Gainsbourg du jour

Le jour où l’Oreille tendue se cherchera un indicatif musical, elle pourrait le trouver chez le Serge Gainsbourg de la chanson, de 1961, «Les mots inutiles», aussi appelée «De Vienne à Vienne» ou «Le dernier souvenir».

Refrain :

Les mots sont usés jusqu’à la corde
On voit l’ennui au travers
Et l’ombre des années mortes
Hante le vocabulaire
Par la main, emmène-moi hors des lieux communs
Et ôte-moi de l’idée
Que tu ne peux t’exprimer
Que par des clichés

 

Modeste contribution à un dictionnaire des synonymes journalistiques

Dans l’ordre habituel (21 caractères) : de gauche à droite (18 caractères)

Affaires (vraies ~) (Québec) : argent

Asseoir (s’) (Québec) : parler

Boulon : plus petit commun dénominateur du mythe

Capitale : ville, village, hameau où se tient une activité

Citoyens : voir société civile

Énigmatique : Russie (voir steppes)

Historique : première occurrence cette semaine d’un événement

Limousine (Québec) : poste de ministre (merci à @gpinsonm19). En France : strapontin

Longue maladie : cancer (plus rarement : sida)

Néo : presque ancien

OVNI : je manque de vocabulaire, reconnaît un journaliste

Périple (Québec) : déplacement de joueurs de hockey

Précision (Québec) : nous avons merdé, dixit, du bout des lèvres, le quotidien la Presse de Montréal

Saga : activité récurrente

Société civile : voir citoyens

Steppes : Russie

Terrains de football (unité de mesure) : étendu

Tsunami (un ~ de) : beaucoup

Visage de la pauvreté : pauvreté sans visage

Nouveaux conseils (titrologiques) à un jeune critique

Le jeune critique doit faire face à plusieurs difficultés. Parmi elles, le choix d’un titre percutant. Il devra se méfier impérativement des titres éculés.

Exemples de titres à fuir comme la peste.

Un roman coup-de-poing

Un poète entre tradition et modernité

Un ovni littéraire / théâtral / cinématographique (voir ici)

Écrire à livre ouvert

Un ouvrage fascinant qui se laisser dévorer… (pour un livre de cuisine)

X a passé le test du deuxième roman (merci à @david_turgeon)

P.-S. — Ce conseil s’ajoute à ceux déjà prodigués par l’Oreille tendue le 17 février et le 2 mai 2014.

Dix questions d’avant-match

Les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — risquent l’élimination ce soir contre les Rangers de New York. Cela oblige l’amateur, ce gérant d’estrade, à se poser des questions.

(Ces questions ne sont pas sans rapport avec les clichés énumérés par l’Oreille tendue le 14 mai dernier.)

Les Montréalais pourront-ils forcer la tenue d’un septième match ?

Y aura-t-il des passagers ou tous les joueurs seront-ils impliqués ?

Seront-ils capables de puiser dans leurs ressources ? Joueront-ils du hockey inspiré ?

Qui se lèvera et élèvera son jeu d’un cran ? Le joueur clutch, cet homme des grandes occasions, ce money player, se manifestera-t-il ?

Un gardien sera-t-il plus fumant que l’autre ?

Le personnel d’entraîneurs saura-t-il apporter les ajustements nécessaires ?

Quelle équipe réussira la première à se forger une avance, voire une avance confortable ? Cette équipe pourrait dicter l’allure du match. Pour cela, il n’est pas plus mal de sortir des blocs gonflé à bloc (oui, c’est une diaphore).

Qui fermera les livres ?

Tant de questions, si peu de temps de glace.

P.-S. — Les expressions en italique ci-dessus rejoignent celles qui se trouvent dans Langue de puck. Abécédaire du hockey, le petit livre que faisait paraître l’Oreille tendue chez Del Busso éditeur en mars dernier.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

 

24 clichés pour le match de ce soir

Les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — seront à Boston ce soir pour affronter les Bruins de l’endroit. Une des deux équipes sera éliminée.

Que dire en prévision de cette partie ?

1. Y en aura pas de facile.

2. Il faut donner son 110 %.

3. Nos meilleurs joueurs doivent être nos meilleurs joueurs.

4. Ça peut aller d’un côté comme de l’autre.

5. Ça va se jouer sur la glace.

6. Tout peut arriver.

7. C’est un match sans lendemain.

8. Il faut se présenter.

9. Il faut exécuter.

10. Travailler fort, y compris dans les coins, voilà la recette.

11. La puck devra rouler pour nous autres.

12. Ça n’est pas fini tant que ça n’est pas fini.

13. Il faut respecter le plan de match.

14. Il faut jouer du hockey structuré.

15. Tous les détails — les petites choses — vont compter.

16. Les unités spéciales joueront un rôle crucial; il faudra être discipliné.

17. Un match, ça dure soixante minutes, d’où l’importance de sortir fort en première.

18. Il est hors de question d’accepter le moindre relâchement.

19. Il est essentiel d’imposer son momentum à l’autre équipe.

20. L’équipe gagnante aura — évidemment — marqué plus de buts que l’autre, mais elle aura aussi été responsable défensivement.

21. On ne doit pas jouer du bout du bâton ou sur les talons (c’est pareil); ce serait le signe qu’on croule sous la pression.

22. Un joueur qui n’est pas prêt à payer le prix ne devrait pas être habillé.

23. On ne sait jamais.

24. Laissons les joueurs s’exprimer.

P.-S. — L’inspiration de ce billet est venue d’un tweet de @mcgilles.

P.-P.-S. — Beaucoup de ces expressions se trouvent dans Langue de puck. Abécédaire du hockey, le petit livre que faisait paraître l’Oreille tendue chez Del Busso éditeur en mars dernier.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture