L’oreille tendue de… Caroline Muller et Frédéric Clavert

Caroline Muller, avec Frédéric Clavert, Écrire l’histoire, 2025, couverture

«Ce livre est le résultat des travaux qui ont suivi : pendant près de huit ans, nous avons scruté les pratiques des historiens et historiennes. Nous les avons écoutés en séminaire, dans les colloques ou tables rondes auxquels on nous a conviés; et tendu l’oreille lorsqu’une question méthodologique était abordée autour de nous.»

Caroline Muller, avec Frédéric Clavert, Écrire l’histoire. Gestes et expériences à l’ère numérique, Paris, Armand Colin, 2025, 201 p., p. 16. Préface d’Antoine Prost.

Les zeugmes du dimanche matin et de Marie-Hélène Voyer

Marie-Hélène Voyer, Précieux sang, 2025, couverture

«après un mois
à chiquer d’la gomme
pis à se limer les ongles
derrière sa Singer
elle a monté en grade
est devenue surveillante de section
toujours en train
de mémérer au contremaître
qu’on allongeait nos pauses
qu’on levait la pédale
qu’on volait
des boutons du fil
deux trois secondes
au temps compté» (p. 140)

 

«dans l’atelier ça craquait de partout
pas juste entre nous

tout a toujours été de travers
dans cette réguine-là

les planchers croches
les murs qui plient
les regards louches
pis les mauvais calculs
du gars de la paye» (p. 143)

Marie-Hélène Voyer, Précieux sang suivi de Voir avec des yeux de chair, Saguenay, La Peuplade, coll. «Poésie», 2022, 196 p.

 

P.-S.—L’Oreille tendue a présenté ce texte le 1er octobre 2025.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

La voie des classiques

Laurent Mauvignier, Quelque chose d’absent qui me tourmente, 2025, couverture

En 1986, Daniel Milo soulignait combien importe, dans la mémoire littéraire, la toponymie. Choisir d’honorer un écrivain — moins souvent une écrivaine — en donnant son nom à un lieu, c’est le faire sortir du rang.

Laurent Mauvignier fait allusion à quelque chose de semblable dès la première page de son récent livre d’entretiens avec Pascaline David (2025) :

Il n’y avait pas de livres à la maison, rien donc qui me prédestinait à l’écriture, à part peut-être les noms des rues autour de chez nous, qui portaient toutes des noms d’écrivains — des noms que j’aimais pour leur étrangeté poétique : Alfred de Musset, George Sand, Victor Hugo (p. 13).

Il faut toujours être attentif aux panneaux de signalisation.

P.-S.—En effet, cela a un rapport avec la réflexion de l’Oreille tendue sur les classiques.

 

Références

Mauvignier, Laurent, Quelque chose d’absent qui me tourmente. Entretiens avec Pascaline David, Paris, Éditions de Minuit, coll. «Double», 149, 2025, 182 p. Édition originale : 2020.

Milo, Daniel, «Les classiques scolaires», dans Pierre Nora (édit.), les Lieux de mémoire II. La nation ***, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque illustrée des histoires», 1986, p. 517-562. Ill.

Curiosité voltairienne (et british)

Anne Hébert, Kamouraska, éd. de 1973, couverture

«The Queen ! Toujours the Queen ! C’est à mourir de rire. Qu’est-ce que cela peut bien lui faire à Victoria-au-delà-des-mers qu’on commette l’adultère et le meurtre sur les quelques arpents de neige, cédés à l’Angleterre par la France ?»

Anne Hébert, Kamouraska. Roman, Paris, Seuil, 1973, 249 p., p. 44. Édition originale : 1970.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide (1759), le conte de Voltaire, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Le zeugme du dimanche matin et de Samuel Mercier

Samuel Mercier, Les mauvais jours finiront, 2025, couverture

Steven Guilbault «s’est empressé d’avouer avoir goûté à la “désobéissance civile” dans son jeune temps, sans jamais avoir pour autant sombré dans la violence — il s’est bien gardé de préciser qu’il a depuis détruit son cœur d’enfant, ses rêves de jeunesse et la possibilité d’un monde meilleur».

Samuel Mercier, Les mauvais jours finiront. Hommage aux indésirables, Montréal, Lux, coll. «Lettres libres», 2025, 197 p., p. 82.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)