Hockey spectral

Patrick Roy, la Ballade de Nicolas Jones, 2010, couverture

S’agissant de hockey, ceci, tiré du roman la Ballade de Nicolas Jones de Patrick Roy : «les fantômes ont failli» (p. 16). Qui sont ces «fantômes» que l’auteur n’a même pas besoin de présenter ? Ce sont, bien sûr, les fantômes du Forum.

Les non-amateurs du sport national canadien ont peut-être besoin de précisions. Ces fantômes du Forum seraient les esprits des anciens joueurs des Canadiens de Montréal, le Forum étant l’aréna où l’équipe a joué pendant plusieurs décennies. Ils aideraient, dans l’ombre, les joueurs venus après eux. Leur intervention expliquerait certaines victoires tout à fait imprévisibles de l’équipe de Montréal.

Annakin Slayd, dans sa chanson «La 25ième» (2009), les évoque :

Je rejoins les fantômes
Je leur passe le flambeau
Je sais qu’cette croisade ça va pas rater
Nah… pis on va boire de la Coupe sacrée yeah

Il en va de même dans «Le but» de Loco Locass (2009) :

Enfin on fait les séries
Finies les folies
Là c’est baston et rififi
Boston Philadelphie
Avec les fantômes du Forum
On n’a pas peur de personne

Le plus souvent, on considère que les fantômes du Forum forment un groupe. Exemple, tiré d’une biographie de Maurice Richard destinée à la jeunesse, celle de Johanne Ménard : «Une légende veut que les fantômes d’anciennes vedettes des Canadiens encouragent les joueurs de leur équipe pendant leurs parties à domicile» (p. 62).

Il arrive pourtant que d’autres hypothèses apparaissent, plus spécifiques celles-là, et plus rares.

Pour le groupe Mes Aïeux, «Le fantôme du Forum» (2008) est celui d’Howie Morenz, vedette du club dans les années 1920-1930 :

Howie ! On a un septième homme su’a glace
Howie ! Un vrai de vrai d’l’époque pas d’casque
C’t’un gros facteur parapsychologique
De jouer en avantage ésotérique

Dans la nouvelle «Le fantôme du Forum» de Jean-Pierre April (1981), ce fantôme n’est pas un ancien joueur, mais un partisan, Gaston «Gasse» Ratté, grand admirateur de Guy Lafleur et grand buveur de bière.

Bill Templeman — nom prédestiné pour s’intéresser au «temple du hockey» — a signé un poème consacré au «fantôme en chef du Forum» («The Montreal Forum’s Chief Ghost», 1999). Il s’agit aussi d’un partisan mais anonyme.

Pour éclaircir le mystère, faudra-t-il faire appel à Chantal Lacroix ?

N.B. Non : ce Patrick Roy n’est pas l’ex-gardien de but de la Ligue nationale de hockey.

 

[Complément du 25 juillet 2014]

Le narrateur du roman Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! de Claude Dionne (2012) propose l’explication suivante, du moins à titre d’hypothèse :

Nul ne savait quand étaient apparus les fameux fantômes. Mais, selon la légende maintes fois entendue, le tout aurait débuté durant la soirée du 10 mars 1937 au cours de laquelle le gardien de faction fut foudroyé par une crise cardiaque lorsqu’il aperçut le spectre de Howie Morenz.

Durant la journée qui précéda cette vision fantomatique, des milliers d’admirateurs avaient défilé devant la dépouille mortelle du joueur du Canadien de Montréal exposée au centre de la patinoire du Forum (p. 125).

Suit un récit fantastique haut en couleur.

 

[Complément du 28 juillet 2014]

Selon Véronique Nguyên-Duy, la télévision de Radio-Canada, au moment de la fermeture du Forum en mars 1996, aurait diffusé une émission intitulée les Fantômes du Forum et animée par Gilles Latulippe. Et le magazine The Hockey News aurait lancé une édition spéciale en français portant le même titre (p. 107).

 

[Complément du 29 juillet 2014]

Les auteurs de certains textes ne s’en cachent pas : ils parlent expressément des fantômes du Forum. D’autres laissent leurs lecteurs faire le rapprochement. Tel est le cas de Richard Garneau (1930-2013), qui fut longtemps attaché à la description télévisuelle des matchs des Canadiens.

Garneau a écrit quelques livres : À toi, Richard… (Altius, Angélus, Airbus) (1992), les Patins d’André (1994), Train de nuit pour la gloire ou 45 jours à la conquête de la coupe Stanley (1995), À toi, Richard… prise deux ! Un Québécois en Bavière (1996).

La nouvelle «Donny» du recueil Vie, rage… dangereux (Abjectus, diabolicus, ridiculus) (1993) raconte la vie de Dieudonné Métivier, surnommé «Donny» par les joueurs anglophones des Canadiens de Montréal (p. 132). Qui est-il ? Un musicien amateur qui appuie les joueurs de son équipe favorite avec un «Charge !», joué à la trompette, particulièrement senti. Un jour, on le chassera du «saint des saints» (p. 133) : «une nouvelle administration décréta que l’orgue du Forum suffisait au bonheur des spectateurs et que, désormais, il serait défendu aux musiciens amateurs de venir profaner le sanctuaire» (p. 143).

Après ce «bannissement» (p. 148), Donny ne reviendra que deux fois au Forum. La première, il sera expulsé «manu militari» (p. 144). La seconde, il se laissera glisser sur la patinoire à partir d’une passerelle qui la surplombe. Le soir du 18 janvier 1985, lorsqu’on dévoila «l’équipe d’étoiles de tous les temps» chez les Canadiens (p. 145), les spectateurs étonnés du Forum se demandèrent «qui était ce fantôme tombé du ciel» (p. 148).

 

[Complément du 19 janvier 2016]

C’est confirmé. En 1996, le magazine Hockey News a publié une série de quatre numéros en traduction française. Son titre ? «Fantômes du Forum.»

Hockey News, 1996, couverture

 

[Complément du 1er avril 2016]

Le premier. L’homme de lettres Gilles Marcotte (1925-2015) était amateur de hockey. Dans un des textes de son recueil la Mort de Maurice Duplessis et autres récits (1999), le personnage principal se définit comme un «fantôme administratif» (p. 130). Où se trouve-t-il quand il parle ainsi de lui-même ? «Au Forum.»

Le second. L’Oreille tendue ne s’y habitue pas : certains des fantômes du Forum seraient des fantômes de joueurs vivants. Voyez ici.

 

[Complément du 20 mars 2017]

La chaîne Historia a consacré une série télévisée à Jean Béliveau. Dans la Presse+ du jour, on s’entretient avec le comédien Pierre-Yves Cardinal, qui joue le rôle de l’ancien capitaine des Canadiens. Au sujet de l’aréna de Verdun, où des scènes ont été tournées, il déclare : «La municipalité a gardé l’endroit vraiment tel quel. Quand on est tous arrivés là-bas avec nos costumes de légendes, c’était incroyable. Tu sens que les fantômes ne sont pas loin.» Ces fantômes-là n’ont pas besoin de présentation.

 

[Complément du 23 août 2018]

La romancière pour la jeunesse Danielle Boulianne n’a pas d’hésitation, elle, en matière de fantômes : elle sait très précisément qui ils sont; elle est bien la seule. Dans le Remarquable Héritage (2012), les jeunes joueurs des Requins de la ville fictive de Rocketville les affrontent sur une patinoire extérieure, de nuit. Les neuf fantômes — Toe Blake, Bill Durnan, Doug Harvey, Aurèle Joliat, Newsy Lalonde, Joe Malone, Howie Morenz, Jacques Plante et Georges Vézina — sont accompagnés pour l’occasion de Maurice Richard. En effet, le Rocket ne serait pas un fantôme du Forum :

Parce que les fantômes qui hantent le Forum sont morts au moment où celui-ci constituait encore le domicile du Canadien. Lorsque le Rocket est décédé, l’équipe avait déjà déménagé au Centre Bell. Comme il n’y a jamais joué, il ne peut le hanter (p. 87).

L’explication est pour le moins confuse : aucun des fantômes supposés n’a joué au Centre Bell…

 

[Complément du 21 janvier 2019]

Dans le Hockey pour les nuls (2018), Richard Labbé décrit quatre matchs des Canadiens dont les fantômes du Forum auraient influencé le cours (p. 82-91). L’auteur est prudent : il ne dit jamais qui seraient ces fantômes. Il note qu’ils n’ont contribué à aucune conquête de la coupe Stanley au Centre Bell (p. 81, p. 234). Surtout, il ajoute au mystère qui les entoure : alors que tous les exégètes s’entendent pour dire que les fantômes exercent leur pouvoir sur les glaces montréalaises, Labbé se demande si les fantômes n’auraient pas accompagné les Canadiens à Boston pour le match contre les Bruins du 8 avril 1971 (p. 83) et à New York pour le match contre les Rangers du 5 mai 1986 (p. 88). Tant de questions, si peu de jours.

 

[Complément du 28 mars 2021]

Serge Bouchard est anthropologue, essayiste, homme de parole. Dans son plus récent recueil de textes, Un café avec Marie (2021), il consacre un texte à un de ses héros en matière de sport, Claude Provost, «Le chandail numéro 14 des Canadiens de Montréal» (p. 30-32). L’éloge est absolu : «Son visage inoubliable devrait se retrouver en trois dimensions au plafond du centre Bell. C’est lui, le vrai fantôme du Forum, la gueule du sacrifice, la gueule du gagnant» (p. 32). Qu’on se le dise.

 

Références

April, Jean-Pierre, «Le fantôme du Forum», Imagine…, 7 (vol. 2, no 3), mars 1981, p. 29-47. Repris dans les Années-lumière. Dix nouvelles de science-fiction réunies et présentées par Jean-Marc Gouanvic, Montréal, VLB éditeur, 1983, p. 31-53 et dans Jean-Pierre April, Chocs baroques. Anthologie de nouvelles de science-fiction, Montréal, BQ, coll. «Littérature», 1991, p. 161-184. Introduction de Michel Lord.

Bouchard, Serge, Un café avec Marie, Montréal, Boréal, coll. «Papiers collés», 2021, 270 p.

Boulianne, Danielle, le Remarquable Héritage. Tome 3 de Bienvenue à Rocketville, L’île Bizard, Éditions du Phœnix, coll. «Œil-de-chat», 34, 2012, 186 p. Illustrations de Jessie Chrétien.

Dionne, Claude, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! Roman, Montréal, VLB éditeur, 2012, 271 p.

Garneau, Richard, «Donny», dans Vie, rage… dangereux (Abjectus, diabolicus, ridiculus). Nouvelles, Montréal, Stanké, 1993, p. 123-149.

Labbé, Richard, le Hockey pour les nuls. Édition Québec, Paris, Éditions First et Éditions de l’Homme, 2018, xix/363 p. Ill.

Marcotte, Gilles, «Au Forum», dans la Mort de Maurice Duplessis et autres récits, Montréal, Boréal, 1999, p. 127-132.

Ménard, Johanne, Connais-tu Maurice Richard ?, Waterloo (Québec), Éditions Michel Quintin, coll. «Connais-tu ?», 5, 2010, 63 p. Illustrations et bulles de Pierre Berthiaume.

Nguyên-Duy, Véronique, «Maurice, ti-Guy, Lulu et la gang», Québec français, 102, été 1996, p. 106-107. https://id.erudit.org/iderudit/58644ac

Roy, Patrick, la Ballade de Nicolas Jones. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 01, 2010, 220 p.

Templeman, Bill, «They Don’t Play Hockey Here Any More : The Montreal Forum’s Chief Ghost Meditates Upon the History of the Game», dans Dale Jacobs (édit.), Ice. New Writing on Hockey. A Collection of Poems, Essays, and Short Stories, Edmonton, Spotted Cow Press, 1999, p. 194-197.

Du nouveau sous le soleil ?

Il y avait la musique néotrad, le néolibéralisme, la néobienséance langagière et le néodiscours lexicographique, le «style néo-Yo» (le Devoir, 15 octobre 2010, p. B10).

Il y a dorénavant le néorustique : «Le néo-rustique traverse les ponts» (la Presse, cahier Gourmand, 8 janvier 2011, p. 5).

On n’arrête pas le progrès, même s’il remonte le temps.

N.B. Le trad est une musique folklorique qui refuse de se dire telle. Elle se décline, au moins, en «Trad, néo-trad, trash-trad et trad trad» (le Devoir, 29 décembre 2003).

N.B. bis. La bible de l’Oreille tendue — le Girodet — le dit : «À l’exception de néo-calédonien néo-hébridais, néo-impressionnisme, néo-impressionniste, néo-zélandais, tous les termes en néo- s’écrivent maintenant en un seul mot, sans trait d’union […]» (p. 517). Elle a évidemment raison contre le Devoir et la Presse.

 

Références

Boulanger, Jean-Claude, «Un épisode des contacts de langues : la néobienséance langagière et le néodiscours lexicographique», dans Marie-Rose Simoni-Aurembou (édit.), Français du Canada – Français de France. Actes du cinquième Colloque international de Bellême du 5 au 7 juin 1997, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, coll. «Canadiana Romanica», 13, 2000, p. 307-324.

Girodet, Jean, Dictionnaire Bordas. Pièges et difficultés de la langue française, Paris, Bordas, coll. «Les référents», 1988, 896 p. Troisième édition.

Voyage en Nouvelle-France

Grand Corps Malade, 3ème Temps, 2010, pochette

Le slameur français Grand Corps Malade a rapporté d’un de ses séjours printaniers «à 6000 bornes de chez [lui]» une ode «À Montréal». Elle se trouve sur l’album 3ème temps (2010).

Ce «touriste plein d’amitié» se promène et regarde : «J’écris des textes sur c’que j’vois.» Il fait la tournée des quartiers (Plateau Mont-Royal, Vieux-Port, Quartier latin, mont Royal, etc.). «Niveau architecture», il voit des choses qui l’étonnent et certaines qui lui rappellent d’autres villes : «Pas d’doute là-dessus, Montréal est la p’tite sœur de New York», même si elle est «la cousine de Paris». Il n’oublie pas de manger des «toasts au sirop d’érable». Il essaie de distinguer «influence anglo-saxonne» et «influence européenne». Grands espaces, «grosses voitures», «rues droites», «interminables avenues» — et tout le toutim : rien ne manque.

Musicien, Grand Corps Malade s’intéresse aussi au «drôle de patois» parlé par «les cousins québécois».

Il essaie de l’imiter : «j’ai chillé sur Sainte-Catherine / Et là j’ai magasiné, pas question d’faire du shopping»; «Je reviendrai à Montréal car j’ai eu bin du fun / Cette ville où les chums ont des blondes et où les blondes ont des chums.»

Il fallait s’attendre à quelques mots sur l’accent. Ils y sont :

J’ai plutôt un bon a priori
Parce que les gens sont accueillants
Y a plus de sourires qu’à Paris
Et puis surtout y a leur accent
Mis à part quelques mots désuets
Ils parlent le même langage que nous
Mais pour l’accent j’sais leur secret
Ils ont trop d’souplesse dans les joues

Cette «souplesse dans les joues» étonnera les linguistes, mais pas qu’eux. C’est en effet une des rares choses originales de la chanson.

Saveurs d’arômes

L’Oreille tendue a déjà relevé combien l’expression à saveur était populaire au Québec.

Trois rappels, à saveur sportive :

«Une équipe canadienne à saveur québécoise au Super Bowl junior» (la Presse, 22 janvier 2004, p. S9);

«Une victoire à saveur québécoise» (la Presse, 13 février 2004, p. S3);

«Une rencontre à saveur d’entraînement» (la Presse, 8 juin 2007, cahier Sports, p. 11).

Il ne faut cependant pas l’oublier : qui dit saveur dit aussi arôme.

Exemple, avec arôme musical :

Ce qui distingue Mille Monarques des autres groupes qui émergent sur la scène montréalaise est sans aucun doute l’usage qu’ils font de la langue française. Au-delà du cliché des paroles poétiques, Mille Monarques nous offre des textes aux arômes naturalistes, symboliques, mystiques, surréalistes, épiques. Ils explorent les éléments que sont la terre, l’eau, l’air et le feu, usent de métaphores animales et organiques fulgurantes, visitant la noirceur pour mieux chercher la lumière, créant ainsi des «chansons tatouages» qui s’incrustent dans la chair.

Une fois constatée la richesse des arômes du groupe Mille Monarques, tous au pluriel — «naturalistes, symboliques, mystiques, surréalistes, épiques» —, on pourra légitimement se demander si les «chansons tatouages» sont des «chansons poison».

Miscellanées de fin d’année

Beau cas (volontaire) d’«alternance codique» (code-switching) sous la plume de l’ami Sylvain Cormier dans le Devoir du 22 décembre 2010, s’agissant d’Emmanuelle Seigner : «Comment un disque aussi bath a pu donner lieu à un spectacle aussi poche, je me le demande encore» (p. B8). Le passage du bath au poche ravit l’Oreille tendue.

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C’est la saison qui veut ça : le médecin est de plus en plus fréquemment appelé à faire un «acte vaccinal». L’invité qui utilisait cette expression sur les ondes de la radio de Radio-Canada le 20 décembre croyait peut-être que le mot vaccin n’était pas assez noble pour être utilisé en ondes.

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Le titre suivant peut bien sûr s’expliquer : «La croissance démographique américaine est en baisse» (le Devoir, 22 décembre 2010, p. B5). Il n’en reste pas moins qu’une «croissance […] en baisse», ça étonne.

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S’agissant d’un nouveau restaurant montréalais : «La déco rétro-saxonne, elle, rappelle le Sparrow ou encore le Liverpool House, dans le quartier Saint-Henri» (la Presse, 9 décembre 2010, cahier Affaires, p. 10). «Rétro-saxonne» ?

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On connaissait déjà écoresponsable. Voici maintenant francoresponsable. Cela se trouve dans le quotidien le Soleil du 19 décembre : «L’Hôtel Château Laurier mise désormais sur le français pour se distinguer auprès de la clientèle touristique, même celle anglophone.» Dans la Vieille Capitale, parler français est désormais un signe de distinction.

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Le site FailQc comporte une rubrique «Traduction boboche», où l’on récolte des aberrations de traduction, souvent involontairement comiques. On y fait des découvertes stupéfiantes, ici par exemple.

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Le sous-marin québecquois de l’Oreille tendue attire son attention sur un aspect d’une campagne publicitaire déjà abordée au début décembre, mais qu’elle n’avait pas commenté alors. Elle avait indiqué combien lui paraissait typographiquement dangereuse l’adresse 0droguepourmoi.ca. Pour comprendre la syntaxe de la phrase qui se trouve sous cette adresse — «Renseigne-toi sur les effets de la drogue et comment tu peux dire non» —, il faut connaître la version anglaise — «Find out the effects of drugs and how you can say no». Ce zeugme syntaxique est peut-être moins spectaculaire que ce que l’on trouve chez FailQc, mais il est nettement plus pernicieux. Voilà un beau cas de ce que Gaston Miron appelait, notamment dans le Voyage en Mironie de Jean Royer, le «traduitdu» :

On naît dans cet état linguistique et l’on s’imagine que c’est ça, la langue, jusqu’au moment où l’on s’aperçoit que sa langue est faussée par la traduction, que sa langue est dominée par une autre qu’elle traduit. Ce que j’ai appelé «le traduitdu», le charabia ou «le traduitdu» (p. 112).

 

Référence

Royer, Jean, Voyage en Mironie. Une vie littéraire avec Gaston Miron, Montréal, Fides, 2004, 282 p.