«C’est désolant, navrant, follement difficile de se voir opérer cette machinerie lourde qu’est la langue française avec des mains pleines de pouces.»
Vickie Gendreau, Testament. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 60, 2012, 156 p., p. 83.
« Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler » (André Belleau).
«C’est désolant, navrant, follement difficile de se voir opérer cette machinerie lourde qu’est la langue française avec des mains pleines de pouces.»
Vickie Gendreau, Testament. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 60, 2012, 156 p., p. 83.
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)
À l’ère numérique, les notes (marginales, de bas de page, de fin de chapitre, de fin d’ouvrage) sont-elles encore utiles ?
Tim Parks, dans The New York Review of Books (13 septembre), croit que non, du moins pas dans tous les cas ni avec la même précision.
Do readers need to know that Yale University Press is based in New Haven and Knopf in New York ? How does this add to their ability to track down a quotation ? Once one has the title and the surname of the author, do we really need the author’s initials or first name […] ? But the real question is, are we never going to acknowledge that modern technology has changed things ?
Dans The New Yorker (5 septembre), Nathan Heller croit que si.
This augmentative beauty is what’s lost when back matter is banished to a third literary space like the Internet. Books are not a perfect technology — they may not even, at this point, be the best technology for reading — but they’re exquisitely compact. […] When you leave for a beach weekend, you do not need to pack a novel and its final chapters separately; no one spends hours searching her bookshelves for the endnotes to a volume in her hand. («I feel like I just saw them yesterday !») So why are publishers forcing readers to do that on laptops ? The reading of books, we’re often told, is imperilled. If that’s true, we ought not be driven toward increased distraction.
L’Oreille, elle, aime les notes — où qu’elles soient.
Il y a eu — et il continue d’y avoir — des livres consacrés complètement aux grèves étudiantes de 2012 au Québec. L’Oreille tendue en propose une liste, sûrement incomplète, ici.
Il y a eu des romanciers qui leur ont fait allusion, par exemple Vickie Gendreau (2012), Claire Legendre (2013), Sophie Létourneau (2013) ou William S. Messier (2013), ainsi que des bédéistes (là). Autre liste évidemment incomplète.
Et on a aussi chanté le Printemps érable. C’est l’objet d’un article de Sarah Elfassy-Bitoun, paru en 2013 dans Dire. Revue des cycles supérieurs de l’Université de Montréal. L’auteure avait alors repéré six chansons, originales ou ajustées aux événements du jour : «Casseroles» de Damien Robitaille, «Casseroles» de Trois gars su’l sofa, «Jeudi 17 mai» d’Ariane Moffatt, «Monsieur l’président» de Jean-François Lessard, «Lipdub rouge» de Marc-Antoine Doyon et Véronique Dagenais, «Le Printemps québécois. Quand le peuple s’éveille…» de Mario Jean (sur un texte de Georges Moustaki). Troisième liste prévisiblement incomplète.
[Complément du 18 septembre 2014]
Ce billet rédigé, l’Oreille découvre une liste de plus de… trente chansons liées au Printemps érable, surtout créées par des amateurs. À lire sur le site les Tribulations d’un mouton marron, le 18 février 2013.
[Complément du 28 septembre 2014]
L’Oreille tendue essaie de ne pas louper un épisode du podcast musical de Ma mère était hipster, Oreille gauche / oreille droite. Pourtant, elle avait raté celui du 29 août (douzième épisode). Voilà pourquoi elle ne connaissait pas l’album Bernhari, qui porte sur le Printemps érable. Elle s’en veut.
Références
Elfassy-Bitoun, Sarah, «Emprunt et création musicale durant le Printemps érable : quel avenir pour la chanson contestataire ?», Dire. Revue des cycles supérieurs de l’Université de Montréal, 22, 1, hiver 2013, p. 12-19.
Gendreau, Vickie, Testament. Roman, Montréal, Le Quartanier, «série QR», 60, 2012, 156 p.
Legendre, Claire, Vérité et amour. Roman, Paris, Grasset, 2013, 302 p.
Létourneau, Sophie, l’Été 95, Montréal, Le Quartanier, coll. «Nova», 5, 2013, 49 p.
Messier, William S., Dixie. Roman, Montréal, Marchand de feuilles, 2013, 157 p. Ill.
Les Canadiens de Montréal — c’est du hockey — n’avaient plus de capitaine. La Presse+ du 15 septembre faisait le portrait des «favoris pour porter le “C”». Parmi ceux-ci, le défenseur P.K. Subban :
Un maître. Malgré son grand charisme et son humour, il est aussi capable de «sortir la cassette» quand vient le temps de discuter de dossiers chauds.
Autre exemple, emprunté au Métier critique (2014) de Catherine Voyer-Léger :
Malheureusement, il arrive trop souvent que ce type d’articles nous fasse lire ou entendre la même entrevue partout avec un artiste qui a fait du speed-dating avec des journalistes, n’ayant pas beaucoup d’autres choix que de répéter une cassette, d’autant plus que les questions semblent souvent formatées (p. 87-88).
Qu’est-ce que cette «cassette» que l’on «sort» ou que l’on «répète» ? Des déclarations préparées à l’avance, comme si elles étaient pré-enregistrées, et qui ne veulent rien dire. Le contraire d’une parole spontanée.
Pour combien de temps encore cette expression sera-t-elle compréhensible, la cassette étant désormais au musée ?
P.-S. — Depuis la parution de l’article de la Presse+, on a appris que les Canadiens n’auront pas de capitaine attitré pour commencer la saison 2014-2015, mais plutôt quatre assistants-capitaines : quatre joueurs seront donc capitaines adjoints d’une équipe sans capitaine.
[Complément du 3 octobre 2017]
Si l’on en croit la Presse+ du jour, la cassette serait aussi un aliment : «S’accrochant désespérément à sa cassette prédigérée, la ministre [Mélanie Joly] semble pratiquer une sorte d’autisme politique.»
[Complément du 4 mars 2018]
Le mot va tellement de soi au Québec que le Devoir des 3-4 mars titre un de ses articles «De la cassette au livre» (Magazine D, p. 28-29) sans ressentir le besoin d’en expliquer le sens.
[Complément du 11 juin 2022]
Variation dans la Presse+ du jour : «Monsieur Paul, comme l’appelait ma collègue Louise Cousineau, mène des entrevues serrées et refuse d’entendre des réponses cassettes.»
Illustration : Grahamuk, «Tdkc60cassette», 2004, photo déposée sur Wikimedia Commons
Référence
Voyer-Léger, Catherine, Métier critique. Pour une vitalité de la critique culturelle, Québec, Septentrion, 2014, 209 p.
(Accouplements : une rubrique où l’Oreille tendue s’amuse à mettre en vis-à-vis deux textes d’horizons éloignés.)
Dans le Devoir des 6-7 septembre 2014, sous la signature de Christian Desmeules (p. F1) :
Peut-on échapper à l’éternel retour du narrateur enfant dans notre littérature ?
Dans une lettre de Raymond Chandler à Alex Barris, le 16 avril 1949 :
Tous les jeunes scénaristes et les jeunes metteurs en scène s’y sont essayés. «Faisons de la caméra un personnage»; à un moment ou à un autre, on a entendu ça à toutes les tables de Hollywood (éd. 1970, p. 145).
En matière de procédé : du pareil au même.
Référence
Chandler, Raymond, Lettres, Paris, Union générale d’éditions, coll. «10/18», 794, 1970, 309 p. Traduction de Michel Doury. Préface de Philippe Labro.