Filmer la lettre

En 2011, l’Oreille tendue faisait paraître Écrire au pape et au père Noël. Ce Cabinet de curiosités épistolaires rassemblait des chroniques parues dans diverses publications de l’Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire (AIRE) depuis 1996.

Des textes intercalaires permettaient d’évoquer d’autres œuvres que celles plus longuement commentées dans les chroniques. Il y était notamment question de films utilisant des lettres : le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, The Shop around the Corner, Harry Potter and the Philosopher’s Stone, You’ve Got Mail, A Letter of Introduction, le Corbeau, The Notebook, Casablanca.

Il y en a bien d’autres — comment oublier la série des Wallace et Gromit ? —, comme le révèle ce beau montage préparé par la chaîne Arte sous le titre «La lettre au cinéma».

 

 

Référence

Melançon, Benoît, Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires, Montréal, Del Busso éditeur, 2011, 165 p.

Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture

De peu de poids

«Pas de quoi écrire à sa mère», la Presse+, 24 décembre 2014

L’Oreille tendue est épistologue (elle s’intéresse à l’épistolarité). Elle est fils. Ces deux traits expliquent son plaisir à découvrir le titre suivant dans la Presse+ du 24 décembre 2014 : «Pas de quoi écrire à sa mère.»

Au Québec, cette expression a le sens de Voilà quelque chose de peu d’importance ou Voilà quelque chose dont il n’y a pas lieu de se vanter, et c’est une des expressions qu’affectionne la mère de l’Oreille. (Il y en a d’autres.)

Devrait-elle lui écrire pour le lui rappeler ?

 

[Complément du 1er mars 2016]

Légère variation, dans les nouvelles du sport du même journal ce matin : «Le Canadien a aussi conclu hier une transaction mineure entre joueurs de quatrième trio : Devante Smith-Pelly pour Stefan Matteau. Rien pour écrire à sa mère.»

 

[Complément du 4 novembre 2018]

Exemple romanesque, dans Iphigénie en Haute-Ville. Roman à l’eau de rose (2006), de François Blais : «Pour en venir à votre seconde question, que se passe-t-il de bon maintenant, à Grand-Mère, cent six ans exactement après les événements ci-dessus relatés ? Rien pour écrire à sa mère, je dois dire» (p. 77).

 

[Complément du 10 novembre 2022]

Existe pour d’autres modes de communication : «rien pour appeler sa mère» (Correlieu, p. 54).

 

Références

Blais, François, Iphigénie en Haute-Ville. Roman à l’eau de rose, Québec, L’instant même, 2006, 200 p.

La Rocque, Sébastien, Correlieu. Roman, Montréal, Le Cheval d’août, 2022, 192 p.

R.I.P. ?

Il y a des jours où l’on s’inquiète, par exemple quand l’université où travaille l’Oreille tendue annonce ceci :

Ou quand un projet de règlement gouvernemental a l’objectif suivant : «Enfin, il vise à bonifier les prestations spéciales versées pour subvenir au coût d’accessoires reliés au système d’élimination pour les prestataires d’aide inancière qui ont une problématique de santé significative à ce niveau.» (Merci à Antoine Robitaille pour la citation.)

On est alors en droit de s’inquiéter de la prolifération de la problématique.

Puis on tombe sur ceci, sur le site du Réseau des sports :

«L’autopsie de la problématique» (RDS, 12 janvier 2015)

Pour qu’il y ait «autopsie», il faut bien qu’il y ait un cadavre. Est-ce à dire que la problématique serait enfin morte ?

On peut toujours rêver.

Le zeugme du dimanche matin et de Véronique Côté

Véronique Côté, la Vie habitable, 2014, couverture

«Alors que tout nous indique qu’il faudra le plus tôt possible sortir de notre dépendance aux combustibles fossiles, nous continuons à construire de petits paquets de maisons toutes pareilles qui ne peuvent être occupées sans que leurs propriétaires brûlent de l’essence matin et soir pour les quitter puis les retrouver, au bout du jour, chargés d’une épicerie géante et de la fatigue ramassée sur les ponts, les boulevards et les viaducs.»

Véronique Côté, la Vie habitable. Poésie en tant que combustible et désobéissances nécessaires, Montréal, Atelier 10, coll. «Documents», 06, 2014, 94 p., p. 58.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Juliette Lalonde (1916-2014)

Juliette Lalonde-Rémillard et Lionel Groulx, 1964
Juliette Lalonde-Rémillard et Lionel Groulx, 1964 (source : Fondation Lionel-Groulx)

Juliette Lalonde est morte le 24 décembre 2014. Elle a été la collaboratrice de l’historien nationaliste québécois Lionel Groulx de 1937 à la mort de celui-ci en 1967. Elle a également été secrétaire de l’Institut d’histoire de l’Amérique française et de la Revue d’histoire de l’Amérique française, secrétaire administrative de la fondation Lionel-Groulx et directrice du Centre de recherche Lionel-Groulx.

C’est par elle, dans un article de 1968, que l’on apprend que Lionel Groulx «se passionnait» pour le hockey et qu’il était présent au Forum de Montréal le 17 mars 1955 (p. 869). Il a donc assisté à ce que la vulgate historique québécoise appelle l’émeute Maurice-Richard.

Avait-il une opinion sur d’autres joueurs des Canadiens de Montréal ?

Et je rapporte ici cette boutade du chanoine qui, assis sur la toute première rangée, a pu voir les joueurs de très près : «Je comprends le “faible” des femmes pour [Jean] Béliveau.» Son joueur préféré cependant restait le petit [Yvan] Cournoyer qui, dans le temps, réchauffait trop le banc à son gré… (p. 869)

L’Oreille tendue en sait, des choses inutiles.

 

Référence

Lalonde-Rémillard, Juliette, «Lionel Groulx intime», l’Action nationale, 57, 10, juin 1968, p. 857-875.