Y a pus d’enfant

Le modèle québécois, cette façon distincte de gérer la vie sociale, a accouché d’un nouvel enfant, à côté de l’enfant régulier : l’enfant sporadique.

Cette créature fréquente les services de garde des écoles du Québec, mais de façon irrégulière. D’où des propos comme ceux-ci, lisibles sur plusieurs sites : «Tel que défini par le ministère de l’Éducation du Québec, un enfant sporadique est un enfant fréquentant le service de garde deux jours et moins par semaine et au moins 2 h 30 par jour»; «Le sporadique est l’enfant qui est inscrit une journée ou deux par semaine, cet enfant ne reçoit pas la subvention.» Voilà, c’est clair : «Enfant sporadique (non subventionné par le gouvernement).»

L’enfant sporadique est-il un enfant occasionnel ? Pour certains, ce dernier est un «enfant gardé aux journées pédagogiques seulement», ce qui le distingue radicalement du premier. Chez d’autres, c’est moins clair : on voit des «enfants sporadiques ou occasionnels», voire un «enfant sporadique occasionnel». Le débat est ouvert.

Quoi qu’il en soit de son issue, une chose est sûre : un enfant sporadique ou un enfant occasionnel, c’est bien peu de chose.

Les vraies affaires ?

Moment de trouble, hier, devant ceci :

Collège Villa-Maria, rue Monkland, Montréal, 25 août 2009
Rue Monkland, Montréal, 25 août 2009

Dans un premier temps, il a fallu que l’Oreille tendue décode l’organisation des informations. «Propriété privée», ça allait, mais ça se corsait par la suite.

Fallait-il lire de façon indépendante «Défense d’entrer sans affaires» et les trois pictogrammes ou fallait-il plutôt imaginer d’invisibles deux-points entre les mots et les images ?

Dans le premier cas, il y aurait eu des «affaires», non définies, en plus d’une interdiction de promener son chien, de fumer une cigarette et de jeter des détritus (ou de semer trois graines de quelque chose).

Dans le second, les «affaires» auraient été le chien, la cigarette et les détritus (ou les graines). Cette hypothèse paraissait peu plausible.

Dès lors, retour à la case départ : des «affaires», certes, mais quelles «affaires» ? Heureusement qu’il y a l’anglais, pour rappeler que «business» et «affaires», dans certains cas, sont synonymes — mais pas dans celui-ci.

Ironie de l’histoire (de l’affaire ?) : cela se trouve à l’entrée d’un collège huppé (et bilingue) de Montréal.

 

[Complément du 17 mai 2018]

Autre explication du pictogramme mystérieux, gracieuseté de Twitter : «Another juggler gives up on his dreams

«Another juggler gives up on his dreams.»

FRONTispice

Vu ceci hier, rue Drolet, à Montréal, qui a laissé l’Oreille tendue perplexe :

Le FRONT, rue Drolet, à Montréal, 30 juin 2009

Que sont ces «options non traditionnelles» ? Sont-elles éducatives ? Familiales ? Sexuelles ? Non : «Femmes Regroupées en Options dites Non Traditionnelles est un regroupement national de femmes qui travaillent ou étudient dans des secteurs d’emploi traditionnellement masculins.»

Heureusement qu’il y a Internet pour faire taire son imagination.

À il et à elle 002

Vous évaluez une thèse dans une université montréalaise ? Ça ne sera pas simple, surtout si vous suivez les consignes :

La doyenne, le doyen transmet à chaque membre du jury un exemplaire du texte de la thèse ainsi que le formulaire d’évaluation et lui précise l’échéance pour la transmission du rapport. Elle, il informe l’auteur, l’auteure de la thèse de la composition du jury. […] Sur recommandation du Sous-comité, la doyenne, le doyen désigne, parmi les membres du jury, une présidente, un président du jury qui doit normalement être rattaché à l’Université.

Ne faudrait-il pas écrire «rattaché, rattachée» ? Ou bien «rattaché(e)» ? Oubedon «rattaché / e» ? Elle, il s’interroge.

À il et à elle 001

Voici de quelle façon, en 2004, une université non montréalaise expliquait comment brancher son ordinateur aux projecteurs disponibles dans les salles de cours :

Si vous êtes : 1. étudiant […]; 2. une personne chargée de cours […]; 3. un(e) professeur(e).

Trois formes de (non-)féminisation pour trois types de clientèle. À lui / elle de choisir.