Le sacre de l’hiver

Martin Robitaille, les Déliaisons, 2008, couverture

«Je me surpris à crier : “Y fait fret, tabarnak !” C’est fou ce que ça fait du bien de sacrer. Encore plus en pays étranger. C’est une belle soupape, les sacres. C’est tout ce qu’on avait, avant, comme système d’autodéfense.»

Martin Robitaille, les Déliaisons. Roman, Montréal, Québec Amérique, coll. «Littérature d’Amérique», 2008, 240 p., p. 19.

Le tu du sport

Sur Twitter, ce matin, @NieDesrochers indiquait la parution d’un article de Yannick Cochennec de slate.fr intitulé «Pourquoi les journalistes sportifs tutoient-ils les champions ?»

L’auteur s’interroge sur cette pratique en France, mais quiconque suit les sports dans les médias québécois (radio, télévision, Internet) s’est déjà posé la même question : pourquoi, en effet ?

Réponse du journaliste Guy Barbier :

Le journaliste fait partie du cercle intime, il l’affirme. Le tutoiement à la télé, c’est la même chose, mais puissance 10. Autrement dit : vous devant votre télé, sur votre canapé, vous n’êtes que spectateurs. Nous journalistes et «amis», nous sommes acteurs. Les champions et nous, c’est en quelque sorte un peu pareil. Et ça peut impressionner.

Il en faut parfois bien peu pour impressionner.

Huit néologismes pour tous les goûts

Smartnomination (Facebook)

Un vibrateur ? Banal. Pensez plutôt autoérotiseur (le Devoir, 10 février 2014, p. A4). Ça ne vibre pas, mais ça sert, grosso modo, à la même chose.

L’Oreille tendue connaissait la littérature grise. Elle découvre l’existence de la littérature noire. Non, pas le roman policier, mais des répertoires numériques cachés, créés à des fins de conservation. Ce serait la traduction de dark archive.

Pierre Assouline (@Passouline) appelle les amateurs de polars des polardeux.

Ce film est un pamphlet ? Pourquoi ne pas parler de pamphlilm (merci à @parolesdesjours) ?

Ni bazar ni vernissage, ou la conjonction des deux ? Organisez un bazarnissage (merci à @revi_redac).

Les complots sont partout. (Les tenants de la théorie du complot vous le diront.) Y compris dans Internet. Méfiez-vous de la complosphère (merci à @OursMathieu).

Vous souhaitez «créer une chaîne sur Facebook en défiant vos amis» (Julien Voinson). Si vous les poussez à boire, ce sera de la neknomination. Si vous les poussez à faire une bonne action, ce sera de la smartnomination.

On n’arrête pas le progrès.

La saveur du jour

Source : la Presse+

À intervalles parfaitement irréguliers (2009, 2010, 2011, 2013), l’Oreille tendue trie le contenu de sa corbeille de à saveur, cette obsession québécoise.

Ses trouvailles (façon de parler) ?

«USA : ce Satan avec les traits d’Obama finalement retranché d’une télésérie à saveur biblique» (@rdimatin).

«Nouveau blogue à saveur internationale : celui de @Ydb (Yanik Dumont Baron) à Washington» (@JeanFrederic_LT).

«Syrie : une révolution à saveur de crise humanitaire sans fin» (le Devoir, 26 août 2013, p. A7).

«projet d’adressage [numérique] à saveur géographique et culturelle» (le Devoir, 6 mai 2013, p. A2).

«Le documentaire à saveur écologique constitue un genre en soi […]» (le Devoir, 4-5 mai 2013, p. E10).

«Des chansons populaires à saveur country» (la Presse, 1er mai 2013, cahier Arts, p. 2).

«Affrontements et crise à saveur linguistique en Ukraine» (le Devoir, 5 juillet 2012, p. A5).

«Ouf, quelle intéressante Journée mondiale de la traduction, à saveur interassociative ! À l’année prochaine ?» (@patoudit)

Des heures de plaisir à saveur lexicale.