Les paires acoustiques du jour

Merci à François Bon

Que peut être l’accent ?

Chantant

Musical

Savoureux

Sympathique

Charmant

Craquant

Adorable

Affecté

Méridional

Paysan

Léger

Fort

Lourd

Incompréhensible

D’ici

Québécois

P.-S. — Des suggestions d’ajouts ?

 

[Complément du 19 mars 2014]

La taupe québécquoise de l’Oreille tendue lui a communiqué la liste des cooccurences proposées, pour accent, par le logiciel Antidote : particulier, prononcé, inimitable, traînant, étranger, doux, délicieux, rocailleux, nasillard, pointu, indéfinissable, terrible, mélodieux, guttural, rauque, bizarre, exotique, irrésistible, traînard, familier, lamentable, rude, hautain. L’Oreille avoue un faible pour indéfinissable.

Marie-Pier Frappier, elle, sur Twitter, lui a fait découvrir l’existence de la chanson «L’accent» des Fabulous Trobadors.

Combien de bout(s) pour une (la) v(V)ierge ?

Cela a été dit et répété, ici comme ailleurs : les jurons québécois viennent souvent du monde de la religion. Les exemples de sacres ne manquent pas à partir de calice, chasuble, Christ, ciboire, hostie, sacrement, tabernacle, etc.

Quand on entend bout d’cierge (à prononcer bout d’ciarge), on peut donc légitimement penser que ce cierge sort de l’Église. Tout aussi légitimement, on peut lui supposer deux bouts, qu’on peut brûler ensemble ou pas.

Comme le faisait remarquer @JSDR l’autre jour, c’est plus complexe pour bout d’vierge (à prononcer bout d’viarge).

D’une part, cette vierge est-elle la Vierge ?

D’autre part, qu’il s’agisse de la Vierge ou d’une vierge, combien aurai(en)t-elle(s) de bout(s) ?

Tant de questions, si peu de jours.

 

[Complément du 8 juin 2016]

En version concentrée, cela donne :

Le travail, y a que ça de vrai

Le sujet peut être animé : qui fait la job (toujours au féminin, toujours à prononcer djobbe) fait son travail.

«J’ai fait la djobbe» (une collègue de l’Oreille tendue le jour de la Saint-Valentin).

«RT @cgenin : @fbon j’espère que tu signales à tes étudiants qu’il y a un beau site sur Claude Simon http://associationclaudesimon.org/ | on fait la job !» (@fbon)

Peut-être sous l’influence de l’anglais («that will do the job»), l’expression s’emploie également avec un sujet inanimé.

Une poutine, ça fait la djobbe.

Dans un cas comme dans l’autre, la satisfaction est palpable. Voilà qui est fait ! Reste à espérer que ce soit bien fait.

 

[Complément du 2 mars 2014]

Le romancier François Blais donne une entrevue au Devoir : «Mark Twain, c’est un cas : tous ses romans et récits se résument à une superposition d’épisodes; il ignore même le concept d’arc dramatique, ça fait la job pareil» (1er-2 mars 2014, p. F3).

Et voilà le travail !

Un fidèle bénéficiaire de l’Oreille tendue, dans les commentaires de l’article sur le genre du mot deadline des deux côtés de l’Atlantique, pose la question suivante : «Qu’en est-il du genre du mot “job” ? Féminin au Québec et masculin en France ?»

La réponse est un peu plus complexe.

En effet, au Québec, job, prononcé djobbe, est féminin dans la langue courante, mais (le plus souvent) masculin dans les médias (écrits).

«“Il était très fier. Il disait : ‘Il y a plusieurs patrons au SPVM et à la SQ qui auraient voulu ce job, mais c’est moi qui l’ai eu’”, décrit une personne de son entourage» (la Presse, 22 janvier 2014).

«Quelqu’un d’autre aurait pu créer le même effet, mais à ce moment-ci, personne d’autre que lui n’avait le charisme communicationnel indispensable à ce job» (le Devoir, 4 janvier 2014, p. B4).

Le Petit Robert (édition numérique de 2014) a donc tort d’affirmer, sans distinguer : «Ce mot est féminin au Canada : une job intéressante. “ton père a encore perdu sa job” (G. Roy).» (Merci d’avoir cité Gabrielle Roy; ça fera plaisir à François Bon.)

Marie-Éva de Villers, dans son Multidictionnaire de la langue française (cinquième édition, édition numérique) ne fait pas la distinction (régionale) du Robert : «Cet anglicisme s’emploie dans la francophonie aux sens de “travail de peu d’importance” et de “emploi rémunéré” et son genre est masculin.»

En matière de langue, rien n’est simple. La suivre est une grosse djobbe.

 

[Complément du 17 février 2015]

Les enseignants québécois sont en rogne contre leur gouvernement provincial. Le quotidien la Presse du jour décrit leur projet : des «commandos d’enseignants» devraient se lancer dans des moyens de pression — et donner à chacun un nom. Il y aurait notamment «Fais mon job, tu veux ?». Sur Twitter, @revi_redac écrit : «Oui aux actions de la Fédération des syndicats de l’enseignement, mais non à “Fais mon job, tu veux ?”. #FémininPlease.» L’Oreille est d’accord avec ce «non».