. Or elle ne connaît aucun texte d’André Belleau qui s’appelle «Le statut culturel du français au Québec». La référence exacte du texte où apparaît la phrase citée est la suivante :

Belleau, André, «Langue et nationalisme», Liberté, 146 (25, 2), avril 1983, p. 2-9; repris, sous le titre «Pour un unilinguisme antinationaliste», dans Y a-t-il un intellectuel dans la salle ? Essais, Montréal, Primeur, coll. «L’échiquier», 1984, p. 88-92; repris, sous le titre «Pour un unilinguisme antinationaliste», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, p. 115-123; repris, sous le titre «Langue et nationalisme», dans Francis Gingras (édit.), Miroir du français. Éléments pour une histoire culturelle de la langue française, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Espace littéraire», 2014 (troisième édition), p. 425-429; repris, sous le titre «Pour un unilinguisme antinationaliste», dans Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, p. 113-121. https://id.erudit.org/iderudit/30467ac

Capitales hors capitale

Roy MacGregor, Mensonges et dinosaures, 2006, couverture

Le Québec se voulait la capitale des capitales. Cela n’empêche pas d’autres lieux de se croire plus gros que le bœuf.

La Finlande : «Helsinki, capitale du bonheur» (Radio-Canada, 28 février 2012).

La France : «Soupçonnée de cannibaliser les subventions, l’opération “capitale culturelle” entend rassurer ses accusateurs» (le Monde, 19 mars 2011, p. 27). Il est question de Marseille.

L’Alberta : Drumheller serait la «“capitale canadienne des dinosaures”» (Mensonges et dinosaures, p. 18).

La Colombie-Britannique : «Vancouver, capitale piétonnière» (Radio-Canada, 4 avril 2012).

L’Allemagne : «Métropole capitale. Berlin explose» (la Presse, 24 mars 2012, cahier Arts, p. 1).

L’Australie : «Au cœur de la capitale des opales» (le Devoir, 31 avril-1er mai 2012, p. D1).

En matière de capitalisation, nous ne sommes plus seuls. Il y a toutefois de l’espoir : «Montréal a peut-être encore deux ou trois choses à envier aux autres métropoles culturelles, mais plus pour très longtemps» (la Presse, 24 mars 2012, cahier Arts, p. 8).

Ouf.

 

[Complément du 2 octobre 2017]

Marseille, encore ? Pourquoi pas.

Et la Californie :

 

Référence

MacGregor, Roy, Mensonges et dinosaures, Montréal, Boréal, coll. «Les Carcajous», 10, 2006, 138 p. Traduction de Marie-Josée Brière. Édition originale : 1999.