Rouler à Montréal

David Montrose, The Body on Mount Royal, éd. de 2016, couverture

On dit parfois que la chaussée montréalaise laisse à désirer. Ce n’est pas d’hier, comme l’atteste ce passage du roman The Body on Mount Royal :

Five feet from the Morris, I took off the sod and landed behind the wheel. They were pounding behind me. The Morris started like a charm and I zoomed away before they could even get a hand on it. I gunned it in low, shifted up and gunned again, and was shifting into high when I hit the deepest pothole in the Province of Quebec. It jarred my teeth. I was afraid a spring had gone, but the Morris travelled on (p. 153).

Sur la rue Décarie, le narrateur croit que sa petite voiture, une Morris, va lui permettre de semer les vilains qui le poursuivent. Ce ne sera pas le cas : «le nid-de-poule le plus profond du Québec» aura raison d’elle.

Ce polar date de 1953.

 

Référence

Montrose, David, The Body on Mount Royal, Montréal, Véhicule Press, A Ricochet Book, 2016, 237 p. Édition originale : 1953. Introduction de Kevin Burton Smith. David Montrose est le pseudonyme de Charles Ross Graham.

Sur, pas dans

William S. Messier, le Miraculé, 2024, couverture

Soit les deux phrases suivantes, tirées du récit récent de William S. Messier, le Miraculé :

«Bernard a dit au moins quatre fois Checke la bass en jouant du drum de dash sur du Midnight Oil […]» (p. 17);

«Il n’a pas joué de drum de dash» (p. 73).

Entre ces deux phrases, ceci, qui les explique :

«je l’imagine jouer du drum sur le tableau de bord» (p. 38).

On l’aura compris : en matière de batterie («drum») automobile et de tableau de bord («dash»), il ne faut pas confondre fesser (taper) sur le dash et fesser dans le dash.

 

Référence

Messier, William S., le Miraculé. Récit, Montréal, Le Quartanier, série «QR», 187, 2024, 162 p.

Sans limite

Panneau de signalisation, «Maximum 40»

Soit la phrase suivante, tirée du quotidien montréalais le Devoir, au sujet de Fabcaro : «Dans le genre pas barré à quarante, comme on dit au Québec, c’est un capable.»

Dans la langue populaire du Québec, qui n’est pas barré à quarante fonce, s’affirme, ne se laisse pas contraindre, repousse les limites imposées.

Variation sur le même thème, chez Pierre DesRuisseaux, sous «Ne pas être barré… (à quarante)» : «Ne pas être gêné, timide» (p. 30).

Ephrem Desjardins donne «effronté» comme synonyme (p. 39).

À votre service.

P.-S.—On peut, en effet, supposer que l’«érudite pas barrée» de Catherine D’Anjou (p. 58) ne l’est pas à quarante.

 

Références

D’Anjou, Catherine, On retourne toujours à Old Orchard. Poésie, Montréal, Del Busso éditeur, 2023, 76 p.

Desjardins, Ephrem, Petit lexique de mots québécois à l’usage des Français (et autres francophones d’Europe) en vacances au Québec, Montréal, Éditions Vox Populi internationales, 2002, 155 p.

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015, 380 p. Nouvelle édition revue et augmentée.