Autopromotion 080

L’Oreille tendue est très honorée d’avoir été invitée à participer au Devoir des écrivains qui se déroule aujourd’hui. Pour être à la hauteur, elle s’est préparée très consciencieusement et elle a rassemblé tout son matériel.

Le Devoir des écrivains, 19 novembre 2013

Son texte paraîtra demain, si la rédaction le veut.

Divergences transatlantiques 028

L’Oreille tendue s’intéresse à la langue du hockey.

Pour désigner le bagarreur, les expressions n’y manquent pas : armoire à glace, dur à cuire, homme fort, policier, matamore, gorille, batailleur, goon, bully (et donc boulé dans la langue de Pierre Bouchard, ex-justicier des Canadiens de Montréal). Par euphémisme, on dit parfois joueur robuste ou fougueux, gros bonhomme ou encore gros gaillard.

On dit aussi taupin : la créature humaine qui répond à ce nom est réputée plus forte, plus solidement bâtie, que la moyenne de ses congénères.

Le taupin québécois n’est donc ni un «Soldat qui pose des mines sous terre», ni un coléoptère, ni un «Élève qui se prépare à Polytechnique» (le Petit Robert, édition numérique de 2014).

Il ne faut pas confondre, surtout pas sur la glace.

P.-S. — Y a-t-il plus imposant qu’un taupin ? Évidemment : c’est le méchant taupin.

Le zeugme du dimanche matin et du professeur

«N’est-il pas de première nécessité de savoir où vous en êtes ?

Surtout lorsque, comme maintenant, vous touchez au but; et que l’Heure, la terrible heure que doit durer le cours — et que l’on a tant et tant redoutée, appréhendée; qu’il a fallu combler de tellement de mots, de phrases, d’explications harassantes, de jugements, de considérations; de courage, aussi, et Dieu sait de quelle ténacité ! — eh bien ! oui, que l’heure, cette maudite heure infernale, ce supplice inhumain achève quand même de s’écouler, comme la bougie graduée vient à bout de se consumer.»

Jean Simard, «Un professeur», dans Treize récits, Montréal, HMH, coll. «L’arbre», 1969, 199 p., p. 82. Nouvelle édition. Édition originale : 1964.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

Ni en avant ni en arrière

Géraldine Wœssner, Ils sont fous, ces Québécois !, 2010, couverture

On le disait avant-hier : le temps est frisquet à Montréal. En fait, l’hiver est arrivé. Réchauffement climatique ou pas, cela suppose qu’il faudra bientôt pelleter.

Conseil du jour : la neige déplacée par cette opération doit l’être vers les côtés, pas en arrière, pas en avant.

En arrière, elle couvrirait les traces du pelleteur.

En avant, elle exigerait la répétition constante des mêmes efforts, dès lors rendus vains.

Voilà d’ailleurs pourquoi on a inventé l’expression pelleter en avant : «Péages à Montréal : du pelletage en avant, encore et encore…» (lapresse.ca, blogues, 14 août 2013). Qui pellette en avant travaille pour se donner du travail, avance pour ne pas vraiment avancer. Il s’agirait, en un certain sens, d’un synonyme de «Faire et défaire, c’est toujours travailler».

P.-S. — Certaines personnes installées au Québec peuvent être troublées par la neige qu’il faut y déplacer. Elles parlent alors de «pelletage de l’extrême» (Ils sont fous, ces Québécois !, p. 42).

 

[Complément du 19 avril 2015]

S’il est vrai qu’il faut généralement répartir la neige à droite et à gauche, il est des cas où cela a une connotation négative : qui pellette dans la cour du voisin est en fait en train de se débarrasser de quelque chose de déplaisant.

Exemple tiré de la Vie littéraire de Mathieu Arsenault (2014) : «go les girls moi je ne finirai jamais je taperai mon corps pour pelleter la mort dans la cour du voisin» (p. 68).

 

Référence

Arsenault, Mathieu, la Vie littéraire, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 76, 2014, 97 p.

Wœssner, Géraldine, Ils sont fous, ces Québécois ! Chroniques insolites et insolentes d’un Québec méconnu, Paris, Éditions du moment, 2010, 295 p.