Filmer la lettre

En 2011, l’Oreille tendue faisait paraître Écrire au pape et au père Noël. Ce Cabinet de curiosités épistolaires rassemblait des chroniques parues dans diverses publications de l’Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire (AIRE) depuis 1996.

Des textes intercalaires permettaient d’évoquer d’autres œuvres que celles plus longuement commentées dans les chroniques. Il y était notamment question de films utilisant des lettres : le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, The Shop around the Corner, Harry Potter and the Philosopher’s Stone, You’ve Got Mail, A Letter of Introduction, le Corbeau, The Notebook, Casablanca.

Il y en a bien d’autres — comment oublier la série des Wallace et Gromit ? —, comme le révèle ce beau montage préparé par la chaîne Arte sous le titre «La lettre au cinéma».

 

 

Référence

Melançon, Benoît, Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires, Montréal, Del Busso éditeur, 2011, 165 p.

Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture

Abécédaire II

François Hébert, l’Abécédaire des demoiselles d’Angrignon, 2014, couverture

 

«Nous nous essayons à la poésie.
Est-ce que ça marche ?
Un jour, ça ira.»

L’Oreille tendue a un faible pour les textes, notamment poétiques, de François Hébert. (Voir, entre autres exemples, ici et .)

Elle en a aussi un pour les objets que crée Hébert, «collages» ou «assemblages», à partir «de bidules ramassés dans la rue» : déchirures de papier et de carton, pierres, morceaux de verre, de plastique ou de bois, tissus, composants électroniques, ressorts, fils comme ficelles, vis aussi bien que boulons, plumes, pièces de casse-tête devenues pièces d’un nouveau casse-tête. (Il y a un de ces «assemblages» en couverture de son Écrire au pape et au Père Noël.) Un autre écrivain québécois a une pratique semblable, Réjean Ducharme qui, sous le pseudonyme de Roch Plante, propose des «trophoux».

Elle aime encore les abécédaires. Elle en a publié un sur la langue de puck, et son Bangkok en a presque été un. (Ces jours-ci, elle publie quelques notes sur des abécédaires lus récemment. Hier, il était question de celui conçu et coordonné par Olivier Choinière.)

Elle s’intéresse au sport.

Elle devait donc lire l’Abécédaire des demoiselles d’Angrignon que vient de faire paraître l’assembleur.

Cela s’ouvre par une question : «La question est la suivante : pourquoi le ballon de football a-t-il une forme allongée ?» (Ce n’est pas d’hier que pareille interrogation occupe Hébert; voir de ce côté.) «Pablo, le peintre» — en l’occurrence, son fantôme — aurait été fasciné par cette forme. Au terme de la lecture, à la lettre Z, on trouvera une sorte de réponse : «Finalement, c’est pourquoi le ballon a une forme allongée. Il fait son petit effort pour raccourcir la distance entre les adversaires.»

Pour chaque lettre, deux choses : un court texte et la reproduction photographique d’une des «sculptures-personnages» créée par l’auteur. Les textes sont à la fois des portraits et les éléments d’une série de variations sur Picasso, les villes (Barcelone, Avignon, Montréal), les mots (Angrignon, Anglignon, Anguiliguilignon) — et un ballon.

Selon les données de «Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada», l’Abécédaire des demoiselles d’Angrignon serait «Pour les jeunes». Précisons : pas seulement pour eux.

 

Référence

Hébert, François, l’Abécédaire des demoiselles d’Angrignon, Saint-Lambert, Les heures bleues, 2014, s.p. Ill.

Accouplements 07

Jean-Marc Huitorel, la Beauté du geste, 2005, couverture

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)

L’Oreille tendue aime les curiosités épistolaires, ces présences de la lettre là où on ne l’attendrait pas. Elle a même publié un recueil de textes sur le sujet.

Pensez aux chapitres 95 et 96 de Tarmac (2009) de Nicolas Dickner. Dans une enveloppe, le narrateur reçoit un emballage vide. Après la réception de cette lettre d’amour, il part au Japon retrouver celle qu’il aime, Hope Randall.

Puis imaginez un ballon de foot, celui que décrit Jean-Marc Huitorel dans la Beauté du geste (2005) :

On signalera encore le travail de Priscilla Monge, dont certains des objets ont à voir avec l’univers du sport. Elle a ainsi fait réaliser un ballon de football aux pentagones noirs découpés dans des cuirs très élégants, ceux utilisés pour les vêtements et les chaussures de luxe, et dont les pentagones blancs sont constitués de serviettes hygiéniques. Dans cette intrusion du féminin, y compris dans ce qu’il a de plus intime, dans un univers largement dominé par les hommes, et en particulier dans cette symbolique implicite du sang, on peut lire une volonté d’opposer le sang des menstrues au sang des guerriers. On peut aussi y voir une dénonciation de l’usage sanguinaire que les dictatures d’Amérique du Sud (l’artiste est née au Costa Rica), au Chili ou en Argentine, ont pu faire des stades (p. 173).

Le Michel «Mickey» Bauermann de Nicolas Dickner ne reçoit pas un morceau de cuir.

 

Références

Huitorel, Jean-Marc, la Beauté du geste. L’art contemporain et le sport, Paris, Éditions du regard, 2005, 214 p. Ill.

Dickner, Nicolas, Tarmac, Québec, Alto, 2009, 271 p. Ill.

Melançon, Benoît, Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires, Montréal, Del Busso éditeur, 2011, 165 p.

Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture

Autopromotion 084

Revue Épistolaire, no 39, 2103, couverture

Depuis des temps immémoriaux, l’Oreille tendue collabore à Épistolaire, la revue de l’Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire. Elle y tient notamment la chronique des «Curiosités épistolaires». (Elle les a rassemblées en 2011 dans l’ouvrage Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires.)

La 39e livraison de la revue a paru à la fin de 2013. L’Oreille y parle lettres anonymes dans la bande dessinée, au cinéma, chez les écrivains.

Table des matières

Haroche-Bouzinac, Geneviève, «Avant-propos», p. 5.

«La lettre et l’histoire»

Diaz, Brigitte et Françoise Simonet-Tenant, «La lettre & l’histoire», p. 9-14.

Veyssière, Laurent, «Bougainville au Canada (1756-1760) : ambitions multiples et stratégies d’écriture», p. 15-25.

Coudreuse, Anne, «Présence de l’histoire dans la correspondance de Marie-Antoinette», p. 27-37.

Meier, Franziska, «L’histoire politique dans la correspondance de Benjamin Constant de 1788 à 1795», p. 39-48.

Hennequin-Lecomte, Laure, «Le “cœur français” d’Octavie de Stein», p. 49-58.

Doria, Corinne, «La correspondance politique de Pierre Paul Royer-Collard (1763-1845)», p. 59-67.

Grossir, Claudine, «La révolution de 1848 au miroir de la correspondance de George Sand», p. 69-81.

Poitrenaud-Lamesi, Brigitte, «Lettres de guerre d’un conteur : Carlo Lorenzini (1826-1890)», p. 83-97.

Genevray, Françoise, «Correspondre par temps d’orage : Herzen épistolier (1847-1852)», p. 99-108.

Manin, Lise, «De la lettre à l’histoire, parcours d’une femme auteur : Amélie Bosquet», p. 109-118.

Brodziak, Sylvie, «Fin d’empire et débuts de république : l’histoire scandée par la correspondance de Georges Clemenceau», p. 119-129.

Ceugnart, Camille, «La lettre de Simone Weil à Georges Bernanos ou l’impact d’un témoignage historique», p. 131-141.

Giovaninetti, Marc, «Courriers personnels entre dirigeants et cadres du Parti communiste français», p. 143-153.

«Perspectives épistolaires»

Gretchanaïa, Elena, «“Je fuis le grand monde, et suis toujours mondain” : lettres inédites du comte Grigori Tchernychev», p. 157-168.

Allorant, Pierre, «La lettre, la femme et l’ingénieur. Les tribulations d’une correspondance familiale bourgeoise au XIXe siècle», p. 169-183.

Klein, Élisabeth, «“La lyre et l’encre”, une correspondance de Paul-Jean Toulet et d’Augustine Bulteau (1901-1904)», p. 185-193.

«Chroniques»

Hontebeyrie, Micheline, «État de la question. La correspondance de Paul Valéry», p. 197-217.

Melançon, Benoît, «Le cabinet des curiosités épistolaires», p. 219-221. Sur les lettres anonymes.

Charrier-Vozel, Marianne, «Vie de l’épistolaire», p. 223-228.

«Recherche»

«Comptes rendus», p. 231-288.

Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture

Autopromotion 057

En cette journée d’annonce papale, l’Oreille tendue vous rappelle qu’elle a publié en 2011 un recueil de textes intitulé Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires (description ici). Ce livre vous sera peut-être utile si vous souhaitez vous adresser à Benoît XVI au moment de son changement de carrière, par exemple pour lui offrir vos services d’«agent de talent spécialisé en branding humain». Yapadkoi.

Écrire au pape et au Père Noël, 2011, couverture