Plat de saison

«Un président exécutif, ça mange quoi en hiver ?», la Presse+, 13 mai 2017, manchette

Soit la même formule, dans deux articles récents de la Presse+ :

«Un président exécutif, ça mange quoi en hiver ?» (13 mai 2017)

«Avant de poursuivre, une définition. L’appropriation culturelle, qu’est-ce que ça mange en hiver ?» (16 mai 2017)

Devant une chose que l’on ne connaît pas (bien), au Québec, on s’interroge alimentairement : comment cela se nourrit-il de décembre à mars ?

Selon Pierre DesRuisseaux, à la volonté de savoir se mêlerait l’étonnement : «Qu’est-ce que c’est ? C’est bizarre !» (éd. de 2015, p. 180) Même position chez Léandre Bergeron : «Quelle est cette chose étrange ?» (1980, p. 307)

D’où cette tournure vient-elle ? Excellente question. (L’Oreille tendue est peu douée pour l’étymologie. C’est comme ça.)

 

Références

Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.

Autopromotion 304 (dite «du 25e anniversaire»)

[Ce qui suit est d’abord destiné aux bibliographes et aux dix-huitiémistes, voire aux bibliographes dix-huitiémistes. Il s’agit de la mise à jour d’un texte paru la première fois le 16 mai 2012.]

C’était le 16 mai 1992. L’Oreille tendue n’était pas encore l’Oreille tendue. En stage postdoctoral à Paris, elle eut l’idée de préparer une liste de quinze parutions récentes concernant le XVIIIe siècle français — on peut la retrouver ici —, uniquement des livres, et de distribuer cette liste aux abonnés du groupe de discussion électronique Balzac-L (le groupe est disparu depuis, sans qu’il y ait de rapport de cause à effet). Cet envoi était accompagné d’une question : «Ça vous paraît utile ? Si oui, je pourrais continuer» (la formulation n’était peut-être pas exactement celle-là, les archives numériques n’étant pas toujours ce qu’elles devraient être). Réponse (prévisible) ? Oui. Depuis, XVIIIe siècle : bibliographie a paru à raison d’au moins une dizaine de livraisons par année.

Aujourd’hui, 15 mai 2017, 25 ans plus tard, la 318e livraison vient d’être mise en ligne.

Intérieur de la bibliothèque d’Horace Walpole, gravure, 1784

Bilan.

La bibliographie compte aujourd’hui 37 116 titres : 11 219 livres, 2876 ouvrages collectifs, 8811 chapitres de livres, 12 237 articles, 779 mémoires ou thèses, 1072 publications électroniques, 31 cédéroms (on le voit : les temps changent). Il y a quelques doublons. En théorie, les textes recensés ont paru en 1990 ou plus tard (mais il y a des exceptions [11]). Environ 25 % des titres (9414) ont passé entre les mains de l’Oreille tendue; les autres ont été découverts chez leur auteur (2031) ou chez leur éditeur (8600), ou repris de sources diverses (catalogues de libraires, bibliographies disponibles sur papier ou dans Internet — notamment celles de Kevin Berland et de Jean-Christophe Abramovici —, etc.). Au moins 2600 références contiennent un URL.

Quels sont ses objectifs ? Un texte de 2007, présentant XVIIIe siècle : bibliographie et Selected Readings, la bibliographie de Kevin Berland, les définissait ainsi (et n’a guère perdu de son actualité) :

Quels sont les objectifs de ces bibliographies ? On peut en relever au moins quatre. 1. Faire connaître rapidement les travaux sur le XVIIIe siècle. 2. Faire connaître gratuitement ces travaux. 3. Permettre à l’information bibliographique d’être réutilisée sans risque d’erreur par les internautes. Tout lecteur de ces bibliographies peut en effet en copier les données directement sur son poste de travail sans avoir à les saisir de nouveau. 4. Faciliter l’interrogation. À cet égard, des progrès restent à faire, car les fichiers des deux bibliographies sont encore des fichiers en mode texte, plutôt que d’être rassemblés dans une banque de données. Ni l’une ni l’autre n’a la prétention de se substituer aux outils déjà existants (Klapp, MLA, Revue d’histoire littéraire de la France, etc.), et cela pour plusieurs raisons. Comme il s’agit, dans une large part, d’entreprises individuelles, on n’y a pas les ressources nécessaires pour s’assurer de l’exhaustivité du dépouillement. Pour les mêmes raisons, tous les titres recensés n’ont pas été vus par les bibliographes, ce qui fait que toutes les entrées n’ont pas le même degré de précision. N’existant que sur support électronique, elles ne connaissent pas encore une diffusion aussi étendue que les ressources traditionnelles. Pour l’instant, ces deux types de ressources bibliographiques — traditionnelles et électroniques — restent complémentaires.

Concrètement, comment XVIIIe siècle : bibliographie est-elle constituée ? Au départ, il s’agissait de simples listes saisies dans un traitement de texte. Ensuite, elles ont été importées dans un logiciel bibliographique, ProCite, malheureusement décédé après quelques trop brèves années de loyaux services. À la suite de cette disparition, une tentative de conversion de ProCite en EndNote n’a pas fonctionné. Depuis, toutes les entrées sont saisies dans une banque de données FileMaker, bidouillée maison, puis exportées dans un logiciel de traitement de texte, où elles sont toilettées avant leur mise en page finale dans un éditeur Web (en l’occurrence Dreamweaver). Dans le meilleur des mondes possibles, Zotero serait mis à contribution, mais nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes possibles (ça se saurait).

À l’origine, la bibliographie circulait par courriel, auprès des abonnés de Balzac-L, puis de ceux de C18-L, de SECFS-L ou de la liste des dix-huitiémistes norvégiens (qui paraît être disparue). Il fut même une époque, évidemment héroïque, où elle existait en deux versions, l’une accentuée, l’autre pas. Le courriel est toujours utilisé, mais uniquement pour annoncer les nouvelles livraisons. Depuis quelques années, Twitter est mis à contribution.

Archivée, dans un premier temps, sur le gopher Litteratures (sans accent) de l’Université de Montréal, elle est aujourd’hui disponible sur deux sites, celui de son auteur et celui de Bibliothèque et Archives Canada (XVIIIe siècle : bibliographie possède son ISSN depuis 1996). Elle n’a connu qu’une seule incarnation papier, en 1998, à la demande de Marianne Pernoo, dans la Revue d’histoire littéraire de la France.

Elle est fréquemment recommandée : par la Société française d’étude du dix-huitième siècle; par Lehman College (New York); par l’Université de Paris III; par le site Gazettes européennes du 18e siècle; par l’Association Jean-Jacques Rousseau; par la Bibliothèque de Port-Royal; par A Companion to Digital Literary Studies; etc. À une époque, elle était recensée dans les Signets de la Bibliothèque nationale de France; ça ne paraît plus être le cas. En 2000, le site l’Astrolabe. Recherche littéraire et informatique de l’Université d’Ottawa lui donnait une note de 3 sur 5; exactement à la même époque, le site Fabula la considérait «remarquable».

Quoi qu’il en soit, ça continue.

Illustration : intérieur de la bibliothèque d’Horace Walpole à Strawberry-Hill près Twickenham, Middlesex, gravure de Jean Godefroy, 1784, Rijksmuseum, Amsterdam

 

Références

Melançon, Benoît, «Annexe 2. XVIIIe siècle : bibliographie sur Internet», Revue d’histoire littéraire de la France, 98, 5, septembre-octobre 1998, p. 923-990.

Melançon, Benoît, «Bibliographies informatiques du XVIIIe siècle», Bulletin de la Société française d’étude du XVIIIe siècle, troisième série, 23, janvier 1997, p. 15-16. Repris dans le Bulletin de la Société canadienne d’étude du dix-huitième siècle, décembre 1996, p. 24-25. Version numérique mise à jour en 2007 ici.

Nancy, Dominique, «Littérature française du 18e siècle sur le Web. Benoît Melançon a répertorié plus de 6500 références consacrées au Siècle des lumières», Forum, 34, 8, 18 octobre 1999, p. 8.

Meuble télévisuel

Y’a du monde à messe, Télé-Québec, logo

Prenez un animateur télé. Faites-le dialoguer avec des invités. En anglais, cela s’appelle un talk show. Au Québec, on voit parfois show de chaises. Télé-Québec vient de lancer une émission apparentée à ce genre, Y’a du monde à messe. La première a eu lieu vendredi dernier.

D’un joueur de hockey qu’on utilise à bon escient, on dit qu’il est assis dans la bonne chaise.

Commentaire sur Twitter vu pendant la diffusion de #YAMM (pour les intimes) :

Pour un show de chaises, l’animateur Christian Bégin serait parfait dans sa chaise. Il y aurait donc une justice en ce bas monde ?

Les zeugmes du dimanche matin et de Twitter

Ce ne sont pas les zeugmes qui manquent sur Twitter. Démonstration.

@24car : «Primevère : Place au plaisir, pas au cholestérol.»

@20car : «L’oubli règle bien des choses, mais pas les factures.»

@iericksen : «J’exagérais un peu. Montréal a son lot de stationnement et de béton, elle aussi.»

@ledevoir : «Les Penguins perdent Crosby… et le match.»

@28car : «Les Parisiens ont perdu leurs nerfs et sans doute le championnat de France.»

@alain__farah : «J’apprends en écoutant @plusonlit que Johanne Bertrand, réalisatrice extraterrestre adorée prend le large et sa retraite !»

@ledevoir : «Vache sacrée… et à lait.»

@quitusais : «J’y suis entré sans chien et sans fardeau mais avec deux femmes mal élevées à souhait.»

@sbailly : «Avoir un café et 3 heures 30 de calme devant soi. #zeugme studieux.»

@lheureuxdaniel : «Sur Netflix, une série policière exceptionnelle : Trapped. Un village islandais pris dans la tempête et dans le drame.»

 

(Une définition du zeugme ? Par .)