Curiosités voltairiennes (et trumpiennes)

Catherine Mavrikakis, «Candide au pays des merveilles», la Presse+, 29 mars 2025, titre

(Pendant plusieurs années, l’Oreille tendue a alimenté des blogues sur Tumblr, dont un sur les traces de la présence de Voltaire dans la culture contemporaine. Pour des raisons qu’elle ignore, l’Oreille est désormais persona non grata sur cette plateforme : tous ses blogues ont disparu. À l’avenir, Curiosités voltairiennes, ce sera ici.)

Dans la Presse+ du 29 mars, trois écrivains se penchent sur la situation des États-Unis sous Trump bis. Parmi eux, Catherine Mavrikakis.

Son texte, «Candide au pays des merveilles», est le discours fictif, dans un avenir pas trop éloigné, d’une femme politique, Candide Barney. Ses derniers mots sont les suivants : «Comme le répétait un autre écrivain français d’il y a très longtemps, Voltaire : “Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.” Cela n’a jamais été aussi vrai…»

Voltaire est toujours bien vivant.

P.-S.—Au cinquième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, on lit : «Je demande très humblement pardon à Votre Excellence, répondit Pangloss encore plus poliment, car la chute de l’homme et la malédiction entraient nécessairement dans le meilleur des mondes possibles.»

L’éloquence des Lumières

Concours Délie ta langue, logo, 2025

En 2018, Monique Cormier, ex-collègue et néanmoins amie de l’Oreille tendue, lançait un concours universitaire d’éloquence sous le titre Délie ta langue !

La finale de la septième édition avait lieu le 30 mars 2025 à la Grande bibliothèque de Montréal. Les treize candidats devaient choisir une expression française («Le mieux est l’ennemi du bien», «Être assis entre deux chaises», etc.), en expliquer brièvement l’origine et l’arrimer à une question d’actualité.

Le XVIIIe siècle a été bien représenté parmi les auteurs cités : Jean-Jacques Rousseau, John Locke, Adam Smith, Johann Wolfgang von Goethe, Montesquieu, Voltaire. L’Oreille s’en réjouit.

P.-S.—Monique Cormier passe le flambeau à Francis Gingras, ex-collègue et néanmoins ami de l’Oreille tendue. Merci à l’une et à l’autre.

Accouplements 258

Pages finales (lignées) du livre Au gré des jours, de Françoise Héritier

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Didion, Joan, The Year of Magical Thinking, Londres, 4th Estate, 2012, 227 p. Ill. Édition originale : 2005.

«Did he have some apprehension, a shadow ? Why had he forgotten to bring note cards to dinner that night ? Had he not warned me when I forgot my own notebook that the ability to make a note when something came to mind was the difference between being able to write and not being able to write ?» (p. 23)

Héritier, Françoise, Au gré des jours, Paris, Odile Jacob, 2017, 151 p. Ill.

«Mais on ne bride pas si facilement un processus créatif de quelque nature qu’il soit. Les souvenirs et les images et les idées persistent à affluer, tantôt avec fugacité, tantôt avec une telle prégnance qu’on les note rapidement sur n’importe quel support : j’ai ainsi pris l’habitude d’avoir toujours auprès de moi de quoi écrire» (p. 12).

P.-S.—Comme on peut le voir par l’image ci-dessus, Françoise Héritier a prévu qu’on prenne des notes dans son livre lui-même.

Les zeugmes du dimanche matin et de Françoise Giroud

Françoise Giroud, On ne peut pas être heureux tout le temps, 2001, couverture

«Je suis partie gonflée d’importance et de documentation, avec un questionnaire bien préparé» (p. 43).

«Mais enfin, fût-ce avec des larmes et des emplois perdus, ce pays s’est rénové et tourné vers l’extérieur […]» (p. 74).

«[…] j’ai déjà écrit quelque part que les hommes ont de grands pieds et des petites lâchetés, ce par quoi ils se distinguent des femmes» (p. 117).

Françoise Giroud, On ne peut pas être heureux tout le temps. Récit, Paris, Fayard, coll. «Le livre de poche», 15329, 2001, 220 p. Ill. Édition originale : 2000.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Médéric Gasquet-Cyrus et Christophe Rey

Médéric Gasquet-Cyrus et Christophe Rey, Va voir dans le dico si j’y suis !, 2024, couverture

«Achevons cette petite escapade en “barbarie” en évoquant des mots qui désignent simplement celle ou celui qui n’appartient pas à une région géographique (un vrai touriste, quoi), illustrant une nouvelle fois ce besoin de faire communauté à tout prix. Ainsi, si vous allez en Corse, en Normandie, ou encore en Charente, tendez l’oreille et si vous entendez respectivement les mots pinzutu / pinzut, horsain ou baignassou lorsque vous passez, ne vous méprenez pas, on ne vous souhaite pas la bienvenue ! Mais consolez-vous, on aurait très bien pu vous traiter de “Parigot”…»

Médéric Gasquet-Cyrus et Christophe Rey, Va voir dans le dico si j’y suis ! Ce que les dictionnaires racontent de nos sociétés, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier, 2024, 242 p., p. 99.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 28 février 2025.