De la douchette

Selon le Petit Robert (édition numérique de 2007), deux sortes de douchettes existent. Il y a l’«Appareil fixé à l’extrémité d’une alimentation en eau, percé de petits trous, qui permet la distribution de l’eau en pluie» et il y a l’«Appareil servant à la lecture des codes à barres».

Pourquoi le rappeler ?

Parce qu’Éric Chevillard aborde la question, et la chose, dans son recueil Dans la zone d’activité (p. 51), ce qui lui permet cette remarque linguistique plus générale :

C’est triste à dire mais le français moderne n’est pas moins décontenancé que le latin d’église lorsqu’il s’agit de nommer une réalité nouvelle, laquelle relève le plus souvent de la technique et nous arrive, telle Billy Holiday, inévitablement parée d’un nom américain. Le lexicologue de notre administration invente alors un vocable systématiquement malencontreux.

Démonstration, s’agissant du deuxième sens de douchette :

On croirait le cri du Québécois dans la tempête ou ce créole naïf de l’enfant qui se risque pour la première fois dans la langue.

Ça se discute.

 

Référence

Chevillard, Éric, Dans la zone d’activité, Saint-Cyr-sur-Loire, publie.net, 2008, 66 p. Édition numérique. Mise à jour le 21 septembre 2009.

Tu ?

Les études sur l’usage du tutoiement en littérature sont peu nombreuses (voir deux références ci-dessous). Il faut donc se réjouir de la parution récente d’un article de Catherine Volpilhac-Auger sur cette question, plus précisément sur l’utilisation du tu et du vous dans la traduction des textes antiques au XVIIe et, surtout, au XVIIIe siècle. Conclusions : «Étranger, et étrange, le tutoiement autorise les nuances, mais se présente aussi comme l’exception chez la plupart des traducteurs […]» (p. 561); «on ne peut que constater l’usage parcimonieux d’un tu réservé à des cas très exceptionnels […]» (p. 564).

Autre leçon à tirer de ce texte : «C’est dire que l’usage complémentaire du vous et du tu est ressenti, et cela sans grand changement jusqu’à l’époque révolutionnaire, comme une des ressources les plus fécondes du français, ou plutôt que le tutoiement, ressenti comme exceptionnel, ressortit à un mode toujours particulier d’expression, et toujours digne d’intérêt» (p. 557).

Spécialistes des lettres anciennes et modernes, au travail.

 

Références

Bray, Bernard, «Quelques remarques sur la deuxième personne épistolaire et sur son mode d’emploi», dans Anne Chamayou (édit.), Éloge de l’adresse. Actes du colloque de l’Université d’Artois. 02-03 avril 1998, Arras, Artois Presses Université, coll. «Cahiers scientifiques de l’Université d’Artois», 14, 2000, p. 15-25.

Grimaud, Michel, «Tutoiement, titre et identité sociale. Le système de l’adresse du Cid au Théâtre en liberté», Poétique, 77, février 1989, p. 53-75.

Volpilhac-Auger, Catherine, «De vous à toi. Tutoiement et vouvoiement dans les traductions au 18e siècle», Dix-huitième siècle, 41, 2009, p. 553-566.