Accouplements 249

Bière Candide, de la brasserie Bockale

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Saramago, José, Histoire du siège de Lisbonne. Roman, Paris, Seuil, coll. «Points», P619, 1992, 341 p. Traduction de Geneviève Leibrich. Édition originale : 1989.

«les mots ne peuvent être transmis à la légère de maintenant à jadis et de jadis à maintenant, il faut être prudent, sans quoi aussitôt quelqu’un dit, Je ne comprends pas» (p. 33).

Magnan, André, Voltaire. Candide ou l’Optimisme, Paris, Presses universitaires de France, coll. «Études littéraires», 18, 1987, 125 p.

«“Optimisme” ne dit plus, en 1987, que nos humeurs quotidiennes — l’optimisme raisonnable de M. le Ministre ou de la météo du week-end. “L’Optimisme” de 1759-1761 disait quelque chose comme le Meilleur-mondisme» (p. 11 n. 1).

«“Candide ou [candide est ?] l’Optimisme”. Risquons la transposition : “Nunuche ou le Leibnizianisme”» (p. 12).

Les zeugmes du dimanche matin et de Kev Lambert

Kev Lambert, les Sentiers de neige, 2024, couverture

«Odette déambule sur ses talons hauts qui lui font perdre l’équilibre mais jamais le sourire, droit et blanc, qui ne quitte pas son visage» (p. 85).

«Les voix forment un tissu enveloppant qui remplit les temps morts des conversations, on passe d’une discussion à une autre, change de place pour quitter un sujet ennuyeux ou un vieil oncle sourd, on parle à une belle-sœur qu’on n’a pas vue depuis un an» (p. 89).

«l’œuvre pontificale distribuait dans les villages des portraits de jeunes enfants et des miettes de supériorité morale» (p. 127).

«On les fait entrer. Zoey traverse le corridor en silence, et dépose son sac au fond de sa case. Justine Picard parle fort, énumère les cadeaux qu’elle a reçus, évoque les destinations rocambolesques qu’ont choisies ses parents pour se faire griller la couenne au soleil, dévoile son bronzage et ses souvenirs de voyage, elle sort de son sac une tortue colorée qui bouge la tête» (p. 405).

Kev Lambert, les Sentiers de neige. Conte d’hiver, Montréal, Héliotrope, 2024, 412 p.

 

(Une définition du zeugme ? Par .)

L’oreille tendue de… Simenon

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge, éd. de 1942, couverture

«Tous deux, au même moment, tendirent l’oreille. On percevait un bruit anormal, dont il était difficile de préciser la provenance. Enfin ils se tournèrent vers la porte qui communiquait avec le réduit voisin.

C’était Mme Flament qui pleurait, toute seule dans son coin, à petits sanglots réguliers, les deux bras repliés sur sa machine à écrire, le visage dans les bras.»

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 329-448 et 1539-1551, p. 394. Édition originale : 1942. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

Comparaison inattendue (et animale) du jour

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge, éd. de 1942, couverture

«François se sentait vide comme il ne l’avait jamais été, vide et propre à la façon d’un animal que le boucher vient de débarrasser de ses entrailles, de toutes ses parties molles, et dont il a lavé et gratté soigneusement la peau.»

Georges Simenon, la Vérité sur Bébé Donge. Roman, dans Pedigree et autres romans, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de la Pléiade», 553, 2009, p. 329-448 et 1539-1551, p. 353. Édition originale : 1942. Édition établie par Jacques Dubois et Benoît Denis.

Accouplements 248

Marivaux et Steeman, couvertures, montage

(Accouplements : une rubriquel’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux œuvres, ou plus, d’horizons éloignés.)

Marivaux, la Double Inconstance, dans Théâtre complet. Tome premier, Paris, Bordas, coll. «Classiques Garnier», 1989, p. 237-315 et 1053-1059. Texte établi, avec introduction, chronologie, commentaire, index et glossaire par Frédéric Deloffre. Nouvelle édition, revue et mise à jour avec la collaboration de Françoise Rubellin. Édition originale : 1723.

«Lisette. — Pourquoi me demandez-vous cela ?
Arlequin. — Eh pour le savoir» (acte I, scène VI, p. 268).

Steeman, Stanislas-André, L’assassin habite au 21, Paris, Le livre de poche, coll. «Le livre de poche policier», 1965, 192 p. Ill. Édition originale : 1939.

«— Pour… Pourquoi me de… demandez-vous cela ?
— Pour le savoir ! répondit Strickland, imperturbable» (p. 77).