Assassinat critique du jour

Claude Roy, Défense de la littérature, éd. de 1979, couverture

«Vauvenargues excelle à ces profondeurs vagues. Ses maximes et réflexions sont souvent des monuments de marbre en mou de veau, une guimauve qui imite l’airain. Il est bien brave, mais bien flou.»

Claude Roy, Défense de la littérature, Paris, Gallimard, coll. «Idées», 161, 1979, 187 p., p. 166-167. Édition originale : 1968.

P.-S.—On ne peut rien vous cacher : à une époque de sa vie, l’Oreille tendue a écrit quelques comptes rendus de livres de Claude Roy. Ça se retrouve ici.

Les zeugmes du dimanche matin et de Balzac

Balzac, Une fille d’Ève, éd. de 1965, couverture

«Les deux amis montèrent dans un cabriolet pour aller racoler les convives, les plumes, les idées et les intérêts» (p. 102).

«Le journal fut baptisé chez elle dans des flots de vin et de plaisanteries, de serments de fidélité, de bon compagnonnage et de camaraderie sérieuse» (p. 103).

«Ce trait fit porter l’actrice en triomphe et en déshabillé dans la salle à manger par les quelques amis qui restaient» (p. 104).

«Quant à la comtesse de Granville, elle vivait retirée en Normandie dans une de ses terres, économisant et priant, achevant ses jours entre des prêtres et des sacs d’écus, froide jusqu’au dernier moment» (p. 154).

Honoré de Balzac, Une fille d’Ève, Paris, Garnier-Flammarion, coll. «GF», 48, 1965, 189 p. Édition originale : 1839. Chronologie et préface par Pierre Citron.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Pierre Lemaitre

Pierre Lemaitre, Un avenir radieux, 2025, couverture

«Joseph s’était blotti sur elle mais il ne ronronnait pas comme à l’accoutumée. Il se leva, s’avança jusqu’à la porte et lorsque Colette l’eut entrouverte, il fit quelques pas prudents sur le palier et s’arrêta. Colette le suivit. À travers les barreaux de l’escalier, tous deux voyaient, en bas, dans le salon, les silhouettes de papi et mamie. Ils chuchotaient. Colette tendit l’oreille.»

«Colette mesura du regard la longueur qui la séparait du molosse qui aboyait comme un fou, les babines retroussées. Elle s’avança jusqu’à se trouver à moins d’un mètre de lui, ça le rendit dingue, le chien, mais il se calma d’un coup quand elle lui lança des morceaux de sucre. Il se tut, on entendit de nouveau les bruits de la route, les voitures, un tracteur pas loin, elle tendit l’oreille.»

Pierre Lemaitre, Un avenir radieux. Roman, Paris, Calmann-Levy, 2025, 592 p. Édition numérique.

 

P.-S.—Comme l’a noté Luc Jodoin, l’incipit du roman comporte aussi une oreille tendue.

Autopromotion 845

Le 7 mai dernier, dans le cadre du 92e congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) et sous l’égide de la Chaire de recherche du Québec sur la situation démolinguistique et les politiques linguistiques, se tenait le colloque «Le plurilinguisme dans l’espace francophone polycentrique».

Pour clore le colloque, une table ronde, «Quelles sont les conditions pour qu’un pays ou une région participe au polycentrisme de la langue française ?», réunissait quatre intervenants : Philippe Humbert, Jean Martial Kouame, Michelle Landry et l’Oreille tendue, sous la présidence de Sébastien Arcand.

La vidéo de cette table ronde est maintenant en ligne. Attention : la qualité sonore est fort inégale.

 

 

Dans la période de questions qui a suivi la table ronde (à partir de la 69e minute), l’Oreille est revenue sur une de ses obsessions : «Pourquoi diantre les Québécois devraient-ils aimer le français ? Qui leur a donné cette idée étrange ?»

 

P.-S.—L’Oreille a sa propre chaîne vidéo. Elle est bien modeste.

Autopromotion 844

«Architecture et parties qui en dépendent. Maçonnerie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche VIII

La 666e livraison de XVIIIe siècle, la bibliographie de l’Oreille tendue, est servie.

La bibliographie existe depuis le 16 mai 1992. Elle compte 77 700 titres.

À partir de cette page, on peut interroger l’ensemble des livraisons grâce à un rudimentaire moteur de recherche et soumettre soi-même des titres pour qu’ils soient inclus dans la bibliographie.

Illustration : «Architecture et parties qui en dépendent. Maçonnerie», premier volume des planches de l’Encyclopédie, Paris, 1762, planche VIII