Avec ou sans bines

Yves Beauchemin, le Matou, éd. de 2007, couverture

Dans une aventure antérieure, nous avons croisé la binerie, cet endroit où l’on sert des bines (des fèves au lard). La plus célèbre, notamment grâce au roman le Matou (1981) d’Yves Beauchemin, est la Binerie Mont-Royal, qui est toujours en activité ici.

Le dictionnaire numérique Usito étend cette définition : «Familier. Commerce ou entreprise de petite taille, générant peu de revenus.»

La forme négative est fréquente : «L’accusation provient des Nations unies, qui n’est pas précisément la binerie d’à côté» (la Presse+, 10 juillet 2025).

À votre service.

 

Référence

Beauchemin, Yves, le Matou. Édition définitive, Montréal, Fides, 2007, 669 p. Édition originale : 1981.

Fil de presse 055

Charles Malo Melançon, logo, mars 2021

Première récolte estivale de livres et de numéros de revue sur la langue.

Arzoumanov, Anna, Juger les mots. Liberté d’expression, justice et langue, Arles, Actes Sud, 2025, 176 p.

Bottineau, Didier, Yves Macchi et Marine Poirier (édit.), ChronosyntaxeS. Approches processives et dynamiques de la construction du sens, Lille, Presses universitaires du Septentrion, coll. «Philosophie & linguistique», 2025, 282 p.

Calvé, Pierre, le Français grandeur nature. Portrait et défense d’une langue vivante, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2025, 180 p.

Deloor, Sandrine, Des pilotis pour la sémantique. Contribution à une épistémologie de la discipline, Paris, Classiques Garnier, coll. «Domaines linguistiques», 25, série «Grammaires et représentations de la langue», 15, 2025, 313 p.

Études diachroniques, 3, 2025, 246 p. Dossier «Le vieillissement dans la langue», sous la direction d’Agnès Steuckardt, Gaétane Dostie et Béatrice Dal Bo.

European Journal of Language Policy, 17, 1, avril 2025.

Ferrer, Véronique, Jean-Louis Fournel et Mathieu de La Gorce (édit.), Renaissances 2. Pré-histoire de la catégorie : les mots en contexte (XIIe-XVIIIe siècle), Genève, Droz, coll. «Histoire des idées et critique littéraire», 535, 2025, 560 p.

Friedman, Victor A. et Brian D. Joseph, The Balkan Languages, Cambridge, Cambridge University Press, 2025.

Humphries, Emma, Linguistic Insecurities and Authorities. 19th- and 21st-century Language Commentary on French, Philadelphie, John Benjamins Publishing Company, coll. «IMPACT : Studies in Language, Culture and Society», 54, 2025, xv/262 p.

La Langue par la bande. Tome 2. 28 autres expressions québécoises en bandes dessinées, Québec, Les Publications du Québec, 2025, 80 p.

Lidil, 71, 2025. Dossier «L’adjectif, les adjectifs : regards linguistiques et didactiques», sous la direction de Jacques David et Fanny Rinck.

Maurer, Bruno, Grammaire française de l’intersubjectivité. Théorie du langage. Description grammaticale. Pratiques didactiques, Paris, Honoré Champion, coll. «Bibliothèque de grammaire et de linguistique», 75, 2025, 464 p.

Milin, Rozenn, la Honte et le châtiment. L’imposition du français : Bretagne, France, Afrique et autres territoire, Ceyzérieu, Champ vallon, 2025, 384 p.

Le Moyen Français, 94, 2024, 290 p. Dossier «Voyages réels et imaginaires — Actes du VIIIe colloque de l’AIEMF (Lafayette College, 2021)».

Pivot, Bénédicte et Anne-Christel Zeiter (édit.), Langues et précarités, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2025, 259 p.

Porée, Anne-Laure, la Langue de l’Angkar. Leçons khmères rouges d’anéantissement, Paris, La Découverte, coll. «À la source», 2025, 256 p.

Schnedecker, Catherine, Grammaire des pronoms «indéfinis» désignant la personne. Description linguistique fondée sur l’usage, Paris, Classiques Garnier, coll. «Domaines linguistiques», 24, 2025, 512 p.

Spinney, Laura, Proto. How One Ancient Language Went Global, Bloomsbury, 2025, 352 p.

Vaugelas, Claude Favre de, Remarques sur la langue françoise, Paris, Classiques Garnier, coll. «Classiques jaunes», 804, 2025, 940 p. Édition de Wendy Ayres-Bennett.

Williams, Geoffrey, Mathilde Le Meur et Andrés Echavarría Peláez (édit.), West Meets East. Papers in Historical Lexicography and Lexicology from Across the Globe, Berlin, Language Science Press, coll. «World Histories of Lexicography and Lexicology», 2025.

Langue de puck, en anglais

Patins accrochés

Dans une vidéo de YouTube aujourd’hui disparue, l’Oreille tendue exposait, glace à l’arrière-plan, une vérité cru(ell)e : elle patine sur la bottine. Oui, c’est de la langue de puck.

Lisant le roman Twenty Miles (2007) de Cara Hedley, elle découvre que la personne qui souffre de cette incapacité à patiner bien droit dans ses bottes s’appelle un(e) «ankle-burner» (brûleur de cheville). On dirait aussi «bender» (plieur).

C’est noté, merci.

 

[Complément du 16 septembre 2025]

Pour le meilleur et pour le pire, la vidéo a été retrouvée ici.

 

Références

Hedley, Cara, Twenty Miles, Toronto, Coach House Books, 2007, 205 p.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Coulées d’irrationalité

Pissotière, Liège, 2010

 

Soit ce message sur Bluesky :

Message sur Bluesky, 24 juin 2025 contenant les mots «humeur du matin»

L’«humeur du matin» désignerait un caprice de la pensée : X, en se levant, a décidé que Y s’appliquerait. Aucune justification ne lui serait nécessaire.

Le français populaire du Québec connaît une variation un peu plus crue de cette expression : «trouver dans ses urines du matin». Exemple : Le ministre a trouvé sa politique des toilettes scolaires dans ses urines du matin.

À votre service.

P.-S.—L’urine, on s’en souviendra, ne relève pas de la théorie des humeurs.

Traduction (quasi) simultanée

Tomson Highway, Dry Lips Oughta Move to Kapuskasing, 1989, couverture

Quand elle était petite — ça ne date pas d’hier —, l’Oreille tendue a souvent entendu l’expression «shit la marde». C’était un bel exemple de traduction (quasi) simultanée : le passage de «shit» à «marde» était presque instantané (et inutile, non ?).

Cela lui est revenu à la lecture de Dry Lips Oughta Move to Kapuskasing, une pièce de théâtre, en anglais, en cree et en ojibway, de Tomson Highway (1989). On y trouve en effet «shit la marde» décliné de plusieurs façons : sans point d’exclamation (p. 29), ou avec (p. 81, p. 103), sans «holy» (p. 34), ou avec (p. 29, p. 81, p. 103), parfois ramené à «shit la ma…» (p. 122). On déplorera cependant un «shit la merde» (p. 95) du plus mauvais goût.

Voilà l’Oreille retombée en enfance.

 

Référence

Highway, Tomson, Dry Lips Oughta Move to Kapuskasing, Saskatoon, Fifth House, 1989, 134 p.