L’oreille tendue de… Tristan Saule

Tristan Saule, Et puis on aura vu la mer, 2024, couverture

«Aucun son. Depuis l’intérieur, on n’entend même plus le crépitement de l’incendie. Sabrina répète le prénom de Romane en traversant les pièces vides du rez-de-chaussée. Une cuisine vide. Un bureau vide. Une salle de bains vide. Elle s’interrompt par moment pour tendre l’oreille. Si Romane est bâillonnée, sa voix est peut-être étouffée. Dans le salon, où de l’air chaud s’engouffre par la porte-fenêtre brisée, Alexeï a le menton posé sur la poitrine, les mains et les pieds liés. “C’est juste un petit bobo”, pense Sabrina, avant de réaliser que cela n’a aucun sens. Aucun petit pansement ne sauvera plus le jeune homme.»

Tristan Saule [pseudonyme de Grégoire Courtois], Et puis on aura vu la mer. Roman. Chroniques de la place carrée. IV, Montréal, Le Quartanier, coll. «Parallèle», 05, 2024, 341 p., p. 321

P.-S.—L’Oreille tendue apprécie fort le travail de cet auteur. Voir ceci, par exemple.

L’oreille tendue de… Michel Lacroix

Michel Lacroix, Cécile et Marx, 2024, couverture

«J’aime la relecture de l’écologisme, du féminisme et du mouvement des droits des minorités comme attention au “monde proche” développée par [Pierre] Nepveu : “Chaque fois, écrit-il, un pouvoir, une souveraineté, une hégémonie sont appelés à reconsidérer ce qui paraissait petit, marginal, inférieur, négligeable, effacé et le plus souvent méprisé.” Cette éthique convie à tendre l’oreille, à écouter la parole discrète, qui se cache, s’interrompt avant d’avoir eu lieu. Non pas celle des vox pop, qui incite le premier venu à gonfler sa voix, à répondre à des questions qui ne sont pas les siennes, à faire entendre la doxa dans sa propre voix, non : plutôt celle qui hésite un peu à se confier, celle qui porte en elle des années de conscience silencieuse, qu’on n’entend jamais dans les médias, écrasée par la parole des personnes puissantes, privilégiées ou expertes (dont je suis, quoi que j’en dise).»

Michel Lacroix, Cécile et Marx. Héritages de liens et de luttes, Montréal, Varia, coll. «Proses de combat», 2024, 239 p., p. 166.

L’oreille tendue de… Yves Laroche

Nouaison. Revue littéraire, volume 3, 2001, couverture

«Qu’il ait été entendu comme une recommandation (il faut tendre l’oreille) ou une constatation (l’oreille est tendre), le thème du dossier d’essais sur la poésie de la troisième Nouaison aura permis de creuser le rapport entre la poésie et la musique, le rythme, le silence, l’écoute, la parole, le roman, dans des lieux aussi divers que l’école, les musées, les sanctuaires, le lit, les pays étrangers, le surréalisme, les œuvres des Anciens, de Montaigne, Victor Hugo, Léopold Sédar Senghor, Jacques Brault et Clarisse Tremblay. Tous les essayistes de Nouaison nous invitent à tendre l’oreille et à capter les échos du monde afin d’en avoir une meilleure compréhension.»

Yves Laroche, pour le comité de rédaction, «Tendre l’oreille», Nouaison. Revue littéraire, 3, 2001, p. 9-10, p. 9. Revue publiée par les éditions Le griffon d’argile.