Chantons la langue avec Gilles Vigneault, bis

Gilles Vigneault, le Nord du Nord, 1968, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Gilles Vigneault, «Ah ! que l’hiver», le Nord du Nord, 1968

 

Ah ! que l’hiver tarde à passer
Quand on le passe à la fenêtre
Avec des si et des peut-être
Et des vaut mieux pas y penser
L’homme est parti pour travailler
La femme est seule seule seule
L’homme est parti pour travailler
La femme est seule à s’ennuyer

Ah ! que le jour tarde à venir
Quand on se lève avec l’étoile
Et on a beau lever la toile
La nuit s’étire à plus finir
L’homme est parti c’est au chantier
La femme est seule seule seule
L’homme est parti c’est au chantier
La femme est seule à s’ennuyer

Ah ! que le jour est donc pas long
Que la noirceur vient donc d’avance
Quand l’homme est loin c’est pas la danse
Il faut rester à la maison
L’homme a bûché et charroyé
La femme seule seule seule
L’homme a bûché et charroyé
La femme est seule à s’ennuyer

C’est du dedans c’est du dehors
La femme attend l’homme voyage
Il y a beau temps il y a bel âge
Depuis la vie jusqu’à la mort
L’homme est porté à voyager
La femme est seule seule seule
L’homme est porté à voyager
La femme reste à s’ennuyer

Excuse les fautes et le papier
Mais j’étais pas maîtresse d’école
J’tiens la maison j’tiens ma parole
Ti-Jean est arrivé premier
J’sais que t’es parti pour travailler
J’tiens la maison j’fais pas la folle
J’sais que t’es parti pour travailler
Mon désennui c’est d’m’ennuyer

Ils ont parlé d’un gros moulin
Au lac d’En-Haut ça ferait d’la gagne
C’est ptêt des plages sur les montagnes
Mais j’t’aurais du soir au matin
T’auras fini de t’éloigner
C’est ptêt des plages sur les montagnes
T’auras fini de t’éloigner
J’aurai fini de m’ennuyer

Avant d’donner ma lettre à Jean
J’aimerais te dire en post-scriptum
Que la maison quand y a pas d’homme
C’est comme un poêle éteint tout l’temps
J’t’embrasse encore avant d’signer
Ta talle d’amour, ta Rose, ta Jeanne
J’t’embrasse encore avant d’signer
Ta Rose-Jeanne bien-aimée

 

P.-S.—Bis ? Parce que.

Chantons la langue avec Serge Gainsbourg

Serge Gainsbourg, l’Étonnant Serge Gainsbourg, 1961, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Serge Gainsbourg, «En relisant ta lettre», l’Étonnant Serge Gainsbourg, 1961

 

En relisant ta lettre je m’aperçois que l’orthographe et toi ça fait deux
C’est toi que j’aime
(Ne prend qu’un m)
Par-dessus tout
Ne me dis point
(Il en manque un)
Que tu t’en fous
Je t’en supplie
(Point sur le i)
Fais-moi confiance
Je suis l’esclave
(Sans accent grave)
Des apparences
C’est ridicule
(C majuscule)
C’est aussi bien
Tout ça m’affecte
(Ça c’est correct)
Au plus haut point
Si tu renonces
(Comme ça se prononce)
À m’écouter
Avec la vie
(Comme ça s’écrit)
J’en finirai
Pour ne garder
(Ne prend qu’un d)
Tant de rancune
T’as pas de cœur
Y a pas d’erreur
(Là y en a une)
J’en mourirai
(N’est pas français)
N’comprends-tu pas ?
Ça s’ra ta faute
Ça s’ra ta faute
(Là y en a pas)
Moi j’te signale
Que gardénal
Ne prend pas d’e
Mais n’en prend qu’un
Cachet au moins
N’en prend pas deux
Ça t’calmera
Et tu verras
Tout r’tombe à l’eau
L’cafard, les pleurs
Les peines de cœur
O E dans l’O

 

P.-S.—Vous préférez l’interprétation de Barbara ? C’est ici.

 

Chantons la langue avec Jean-Louis Foulquier

Jean-Louis Foulquier, album Foulquier, 1993, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Jean-Louis Foulquier, «Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom», Foulquier, 1993

 

Amoco Cadiz, amanite, Sahel
Chrysanthème, canine, morsure, varicelle
Mygale, tarentule, épine, porte-avions
Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom

Fourmilière, aiguille, acide et calice
Le chemin des Dames, cercueil, cicatrice
Cyclone, ouragan, camisole, typhon
Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom

Guillotine, cirrhose, nuit blanche, les Baumettes
Mirador, Stasi, syphon, baïonnette
Fleury-Mérogis, la rue Lauriston
Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom

Amygdale, pavot, vérole, aspirine
Ecchymose, ortie, sanglot, carabine
Carmélite, javel, cobra, Charenton
Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom

Camora, péplum, cyanure, mafioso
Tian’anmen, amen, rasoir et ciseau
Ostie, Vatican, Jean-Marie, mormon
Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom

Picador, arène, dollar et cédille
Ouragan, menottes, acide, Tchernobyl
Atome et neutron, neurone et citron
Et toi, c’est quoi ton p’tit nom ?

 

Chantons la langue avec Shawn Jobin

Shawn Jobin, Tu m’auras pas, 2013, pochette

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Shawn Jobin, «Au nom d’une nation (Tu m’auras pas)», Tu m’auras pas, 2013

 

Quand j’y pense
Chus seulement une fleur de lys
Qui pousse au pied d’l’érable
Mais on couche dans l’même lit
Comme si on pointe l’Arabe
Lorsqu’un triche sur l’autre
On lui serre la main en disant
C’est pas d’ma faute
C’est pas d’la faute
C’est vouloir le contrôle
Sur la langue du futur
Bref l’anglais
Le français reste bien dans l’angle mort
Du rétroviseur de l’assimilation
Parmi la nation du peuple francophone
Quand on s’parle
C’t’une culture qui résonne
Dans les couloirs des châteaux de l’Angleterre
J’veux un pays libre et non un presbytère
J’veux pas qu’on s’sépare
J’veux juste parler français
Dans toute le Canada
Bref dans mon pays
C’est l’tien aussi
Donc enlève ton étiquette de minorité
Pis nous l’avons bâti aussi
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
J’ai mal au cœur
Lorsque j’vois l’ignorance des anglophones
Qui rêvent de not’ retour en France
Des Maritimes jusqu’en Colombie-Britannique
Y compris les Territoires
On s’serre les coudes lorsqu’y fait noir
Les Fransaskois
Les Franco-Manitobains
Louis Riel Gabriel Dumont se sont battus pour le bien
Pour une cause
Pour que les gens comprennent
Que la fleur de lys peut aussi pousser sur les plaines
Pas les plaines d’Abraham
Les plaines remplies d’avoine
À vrai dire elle pousse partout
Jusque dans les montagnes
Mon cadavre a perdu du sang ô grand méchant loup
Donc la culture laissant une larme sur sa joue
Mais si tu comprends mes mots dans cette chanson
Tu fais partie des remparts qui protègent la nation
Tu tiens dans tes mains le pouvoir de semer des graines
De lys pour l’amour de la francophonie
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation

 

Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation
Avec la télé
Non tu m’auras pas
Avec la radio
Non tu m’auras pas
Avec les médias
Non tu m’auras pas
Au nom d’une nation
Plus d’assimilation

 

Chantons la langue avec Émile Bilodeau

Émile Bilodeau, Grandeur mature, 2019, pochette

(Il n’y a pas que «La langue de chez nous» dans la vie. Les chansons sur la langue ne manquent pas. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Émile Bilodeau, «Candy», Grandeur mature, 2019

 

Mon nom c’est Andy mais tout le monde m’appelle Candy
Même quand j’suis sûr comme un?bonbon, j’ai jamais raison
Parce?que j’connais pas grand-chose dans vie
J’fais des affaires illégales de manière très amicale
Je sais qu’le monde va mal mais pour moi tout est normal
Parce que j’connais pas grand-chose dans vie
À part que le rose c’est joli
Autant sur les gens qu’en dedans
Là j’parle des vêtements et du sang
Bien évidemment que
J’connais pas grand-chose dans vie
À part qu’les chauve-souris ont des cheveux
C’est curieux
Est-ce qu’elles nous auraient menti ?
Candy, can’t you see
Que je suis candide
Qu’en dis-tu, toi ?
Quand tu m’vois pleurer de joie
La vie est vide de sens si
On n’saisit pas la chance qu’on a
De vivre à fond à chaque fois
T’as raison
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Certes, on vit dans un certain confort
Faique, ça sert à rien de s’faire du tort
Avec nos trolls au Sénat
Pis le pétrole d’Alberta
Dans les deux cas ça pue pis ça coûte cher
Ici on a des gars qui auront pu de salaire
Parce que demain la shop va fermer
Pourtant tout le monde sait que c’tait ben subventionné
La crosse est finie
Les boss sont partis
Vers leur retraite dorée
Avec la poudre d’escampette et la poudre au nez
Après ça on dit
Qu’c’est moi l’criminel ici
Candy, can’t you see
Que je suis candide
Qu’en dis-tu, toi ?
Quand tu m’vois pleurer de joie
La vie est vide de sens si
On n’saisit pas la chance qu’on a
De vivre à fond à chaque fois

Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête
Okay d’abord
J’vais arrêter d’m’en faire avec le sort de ma communauté
Même si en Ontario y en ont pas trop, trop d’école franco
S’excuser de vivre en français
C’est comme demander
J’peux tu respirer là s’il-vous-plaît
Mais jamais nous nous mettrons à genoux
Whatever you tell us to do
Mais jamais nous nous mettrons à genoux
Whatever you tell us to do
Sortons et allons faire la fête
Arrêtons de s’prendre la tête
Sortons et allons faire la fête