Ne pas confondre

Un esprit pressé pourrait croire que picpic n’est qu’une onomatopée imitant le son d’un quelconque volatile ne dédaignant pas se servir de son bec. Le pic fait picpic. Ce serait trop simple.

En effet, picpic désigne au Québec quelque chose d’amateur, de mal conçu — bref, pour le dire dans le même registre, de broche à foin. C’est à cela que devait penser Pierre Filiatrault en choisissant le titre de l’ouvrage qu’il vient de faire paraître : Si notre service à la clientèle fait picpic, appuyez sur le 1 (Montréal, Éditions Transcontinental, 2009, 144 p.). La portée universelle de ce titre n’est peut-être pas ce qu’elle devrait être.

 

[Complément du 18 janvier 2025]

La graphie pic-pic est aussi commune, comme dans cette phrase de la Presse+ du jour : «Régulièrement à la télé québécoise, on voit des personnages manipuler des gobelets de café vides ou des tasses qui ne contiennent aucun liquide. Et ça fait pic-pic.»

Nouvelle catégorie sociale ?

La revue de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) porte bien son nom : Découvrir. L’Oreille tendue y découvre en effet, dans le dernier numéro (vol. 30, no 5, novembre-décembre 2009, p. 4), l’existence d’une nouvelle (?) catégorie sociale : «Le contenu de cette revue est reproduit sur serveur vocal par l’Audiothèque pour les personnes handicapées de l’impriméL’Oreille craint que cela fasse beaucoup de monde, aveugle ou pas.

Exemple à ne pas suivre

«Les enjeux linguistiques sont de différentes natures, mais ils convergent tous vers le même débat fondamental entre la domination et l’alliance des langues, ou plutôt entre une domination exercée par des êtres sociaux locuteurs, l’économie et la culture avec laquelle ils organisent les échanges à leur avantage sur des territoires réels et virtuels, appauvrissant ainsi l’ensemble, et une alliance qui devrait voir converger les activités de ceux qui ont pris conscience des enjeux.»

Le Français à l’Université, 14, 3, troisième trimestre 2009, p. 1.

Percoler

Les administrations aiment (parfois) faire circuler l’information, de haut en bas. Mieux : elles aiment qu’elle percole.

Celles qui sont proactives la font percoler. Les passives la laissent percoler.

Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’attendre : on verra bien ce que ça donnera.

Une langue pleine de ressources, bis

L’Oreille tendue déjà eu l’occasion de noter combien l’usage du mot ressource est devenu généralisé.

Nouvelle manifestation du fléau dans le Devoir du 7 octobre. On y apprend qu’il existe depuis 2001 une Fédération des ressources intermédiaires jeunesse du Québec; elle dénonce vertement l’«Immobilisme de la ministre Thériault» (p. A3).

Que font ces ressources ? Elles hébergent et elles soutiennent : «Près de 800 jeunes au Québec, placés selon la Loi de la protection de la jeunesse, sont hébergés et soutenus par les ressources intermédiaires jeunesse.» Les caractères gras sont de la FRIJQ.

Son souhait ? Combattre «la présense d’un système à deux vitesses», dénoncer «une situation d’iniquité salariale» (avec caractères gras) et permettre «à l’État d’économiser des dizaines de millions de dollars» (sans). La FRIJQ met elle-même la main à la pâte : elle économise les articles et autres mots de transition (entre «intermédiaires» et «jeunesse»).