L’avoir courte

Icône de bombe, Macintosh

Soit les deux phrases suivantes :

«J’ai pas la mèche courte, madame, y’a pus de mèche, y’a le feu» (Venir au monde, p. 31).

«La journée s’annonçait longue et la patience de Brazeau avait déjà la mèche courte» (Coups de feu au Forum, p. 121).

Avoir la mèche courte, donc : «Réagir rapidement et fortement, être impatient», dit le Wiktionnaire.

Synonyme : prime.

 

Références

Brisebois, Robert W., Coups de feu au Forum, Montréal, Hurtubise, 2015, 244 p.

Olivier, Anne-Marie, Venir au monde, précédé d’un «Mot de la metteure en scène», Véronique Côté, suivi de «Contrepoint. Tenir bon», par Catherine-Amélie Côté, Montréal, Atelier 10, coll. «Pièces», 14, 2017, 101 p.

Écrivons avec Churchill

Portrait de Winston Churchill en 1941

 

Croisé ceci sur Twitter l’autre jour :

Lettre de Churchill, 9 août 1940

 

Transcription, gracieuseté de github :

9th August, 1940.

War cabinet.

Brevity.

Memorandum by the Prime Minister.

To do our work, we all have to read a mass of papers. Nearly all of them are far too long. This wastes time, while energy has to be spent in looking for the essential points.

I ask my colleagues and their staffs to see to it that their Reports are shorter.

(i) The aim should be Reports which set out the main points in a series of short, crisp paragraphs.

(ii) If a Report relies on detailed analysis of some complicated factors, or on statistics, these should be set out in an Appendix.

(iii) Often the occasion is best met by submitting not a full-dress Report, but an Aide-memoire consisting of headings only, which can be expanded orally if needed.

(iv) Let us have an end of such phrases as these : «It is also of importance to bear in mind the following considerations……», or «Consideration should be given to the possibility of carrying into effect…..». Most of there woolly phrases are mere padding, which can be left out altogether, or replaced by a single word. Let us not shrink from using the short expressive phrase, even if it is conversational.

Reports drawn up on the lines I propose may at first seem rough as compared with the flat surface of officialese jargon. But the saving in time will be great, while the discipline of setting out the real points concisely will prove an aid to clearer thinking.

W.S.C.

Tous ces conseils sont bons, particulièrement le quatrième.

 

Illustration : photo de Winston Churchill en 1941 par J. Russell & Sons, United States Library of Congress (cph.3b12010), déposée sur Wikimedia Commons

Soyez raisonnables

Bitcoin, symbole

 

Soit le tweet suivant :

Floaber, donc. Il y a quelques années, l’Oreille tendue, pour sa part, avait évoqué flôber. La graphie de ce verbe n’est donc pas fixée.

En revanche, point de vue sens, cela devrait aller : floaber / flôber, c’est dépenser, souvent de façon inconsidérée (gaspiller, brûler son argent, dilapider).

Oui, cela peut être interprété comme une mise en garde en cette période de dépenses programmées.

P.-S.—Pierre DesRuisseaux, dans son Trésor des expressions populaires (2015), retient lui aussi la graphie flôber (p. 152). Pierre Corbeil promeut plutôt l’apostrophe intercalaire : flô’ber (Canadian French for Better Travel, 2011, p. 79). En ligne, on voit encore flauber et flober. C’est comme ça.

 

[Complément du 19 décembre 2019]

Pour désigner celui qui dilapide, le poète Gérald Godin promeut la graphie en –au : «flaubeur d’héritages et sans-cœur» (les Cantouques, p. 34).

 

Illustration : Bitcoin, par Web-dev-chris, image déposée sur Wikimedia Commons

 

Références

Corbeil, Pierre, Canadian French for Better Travel, Montréal, Ulysse, 2011 (troisième édition), 186 p. Ill.

DesRuisseaux, Pierre, Trésor des expressions populaires. Petit dictionnaire de la langue imagée dans la littérature et les écrits québécois, Montréal, Fides, coll. «Biblio • Fides», 2015 (nouvelle édition revue et augmentée), 380 p.

Godin, Gérald, les Cantouques. Poèmes en langue verte, populaire et quelquefois française, Montréal, Parti pris, coll. «Paroles», 10, 1971, 52 p. Édition originale : 1967.