Le mélange des genres

Illustration tirée de la bande dessinée les Casseurs d’André-Paul Duchateau et Christian Denayer (1988)

 

«Tabar-fucking-nak !» dit la «coiffeuse anglo» de Nicolas Langelier (2016, p. 24).

Sur Twitter, @msoleil_ faisait remarquer un jour que «tabarfuck» est utile «en cas de rencontre petit orteil / patte de table».

Dans Facebook, @revi_redac a croisé «tabarnafuck».

Le Québec est un espace où les langues se touchent au quotidien.

 

Illustration tirée de la bande dessinée les Casseurs d’André-Paul Duchateau et Christian Denayer (1988).

 

Références

Duchateau, André-Paul et Christian Denayer, les Casseurs. Match-poursuite. Une histoire du journal Tintin, Bruxelles et Paris, Éditions du Lombard, coll. «Les casseurs», 15, 1988, 48 p. Repris dans Denayer & Dûchateau, les Casseurs. L’intégrale, Bruxelles, Le Lombard, 2010, vol. 5.

Langelier, Nicolas, «La folle aventure», Nouveau projet, 10, automne-hiver 2016, p. 19-25.

Après la couverture…

Benoît Melançon, l’Oreille tendue, 2016, couverture

…voici la quatrième de couverture du prochain livre de l’Oreille tendue, à paraître dans quelques semaines chez Del Busso éditeur.

 

Essayiste, professeur et éditeur, Benoît Melançon est l’auteur de plusieurs livres remarqués : Les yeux de Maurice Richard (2006); Écrire au pape et au Père Noël (2011); Langue de puck (2014); Le niveau baisse ! (2015). En 2012, il recevait du gouvernement du Québec sa plus haute distinction en matière de qualité et de rayonnement de la langue française, le prix Georges-Émile-Lapalme.

L’Oreille tendue reprend 300 textes publiés sur son blogue.

Avoir l’oreille tendue…

…c’est se souvenir que son grand-père disait slices pour sandwichs.

…c’est regarder, sourire en coin, le plombier qui déplore la problématique de son tuyau.

…c’est réentendre une chanson où il était question des djos de Ginette.

…c’est retrouver intact, au détour d’un discours, un mot oublié depuis quarante ans.

…c’est lire ou regarder la télévision, crayon à la main, à la recherche du mot rare, de l’expression incongrue, de l’invention spectaculaire, du tic à la mode.

…c’est s’interroger en entendant des tournures comme passer un tapis, faire du pouce sur mon voisin, prédécéder, avoir une poignée dans le dos, être swag, se garder une petite gêne, gosser les poils de grenouille.

…c’est prendre la langue au sérieux, sans montée de lait, mais en pestant à l’occasion.

Illustration de la couverture : Samuel Cantin

Alimentation linguistique

Les produits de la fromagerie La ChaudièreLa fromagerie La Chaudière (Lac-Mégantic, Québec) — slogan : «Un produit aux accents bien de chez nous» — aime les expressions populaires québécoises. Elle en a choisi quelques-unes comme marques de commerce.

L’Oreille tendue a déjà abordé Tiguidou, Ayoye, Rightrou, Tabarouette (juron mou).

Il faudra, un jour, qu’elle se penche sur Déguédine (injonction de mouvement).

Youpelaï ? Fou raide ? Mamamia ? Bingo ? Skouik skouik ? Menoum ? Ce ne devrait par être nécessaire.

Ben d’adon ? On verra.

P.-S. — Merci à Marie-Hélène Voyer et à René Audet pour le filon.

Autopromotion 261

Un segment de l’émission Plus on est de fous, plus on lit !, qu’anime Marie-Louise Arsenault à la radio de Radio-Canada, est consacré à la définition de mots beaucoup présents dans l’espace public.

L’Oreille tendue a déjà eu l’occasion d’y réfléchir à débat, puis à expert.

Cet après-midi, entre 14 h et 15 h, elle abordera le mot authenticité. Elle n’essaiera pas d’être authentique : promis juré.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien ici.

L’analyse linguistique des discours de Donald Trump dont l’Oreille a parlé se trouve .

Hier, c’est aujourd’hui

En 2004, le Dictionnaire québécois instantané, que cosignait l’Oreille tendue, avait une entrée «rationalisation, rationaliser» :

En termes clairs : congédier. «Dans le but de simplifier sa structure de gestion et d’exploitation, Canoë rationalise son effectif en ligne en supprimant 65 postes dans l’ensemble de ses établissements au Canada, ce qui représente une réduction d’environ 30 % de son personnel» (le Devoir, 16 août 2000) (p. 186).

Ces mots étaient rattachés à d’autres : «compressions», «déficit zéro», «faire plus avec moins», «gras (couper dans le ~)» et «gras dur», «néolibéral», «réingénierie», «restructuration», «sous-traitance».

Depuis douze ans, l’Oreille avait l’impression que rationalisation était tombé en obsolescence.

Que nenni : «La Laurentienne emprunte à son tour la voie de la rationalisation», titre le Devoir du jour (p. B1). Le sous-titre montre bien qu’il s’agit toujours des mêmes types de comportement : «La banque éliminera 300 postes et fusionnera 50 succursales, mais le syndicat l’accuse de chercher à diviser pour mieux imposer son modèle.»

Dont acte.

P.-S. — Des synonymes pour rationaliser ? Par ici.

 

Référence

Melançon, Benoît, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, Montréal, Fides, 2004 (deuxième édition, revue, corrigée et full upgradée), 234 p. Illustrations de Philippe Beha. Édition de poche : Montréal, Fides, coll. «Biblio-Fides», 2019, 234 p.

Benoît Melançon, en collaboration avec Pierre Popovic, Dictionnaire québécois instantané, 2004, couverture