Brûler de tous ses feux

Soit le titre suivant : «Patrice Michaud a le feu» (la Presse, 12 avril 2014, cahier Arts, p. 10).

Quel est ce «feu» qu’aurait eu l’auteur-compositeur Patrice Michaud lors de son plus récent spectacle montréalais ?

Ce pourrait être le feu sacré ou le feu que certains arrivent à péter (qui pète le feu déborde d’énergie; de la même façon, on peut être en feu). C’est aussi une allusion au titre du deuxième album de Michaud, le Feu de chaque jour.

Pour un Québécois, avoir le feu signifie aussi être fâché. On espère que Patrice Michaud ne l’était pas (trop).

 

[Complément du 15 avril 2014]

Sur Twitter, @revi_redac écrit ceci : «“Avoir le feu” = être fâché ? Formulation euphémistique. Chez moi, c’était “Avoir le feu au cul”.» Euphémisme ou ellipse ? Ça se discute.

Bibliothèque linguistique du lundi matin

Charles Malo Melançon, logo, mars 2021

L’Oreille tendue aime lire des livres sur la langue. Voici des suggestions de sa part. (Et les vôtres ?)

Balibar, Renée, Histoire de la littérature française, Paris, Presses universitaires de France, coll. «Que sais-je ?», 2601, 1993 (deuxième édition corrigée), 127 p.

Du colinguisme : les langues — et les littératures — ne vivent jamais seules.

Belleau, André, Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 1986, 237 p. «Avertissement» de François Ricard et Fernand Ouellette. Rééd. : Surprendre les voix. Essais, Montréal, Boréal, coll. «Boréal compact», 286, 2016, 237 p. Précédé d’une «Note de l’éditeur».

Notamment pour le texte «Pour un unilinguisme antinationaliste» (éd. de 1986, p. 115-123), peut-être le plus grand texte jamais écrit sur la langue au Québec.

Bouchard, Chantal, la Langue et le nombril. Une histoire sociolinguistique du Québec, Montréal, Fides, coll. «Nouvelles études québécoises», 2002 (nouvelle édition mise à jour), 289 p.; Méchante langue. La légitimité linguistique du français parlé au Québec, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, coll. «Nouvelles études québécoises», 2012, 171 p.

Le sport national des Québécois n’est pas le hockey, mais la langue.

Brunet, Sylvie, les Mots de la fin du siècle, Paris, Belin, coll. «Le français retrouvé», 1996, 254 p.

Parmi les passages à savourer, celui sur Patrick Bruel et le tutoiement.

Klemperer, Victor, LTI, la langue du IIIe Reich. Carnets d’un philologue, traduit de l’allemand et annoté par Élisabeth Guillot, présenté par Sonia Combe et Alain Brossat, Paris, Albin Michel, coll. «Agora», 202, 1996, 372 p.

Livre mal foutu — mais terrible et indispensable. [L’Oreille tendue rend compte du livre ici.]

Klinkenberg, Jean-Marie, la Langue et le citoyen. Pour une autre politique de la langue française, Paris, Presses universitaires de France, coll. «La politique éclatée», 2001, 196 p.

Il n’y a pas que le lutétiotropisme dans la vie.

Laroche, Hervé, Dictionnaire des clichés littéraires, Paris, Arléa, coll. «Arléa-poche», 80, 2003, 188 p. Édition originale : 2001.

Voilà quelqu’un qui n’a pas l’oreille dans sa poche.

Pellerin, Gilles, Récits d’une passion. Florilège du français au Québec, Québec, L’instant même, 1997, 157 p. Ill.

Pour un retour aux textes (et aux images).

Predazzi, Francesca et Vanna Vannuccini, Petit voyage dans l’âme allemande, Paris, Grasset, 2007, 239 p. Traduction de Nathalie Bauer. Édition originale : 2004.

Porte d’entrée : les mots.

Rittaud-Hutinet, Chantal, Parlez-vous français ? Idées reçues sur la langue française, Paris, Le cavalier bleu éditions, coll. «Idées reçues», 2011, 154 p. Ill.

À lire avec Yaguello 1988.

Villers, Marie-Éva de, le Vif Désir de durer. Illustration de la norme réelle du français québécois, Montréal, Québec Amérique, 2005, 347 p. Ill.

La langue québécoise existe ? Non.

Wallace, David Foster, Consider the Lobster and Other Essays, New York, Little, Brown and Company, 2005. Ill. Édition numérique.

Pour, entre autres choses, le texte «Authority and American Usage».

Winchester, Simon, The Professor and the Madman. A Tale of Murder, Insanity, and the Making of the Oxford English Dictionary, New York, HarperPerennial, 1999, xiii/242 p. Édition originale : 1998.

Assassin, et fou, mais lexicographe.

Yaguello, Marina, Catalogue des idées reçues sur la langue, Paris, Points, série «Point-virgule», V61, 1988, 157 p. Ill.

À lire avec Rittaud-Hutinet 2011.

Citation philologique du jour

Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich, 1996, couverture

 

«J’avais honte. Constamment attaché, en tant que philologue, à relever ce que chaque situation et chaque cercle avait de particulier sur le plan linguistique, et à parler moi-même de manière tout à fait neutre et non marquée, j’avais pourtant bel et bien été influencé par mon entourage. (De cette manière, on se gâte l’ouïe, cette faculté d’enregistrer.).»

Victor Klemperer, LTI, la langue du IIIe Reich. Carnets d’un philologue, traduit de l’allemand et annoté par Élisabeth Guillot, présenté par Sonia Combe et Alain Brossat, Paris, Albin Michel, coll. «Agora», 202, 1996, 372 p., p. 239.

 

[Complément du 3 décembre 2014]

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 3 décembre 2014.