De la lecture et de ses rythmes

Bernard Pivot, le Métier de lire, 1990, couverture

«Les cadences de lecture sont différentes selon la nature des livres. On n’avance pas au même rythme, c’est l’évidence, dans un Dumézil que dans un Chandler, dans un Bourdieu que dans un Simenon, dans un Le Goff que dans un Castelot, dans un Claude Simon que dans un Denuzière, sur un Char que sur La Bicyclette bleue.»

Bernard Pivot, le Métier de lire. Réponses à Pierre Nora, Paris, Gallimard/le Débat, 1990, 193 p., p. 91.

P.-S. — Il n’y a pas que «la nature des livres» qui change les «cadences de lecture». Voir ici.

Citation limpide du jour

Le comité de travail «propose de considérer cet objectif comme un enjeu majeur et de l’arrimer à des outils clairement établis dans les règles du nouveau programme pour en garantir une opérationnalisation effective».

Bien sûr.

Ne pas avoir du plomb dans l’aile

La Presse+, 11 septembre 2013

 

Au Québec, pour mesurer l’appétit sexuel et la capacité de le satisfaire, on évoque la mine dans le crayon. Il vaudrait mieux en avoir beaucoup que pas assez.

C’est à cela que renvoyait un titre de la Presse+ le 11 septembre dernier.

De virer

Publicité, Montréal, 2013

 

Il y a quelques semaines, l’Oreille tendue disait un mot de l’importance de la langue populaire québécoise dans le roman Panache. 1. Léthargie (2009) de Sylvain Hotte. Ce n’est pas moins vrai de sa suite, Attaquant de puissance (2010). Prenons un exemple précis, qu’affectionne (euphémisme) l’auteur : virer.

Le mot peut avoir le sens d’aller : «Hier, en fin de journée, je suis allé virer au lac avec mon quatre-roues» (2009, p. 11, incipit).

Hotte l’utilise à plusieurs reprises au sens de tourner (2009, p. 23, p. 46, p. 107) ou de se transformer : «Et j’ai entendu un moteur deux temps se mettre à pétarader au démarrage puis à virer comme un rasoir» (2009, p. 149).

Dans un lit, c’est signe d’insomnie ou de mauvais sommeil : «J’ai viré d’un bord et de l’autre sous mes couvertures en ne pensant qu’à elle» (2010, p. 30).

Qui cède à l’imbibition, au lieu de prendre une brosse, peut virer une brosse (2009, p. 91).

À se promener trop vite sur un «quatre-roues», on risque d’être renversé, de virer sur le côté (2010, p. 18), voire de virer sur le top.

Le narrateur de Sylvain Hotte — c’est le même dans les deux romans — se tord la cheville : «j’ai viré ma cheville droite» (2010, p. 34). Ses vêtements sont mouillés : «J’ai fait virer la sécheuse» (2010, p. 55).

Virer peut donc avoir, au-delà de ceux consignés dans les dictionnaires du français de référence, des sens nombreux au Québec. Ce n’est pas une raison pour virer fou (2009, p. 184).

 

Références

Hotte, Sylvain, Panache. 1. Léthargie, Montréal, Les Intouchables, coll. «Aréna», 1, 2009, 230 p.

Hotte, Sylvain, Attaquant de puissance, Montréal, Les Intouchables, coll. «Aréna», 2, 2010, 219 p.