Une nouvelle pièce d’équipement ?

Les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — jouent leur premier match présaison ce soir. Profitons de l’occasion pour ajouter une expression à la langue de puck.

Nous avons déjà vu qu’il n’est jamais recommandé de jouer en tenant son bâton trop serré.

En entrevue, hier, dans la Presse+, l’entraîneur des Canadiens a utilisé une expression, liée au bâton, que ne connaissait pas l’Oreille tendue :

La première chose que j’ai remarquée chez [Artturi Lehkonen], à London, c’est à quel point il avait un bon bâton, confie [Michel] Therrien. Dans le hockey d’aujourd’hui, la robustesse est encore importante, mais le jeu est tellement rapide que ça prend un bon sens du hockey, et l’une des premières choses qu’on apprend à nos joueurs, c’est d’avoir un bon bâton.

C’est noté. Merci.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

Du sapin passé

Sapin de Noël, 24 décembre 2021

Soit la phrase suivante, de l’ex-défenseur Guy Lapointe, dans une entrevue donnée à la Presse+ : «[Benoît] Pouliot avait été extraordinaire en séries à Sudbury. [Carey] Price aussi m’avait impressionné. Un soir où on était allés le voir, il avait donné un sapin de la ligne rouge en première période, mais il ne s’était pas laissé abattre» (20 mars 2016).

Qu’est ce que ce «sapin» qui n’a pas abattu le futur gardien des Canadiens de Montréal — c’est du hockey ?

Qui se fait passer un sapin, un Québec, se fait avoir, se fait «rouler» (dixit le Petit Robert, édition numérique de 2014).

Carey Price a donné un but qu’il n’aurait pas dû donner, du centre de la patinoire («la ligne rouge»). Ce soir-là, il a été eu, puis il s’est repris.

P.-S. — On peut aussi se faire passer un Québec : «Il reste une certitude, c’est que Québec ne pardonnera pas de s’être fait “passer un Québec”, comme on dit dans le langage courant» (l’Événement, 1959, cité dans le Colisée contre le Forum, p. 272). Ce n’est pas plus agréable.

 

[Complément du 31 mars 2016]

Visite de l’Oreille tendue chez l’orthodontiste ce matin, pour son fils cadet. Celui-ci devra incorporer une nouvelle pratique à son hygiène dentaire quotidienne : se passer le sapin (une petite brosse) tous les soirs.

 

[Complément du 22 novembre 2024]

Étymologie proposée dans la Presse+ du jour : «Personne ne l’avouera, mais des individus ont déjà intégré en douce des planches de sapin baumier dans une livraison de bois d’œuvre. Ces planches de qualité inférieure se craquellent. De là vient l’expression “se faire passer un sapin”.»

 

Référence

Cantin, Philippe, le Colisée contre le Forum. Mon histoire du hockey. Tome 1, Montréal, La Presse, 2012, 538 p. Ill.

Langue de puck et de Québec

Cet après-midi, l’Oreille tendue sera à Québec, au Musée de la civilisation, pour parler de la langue du hockey (renseignements ici).

Elle utilisera nombre d’exemples, notamment ceux qui suivent.

«Y a des finales jusqu’au mois d’mai» (Dominique Michel, «Hiver maudit : j’haïs l’hiver», chanson 1979).

«Béliveau purgeait une mineure sur le banc des punitions» (phrase citée par Jacques Bobet, «Chronique (sans ironie) sur la presse sportive française», p. 175).

«le gros 61 loge un boulet sous le biscuit du gardien» (Patrick Roy, la Ballade de Nicolas Jones, p. 187).

«La députée libérale Lucienne Robillard a annoncé hier qu’elle accrochait ses patins politiques» (le Devoir, 5 avril 2007).

Dans House of Cards, le personnage de Leann Harvey (Neve Campbell) «joue dur dans les coins de patinoire» (la Presse+, 10 mars 2016).

«Si la nature est ton amie, tu pognes un deux meunutes» (Erika Soucy, les Murailles, p. 30).

«C’était le tombeur de la poly, celui qui niaisait pas avec la puck pis qui t’amenait à son chalet c’était pas trop long» (Erika Soucy, les Murailles, p. 86-87).

«À une époque où les pucks étaient faites de crottin» (Loco Locass, «Le but», chanson, 2009).

«Vite, vite, qu’on en finisse avec ce centenaire qui a duré 100 ans. Leurs bras meurtris ne tendent plus le flambeau, ils nous assomment avec» (Yves Boisvert, la Presse, 4 décembre 2009).

«les fantômes ont failli» (Patrick Roy, la Ballade de Nicolas Jones, p. 16).

Claude Dionne, Sainte Flanelle, gagnez pour nous !, 2012.

«Jeu-questionnaire. Connaissez-vous votre flanelle ?» (la Presse+, 26 décembre 2015)

 

Références

Bobet, Jacques, «Chronique (sans ironie) sur la presse sportive française», Liberté, 57 (10, 3), mai-juin 1968, p. 175-187. https://id.erudit.org/iderudit/60373ac

Dionne, Claude, Sainte Flanelle, gagnez pour nous ! Roman, Montréal, VLB éditeur, 2012, 271 p.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Roy, Patrick, la Ballade de Nicolas Jones. Roman, Montréal, Le Quartanier, coll. «Polygraphe», 01, 2010, 220 p.

Soucy, Erika, les Murailles, Montréal, VLB éditeur, 2016, 150 p.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

Langue de (gestion de) puck

Il n’y a pas lieu de s’en étonner : le vocabulaire de la gestion est désormais présent dans la langue du hockey, comme il l’est dans toutes les sphères de la vie sociale.

Il fut un temps où il y avait des entraîneurs adjoints. Ce sont devenus des entraîneurs associés. (Les dirigeants de grandes surfaces y ont pensé avant les gérants d’équipes sportives.)

On leur confie, comme à tous les membres de l’équipe de direction, des mandats, pour lesquels ils doivent être imputables. On les invite aussi à relever des défis.

Dans la société, certains génèrent de la richesse. Sur la glace, d’autres génèrent de l’attaque ou des occasions de marquer.

Les mots dominants en cette matière sont gérer et gestion, et l’analyste sportif Marc Denis, au Réseau des sports, en est particulièrement friand. Quatre exemples, parmi mille : «gestion de rondelle dans sa zone» (3 février 2012); gestion, par le gardien, du «trafic devant son filet» (3 février 2012); «gestion de la possession de la rondelle» (1er mai 2014); «gestion d’un match par un gardien de but» (22 mai 2014).

On n’arrête pas le progrès.

P.-S. — Merci à @jeanmilot qui a jadis attiré l’attention de l’Oreille tendue sur cet aspect de la langue de puck.

 

[Complément du 3 juillet 2018]

La mémoire est la faculté qui oublie. L’Oreille a déjà abordé cette question… le 22 avril 2014.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture

Le hockey, sport maritime

Dans son livre sur le lexique du hockey, Langue de puck (2014), l’Oreille tendue signalait que ce sport a une forte dimension liquide : on peut faire prendre une tasse de café à un adversaire, l’embouteiller dans sa zone, même si son coup de patin est fluide, sans avoir besoin de se paqueter un club.

Le hockey a aussi une dimension maritime.

L’équipe perdante baisse pavillon. Le filet du gardien de but pourrait sortir de ses amarres (mais c’est un contresens : le filet n’est pas retenu par un cordage). D’un cerbère qui s’agite, étendu, généralement à l’embouchure de sa cage, on dit qu’il nage. Bien qu’il ne soit pas possible de faire une passe dans le courant, on peut en faire une à contre-courant; il ne faut cependant pas qu’elle soit flottante. On s’attend à un effort constant de tous les membres de l’équipe : pas de passager, décrète-t-on.

Tout cela sur la glace, ce qui est un brin paradoxal.

 

Référence

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey, Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p. Préface de Jean Dion. Illustrations de Julien Del Busso.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014), couverture