Accouplements 56

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Le service des vélos en libre-service de Montréal s’appelle Bixi. (Très tôt dans sa vie, l’Oreille tendue en a parlé.) Dans sa plus récente campagne de publicité, ce service joue sur une expression québécoise : qui y modère ses transports doit se calmer, se restreindre; en revanche, les usagers de Bixi doivent libérer les leurs.

Bixi, publicité, 2016

En Finlande (merci à @jeanphipayette pour la photo), dans le métro, le transport est encore plus libre : il est affaire de caresse.

Finlande, publicité dans le métro, 2016Ce transport-là est (potentiellement) amoureux. Plus que l’autre.

Accouplements 55

Bob Bissonnette, les Barbes de séries, 2012, pochette

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

En 2013, l’Oreille tendue publiait un texte sur la chanson et les Canadiens de Montréal — c’est du hockey.

L’année suivante, en lisant un ouvrage d’Amy J. Ransom, Hockey, P.Q. Canada’s Game in Quebec’s Popular Culture, elle découvrait l’existence de Bob Bissonnette.

Se réclamant de son «historique de hockeyeur professionnel» (voir son site Web), Bissonnette multiplie depuis 2010 les chansons sur le hockey : «Hockey dans rue», «Chris Chelios», «Mettre du tape su’ ma palette», «It’s in the game», «La machine à scorer», «J’accroche mes patins», «Les hommes zébrés», «Chantal Machabée», «Les barbes de séries», etc. Pour les résumer : sexisme, vulgarité, peur de l’autre, langue rudimentaire.

«Bob Bissonnette rockstar» — c’est ainsi qu’il se désigne — fait une apparition dans un roman sur le sport destiné à la jeunesse et signé Luc Gélinas. Félix Riopel, le personnage de C’est la faute à Ovechkin, écoute en effet ses chansons (2012, p. 162, p. 163 et p. 186).

L’Oreille ne se serait toutefois pas attendue à le voir apparaître dans un poème. C’est pourtant le cas dans «Benjy», un des textes du plus récent livre de Mathieu Arsenault, le Guide des bars et pubs de Saguenay. Essai • Poèmes (2016, p. 37) :

les trois serveuses sont off le jeudi
mais dansent pareil leur vie sur chaque toune
no doubt
adele
bingo players
bob bissonnette
même céline sonne majestueux
[…]

Le voilà donc entre Adele et Céline (Dion). C’est noté.

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté le Guide des bars et pubs de Saguenay le 16 mai 2016.

 

Références

Arsenault, Mathieu, le Guide des bars et pubs de Saguenay. Essai • Poèmes, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 97, 2016, 51 p.

Gélinas, Luc, C’est la faute à Ovechkin, Montréal, Hurtubise, 2012, 219 p.

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Ransom, Amy J., «Rock and Roll, Skate and Slide : Hockey Music as an Expression of National Identity in Quebec», dans Hockey, P.Q. Canada’s Game in Quebec’s Popular Culture, Toronto, University of Toronto Press, 2014, p. 158-188.

Accouplements 54

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

En 2013, Alain Farah publie, au Quartanier, Pourquoi Bologne. Annik MH de Carufel, dans le Devoir du 24 août, le photographie dans une piscine.

Plus tôt cette semaine, au Quartanier, on réédite en un seul volume les trois romans de la série 1984 d’Éric Plamondon. Rodolphe Escher (p. 171) fait son portrait dans l’eau jusqu’au cou.

Écrire comme un poisson dans l’eau ?

 

[Complément du 1er octobre 2019]

Ce n’est manifestement pas le propre des écrivains.

[Complément du 30 mars 2023]

Le mononc’ peut, lui aussi, être aquatique.

Frédéric Beigbeder, Confessions d’un hétérosexuel légèrement dépassé, 2023, couverture

 

[Complément du 11 février 2025]

Dans le numéro courant du magazine The New Yorker, c’est au tour de Mike White (voir ici).

Cela permet de formuler une hypothèse : ne serait-ce pas une affaire surtout masculine que de se jeter «créativement» à l’eau ?

 

Références

Farah, Alain, Pourquoi Bologne. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 71, 2013, 206 p.

Plamondon, Éric, 1984. Romans. Trilogie. Hongrie-Hollywood Express. Mayonnaise. Pomme S, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 96, 2016, 600 p. Ill.

Accouplements 53

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Samedi soir dernier, en écoutant le deuxième épisode de l’émission de radio C’est fou… consacré à la langue, l’Oreille s’est tendue d’étonnement quand elle a entendu l’expression «langue canadienne-française» dans la bouche de Serge Bouchard. Elle n’avait pas souvenir d’avoir entendu pareille expression.

Puis, hier, lisant une chronique cinématographique de Gilles Marcotte de 1954, elle tombe sur ceci : «Pour parler canadien-français, “Sabrina” est un film qui “lâche son fou…”»

De «lâcher son fou» à C’est fou…, y aurait-il une filiation linguistique ?

 

[Complément du 11 août 2022]

L’Oreille tendue a consacré une études aux chroniques cinématographiques de Gilles Marcotte : Melançon, Benoît, «Gilles Marcotte va aux vues», dans Karine Cellard et Vincent Lambert (édit.), Espaces critiques. Écrire sur la littérature et les autres arts au Québec (1920-1960), Québec, Presses de l’Université Laval, 2018, p. 311-323. https://doi.org/1866/28564

 

[Complément du 4 septembre 2022]

Une définition de lâcher son fou n’est peut-être pas inutile : «S’amuser, se défouler, se laisser aller au plaisir», dixit Usito.

«Lâcher son fou», la Presse+, 13 août 2022

 

[Complément du 30 août 2023]

On peut désormais lire le texte de l’Oreille ici.

 

Référence

Marcotte, Gilles, «Le cinéma. “Mam’zelle Nitouche” à l’écran», le Devoir, 29 octobre 1954, p. 7.