La clinique des phrases (107)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit les deux phrases suivantes, tirées d’une chronique parue dans un quotidien montréalais :

Je soumets que cette prudence est l’attitude à adopter cette fois encore.

Une autre chose me semble s’imposer : donner aux élèves et aux étudiantes et étudiants une «littératie digitale» qui leur permettra de comprendre comment fonctionnent ces outils, quelles en sont les possibilités, mais aussi les limites et les dangers, et comment rester critique face à eux et en être un usager responsable.

Deux phrases, deux anglicismes juteux : soumettre que et digitale, à moins que «littératie digitale» ne renvoie au fait d’apprendre à compter sur ses doigts.

Donc :

Je crois que cette prudence est l’attitude à adopter cette fois encore.

Une autre chose me semble s’imposer : donner aux élèves et aux étudiantes et étudiants une «littératie numérique» qui leur permettra de comprendre comment fonctionnent ces outils, quelles en sont les possibilités, mais aussi les limites et les dangers, et comment rester critique face à eux et en être un usager responsable.

À votre service.

P.-S.—L’éducation est entre bonnes mains.

La clinique des phrases (zzzz)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante, tirée d’un récit récent publié au Québec :

Malgré tout, je vivais une enfance à la hauteur de l’énergie que déployait ma mère pour subsister à notre bonheur.

«Subsister à notre bonheur» ? L’Oreille avoue son incompréhension.

Essayons ceci :

Malgré tout, je vivais une enfance à la hauteur de l’énergie que déployait ma mère pour subvenir à notre bonheur.

À votre service.

La clinique des phrases (yyyy)

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(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Deux phrases, tirées d’un essai québécois récent :

«À quelque part, la fatigue me motive à vivre des vies par procuration […]»;

«À quelque part, je refuse probablement le vide».

L’Oreille l’a déjà dit et répété (c’est une autre de ses guerres perdues d’avance) : quelque part n’a besoin ni de à, ni de en, bien au contraire. Ces prépositions sont parfaitement inutiles; certains diraient que leur emploi est fautif.

Donc :

«La fatigue me motive à vivre des vies par procuration […]»;

«Je refuse probablement le vide».

À votre service.

P.-S.—L’Oreille se passerait volontiers, en règle générale, de quelque part. On pourrait lui reprocher son intransigeance en ce domaine.

La clinique des phrases (xxxx)

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(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la consigne suivante, tirée d’une infolettre :

En cas de fièvre, votre enfant doit rester à la maison jusqu’à sa disparition.

Ainsi formulée, la phrase est claire : une fois votre enfant mort, il peut quitter la maison, mais pas avant. On a déjà vu conseil plus éclairé.

Faisons moins cruel :

Votre enfant doit rester à la maison jusqu’à la disparition de sa fièvre.

À votre service.

La clinique des phrases (wwww)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la phrase suivante :

Il faut se rappeler que c’est relativement récent que c’est l’État qui offre l’éducation à tous et à toutes et que celle-ci est, dans ses écoles, obligatoire durant un certain nombre d’années.

Ce double «c’est» n’est pas particulièrement heureux; c’est le moins qu’on puisse dire.

Essayons ceci :

Il faut se rappeler qu’il est relativement récent que l’État offre l’éducation à tous et à toutes et que celle-ci est, dans ses écoles, obligatoire durant un certain nombre d’années.

À votre service.

P.-S.—Signalons encore, dans le même texte, un synonyme inutile : «plus précisément son droit à un avenir ouvert, à un avenir non fermé».