«Il a le regard fixe, un visage qu’on oublie vite, un pantalon gris à pli et un t-shirt du Canadien.»
Benoît Jutras, Nous serons sans voix. Poésie, Montréal, Les Herbes rouges, 2002, 74 p., p. 40.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«Il a le regard fixe, un visage qu’on oublie vite, un pantalon gris à pli et un t-shirt du Canadien.»
Benoît Jutras, Nous serons sans voix. Poésie, Montréal, Les Herbes rouges, 2002, 74 p., p. 40.
(Une définition du zeugme ? Par là.)
Quand des professeurs de lettres se croisent, ils parlent souvent de sport. Il leur arrive aussi de causer littérature. Parfois, les deux sujets se mêlent.
Un collègue de l’Oreille tendue, rencontré hier, s’interrogeait sur l’utilisation d’un titre de Walt Whitman par l’ex-hockeyeur Yvan Cournoyer dans son éloge funèbre de Jean Béliveau (1931-2014), l’ancien capitaine des Canadiens de Montréal. D’où Cournoyer connaissait-il le «O Captain ! My Captain !» qu’il a prononcé, en traduction française, durant les funérailles de son aîné le 10 décembre ?
L’Oreille a déjà écrit sur les lectures des hockeyeurs, mais elle n’a jamais rien lu sur celles de Cournoyer.
Peut-être a-t-il découvert ces vers dans le film Dead Poets Society de Peter Weir (1989) ou dans une autre forme de culture populaire : c’est un titre beaucoup cité.
Une autre avenue est locale. Dans la Presse du 7 décembre, le chroniqueur Stéphane Laporte publie un poème à la mémoire de Béliveau intitulé «Ô Capitaine ! Mon Capitaine !» On y trouve la note suivante : «Le titre de cette chronique, en hommage à Monsieur Béliveau, réfère au fameux poème de Walt Whitman O Captain ! My Captain ! cité par John Keating (Robin Williams) dans le film Dead Poets Society.»
Les voix de la poésie sont impénétrables.
De l’article Accrocher ses patins
De l’article Bob Morane, Bill Ballantine et Jean Béliveau
De l’article Diaphore
De l’article Gordie Howe
De l’article Hiver de force
«Peut-être trouveras-tu étrange de recevoir une lettre de ton père. Surtout que, lorsque tu seras en âge de la lire, il se sera écoulé quelques années.
Or, le décalage entre l’envoi et la réception de cette lettre me remplit de joie. Les mots, dans le temps, auront pris une autre densité. Le moment de la lecture viendra réanimer le moment de l’écriture, et fera exister un fil tendu entre deux temps hors du temps, par lequel celui que je suis aujourd’hui et celle que tu seras demain seront liés.»
Olivier Choinière, «Affaires (les vraies)», dans Olivier Choinière (édit.), 26 lettres. Abécédaire des mots en perte de sens, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 02, 2014, p. 14-17, p. 15.
Sur Twitter, @revi_redac, lisant David Desjardins dans le Devoir du 22 novembre, a ce commentaire : «Codinde : J’ai toujours trouvé ce mot très drôle ! Merci à @DesjardinsDavid de faire ressurgir ce grand oublié.»
Elle reproduit l’image suivante, qui donne la définition du mot.
Codinde : J’ai toujours trouvé ce mot très drôle! Merci à @DesjardinsDavid de faire ressurgir ce grand oublié. pic.twitter.com/OgiRw9qo8i
— révision + rédaction (@revi_redac) November 22, 2014
Dans son Dictionnaire de la langue québécoise (1980), Léandre Bergeron reprend la même étymologie, la même définition et la même prononciation (p. 147-148).
L’Oreille tendue, elle, a le clair souvenir d’avoir entendu la prononciation codingue. De stupide à dingue, la langue n’a qu’un pas à franchir.
[Complément du jour]
Sur codingue, voir le blogue de Jacques Lanciault.
[Complément du 19 mai 2018]
Fusionnant deux animaux, Michel Tremblay, dans La grosse femme d’à côté est enceinte (1978), écrit «coq-dinde» (p. 260).
Références
Bergeron, Léandre, Dictionnaire de la langue québécoise, Montréal, VLB éditeur, 1980, 574 p.
Tremblay, Michel, La grosse femme d’à côté est enceinte, Montréal, Leméac, 1978, 329 p.