Cachez ce pronom relatif que je ne saurais voir

Un ex-collègue de l’Oreille tendue, grammairien de son état, lui disait un jour que le pronom relatif était une des choses les plus difficiles à expliquer en classe.

Confirmation publicitaire en p. A10 du Devoir du 3 juin.

Publicité fautive de Georges Laoun opticien

Ce «La raison que notre pub est en couleur !» l’aurait sûrement conforté dans sa position.

Amours contrariées

Per Olov Enquist, Une autre vie, 2010, couverture

Les raisons de lire Une autre vie (2008), l’autobiographie de Per Olov Enquist, ne manquent pas : la force des mots, l’importance du sport, l’art de la variation, l’absence d’apitoiement sur soi.

Sa lecture est malgré tout accompagnée de menus désagréments.

Tel un quelconque ministre du gouvernement fédéral canadien, un ancien premier ministre suédois aurait eu un «agenda» politique : «Olof Palme ravit leur agenda aux jeunes libéraux […]» (p. 171). Non, sauf s’il leur a vraiment fauché un «Carnet sur lequel on inscrit jour par jour ce qu’on doit faire, ses rendez-vous, ses dépenses, etc.» (le Petit Robert, édition numérique de 2010).

La comédienne danoise Johanne Luise Heiberg, comme n’importe quel chef d’État britannique, a raconté sa vie. Ses Mémoires auraient été «relues et écourtées par ses amis» (p. 358). Non : le mot est masculin. (Au moins, la majuscule initiale, elle, y est.)

Enquist tient un journal intime : «À cinq heures de l’après-midi, décide de quitter» (p. 434). Les Suédois partageraient-ils avec les Québécois la méconnaissance de certain verbe transitif ?

À ses heures, l’Oreille tendue fait dans l’édition. Elle est donc fort marrie de lire un ouvrage où les capitales ne sont pas accentuées et où les guillemets anglais (“ ”) sont préférés aux français (« »).

C’est tout. (Ça va mieux.)

 

Référence

Enquist, Per Olov, Une autre vie. Récit, Arles, Actes Sud, coll. «Lettres scandinaves», 2010, 475 p. Traduction de Lena Grumbach et Catherine Marcus. Édition originale : 2008.

Langue universelle

On se demande parfois si la francophonie existe pour vrai. Il suffisait d’assister à quelques tables rondes du Salon du livre de Paris — ce que l’Oreille tendue a fait il y a quelques jours — pour trouver réponse à cette question. La multiplication des problématique, au niveau de, quelque part, opportunité et voire même indique bien que le français est une langue universelle. Ses tics sont les mêmes des deux côtés de l’Atlantique.

 

[Complément du jour]

Sur Twitter, @francisroyo parle d’«atlantics». L’Oreille tendue regrette de ne pas y avoir pensé.

Leçon d’anatomie

En légende d’une photo dans un quotidien : «Bruny Surin incarnera Michelot Antoine, un fier-à-bras avec des remords de conscience[,] dans le nouveau film de Marie-Ange Barbancourt» (la Presse, 10 décembre 2010, cahier Arts et spectacles, p. 1).

Avoir des remords ? L’Oreille tendue peut comprendre. Mais des remords de conscience ? Cela lui échappe. Connaissez-vous quelqu’un qui a déjà eu des remords de genou ? De pied gauche ? Où sont les remords sinon dans la conscience ?

P.-S. — L’expression est fréquente au XVIIIe siècle (Marivaux, Rousseau, Fréron, les Nouvelles ecclésiastiques, les Lettres édifiantes et curieuses des Jésuites) ? L’Oreille n’en disconvient pas. Ça ne la réconcilie pourtant pas avec elle.