Noces de cire

L’Oreille tendue a quatre ans aujourd’hui.

En chiffres ? 1476 entrées, 683 commentaires, plus de 722 000 pages vues.

La meilleure journée ? Le 29 avril 2012, 6094 visiteurs sont passés, dont 5804 pour le même article, celui sur le swag.

Les quinze articles les plus populaires ?

Du postcool [swag]

Unicité vitale [yolo]

Histoires (d’abord) de chalet [sauf une fois]

Le point de vue de Pluton [matricule 728]

Divergences transatlantiques 012 [thermos]

Défense et illustration de la garnotte

Langue de campagne (21) [élections 2012]

Au carré [malaisant]

Histoire de la littérature québécoise 101 [l’École de la tchén’ssâ]

Crissement riche

Du huard

Des titres à éviter

Héritage hockeyistique [flambeau]

La langue du hockey à travers les âges (comme)

Plan de carrière [périsoignant]

Le mot du jour ? Merci.

Néologie littéraire du mercredi matin

On connaissait la chick lit. Selon The Atlantic, cette forme littéraire gyno-urbaine serait désormais remplacée par la farm lit : les jeunes héroïnes quitteraient la ville pour la campagne. En Australie, on serait plutôt passé de la chick lit à la chook lit (chook y signifiant chicken [poulet]).

Le mot twittérature (la littérature par / sur Twitter) est devenu suffisamment commun pour que puisse exister un Institut de twittérature comparée.

Il n’est pas sûr qu’il en aille de même pour narcolittérature. La 52e livraison de la revue l’Inconvénient contient un article de Jorge Volpi sur ce «nouveau stéréotype» pour désigner un genre pratiqué en Colombie et au Mexique.

On n’arrête pas le progrès.

Quiz du lundi matin

L’Oreille tendue a parlé, le 25 août 2009, des PQ (les périphrases québécoises).

Pourriez-vous reconnaître…

…le maître de Saint-Hilaire ?

…le kid de la Grande-Allée ?

…l’ogre de Redmond ?

…le toffe de La Malbaie ?

…la lionne de Bourget ?

…le père de l’assurance-maladie du Québec ?

…le cheik aux yeux bleus ?

…le lion du Sénat ?

P.-S. — En effet : toutes ces périphrases ne sont pas québécoises. C’est comme ça.

Profusion pronominale

Des élèves découvrent le iPad dans un cadre scolaire.

Elle dit : «C’est bien plus facile pour l’organisation et c’est bien plus le fun d’apprendre quand tu peux vraiment toucher les affaires, lance la jeune fille. […] Tous les papiers que les gens mettaient dans leurs agendas et qu’ils pouvaient perdre, dans l’iPad, tu sais que tout va rester là.»

Lui : «C’est un peu d’adaptation parce que tu n’es pas habitué au début.»

Elle aurait pu dire — l’emploi du pronom indéfini est banal au Québec —, mais elle ne dit pas : «C’est bien plus facile pour l’organisation et c’est bien plus le fun d’apprendre quand on peut vraiment toucher les affaires, lance la jeune fille. […] Tous les papiers que les gens mettaient dans leurs agendas et qu’ils pouvaient perdre, dans l’iPad, on sait que tout va rester là.»

Lui : «C’est un peu d’adaptation parce qu’on n’est pas habitué au début.»

Elle aurait aussi pu dire, plus simplement : «C’est bien plus facile pour l’organisation et c’est bien plus le fun d’apprendre quand je peux vraiment toucher les affaires, lance la jeune fille. […] Tous les papiers que les gens mettaient dans leurs agendas et qu’ils pouvaient perdre, dans l’iPad, je sais que tout va rester là.»

Lui : «C’est un peu d’adaptation parce que je n’étais pas habitué au début.»

L’identité n’est pas une chose toujours bien établie. Le choix des pronoms le révèle.

P.-S. — Merci à @GPinsonM19 d’avoir attiré l’attention de l’Oreille tendue sur l’article du quotidien le Droit d’où sont tirées les deux premières citations.

Danse digressive

L’Oreille tendue a eu quelques occasions de l’écrire : il arrive qu’on lui indique des expressions qui seraient devenues populaires — faire du pouce sur, dans le fond —, alors qu’elle-même ne les a pas repérées.

Merci, lecteurs.

Elle savait que @PimpetteDunoyer en avait contre l’expression pas de côté.

j’entends que vous allez faire un pas de côté pour traiter hors de la boîte la problématique des expressions galvaudées ? (16 mai 2013).

MT @larrysa CHORÉGRAPHIE Sur nouvelle app du Monde on trouve “des pépites qui font faire au lecteur un pas de côté” (sic) (5 avril 2013).

Oh noooooon svp Épargnez vos étudiants et puis ensuite quoi vous allez adopter “Un pas de côté” puis “impacter” ? (27 février 2013).

Puis, en deux jours, l’Oreille tombe deux fois sur l’expression, dans la bouche d’un collègue historien, puis dans les pages du Devoir :

Cette saison, à 82 ans, [Jacques Laurin] s’offre un pas de côté en racontant sa vie dans Chroniques d’un homme heureux (18-19 mai 2013, p. F6).

Merci, lectrice. Bien vu.

 

[Complément du 15 décembre 2018]

Dans Tours & détours le retour. Les plus belles expressions du français de Belgique (2018), Michel Francard consacre un texte à «Faire un pas de côté» (p. 122-124). Il distingue l’emploi hexagonal et l’emploi québécois de l’expression — «Outre-Quiévrain et outre-Atlantique, une personne qui fait un pas de côté décide de prendre des distances avec une situation donnée, avec une routine qui s’est installée; cela, afin d’élargir ses horizons, de renouveler sa pratique, de mieux atteindre l’objectif fixé» (p. 123) — de l’emploi belge — «dans les attestations belges, il marque un arrêt — provisoire ou définitif — dans une carrière, dans l’exercice d’un mandat» (p. 124). Ajoutons encore ceci : «On la retrouve [cette expression] notamment en France et au Québec, où elle est très employée — au point parfois de susciter des commentaires agacés qui la rangent parmi les tics de langage à la mode» (p. 123). En effet.

 

Référence

Francard, Michel, Tours & détours le retour. Les plus belles expressions du français de Belgique, Bruxelles, Racine, 2018, 176 p. Illustrations de CÄät.