Avant / Après

Le transporteur aérien Porter publie cette publicité dans le Devoir du 3 juin 2013 (p. A5) :

Le Devoir, 3 juin 2013

Lui a-t-on fait remarquer que la présence de «brag», de 13 h 30 à 15 h, entre parenthèses, était inutile dans un journal francophone ?

(Ce n’est pas pour se vanter [brag], mais l’Oreille tendue avait repéré cette parenthèse dès le 3 juin. Discrète comme toujours, elle n’a rien dit.)

Toujours est-il que dans le même journal, le 6 juin (p. A5), la parenthèse et son contenu ont disparu :

Le Devoir, 6 juin 2013

Bref, publicité (enfin) sans trace de bilinguisme.

P.-S. — Porter ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin : dans les deux pubs, il y a la phrase «Porter peut exiger un achat 21 l’avance»…

Dictionnaire des séries 25

Le Devoir, 23 mai 2013

«She knows ev’ry blooming sub that plays on the bench»
(Eugene Platzman, «Hockey», chanson, 1929)

«They rioted in the streets of Montreal
when they benched Rocket Richard»
(Jane Siberry, «Hockey», chanson, 1989)

 

Quand l’entraîneur, celui qui officie derrière le banc, décide, en plein match, de ne plus utiliser certains joueurs, on dit qu’il coupe son banc (voir ici).

Les joueurs alors laissés de côté sont réputés jouer sur le banc ou réchauffer le banc. Pire : ils sont cloués au banc. (Qui s’inspire de la langue de Don Cherry préférera le verbe, du 1er groupe, bencher.)

Tu v’nais m’voir jouer presque tout l’temps
Mais j’jouais pas souvent, j’réchauffais le banc
(Pierre Bertrand, «Hockey», chanson, dans Beau dommage, Passagers, 1978)

Quand, inversement, il y a trop de joueurs en même temps sur la glace, l’équipe fautive reçoit une punition de banc. (Ce n’est pas le seul cas où une punition de banc peut être décernée. Passons.)

L’entraîneur de l’équipe punie désigne alors un joueur qui ira s’asseoir au banc des punitions, même s’il n’a rien fait de répréhensible.

Tout joueur puni est d’ailleurs envoyé au cachot pour au moins deux minutes. Dans ce cachot, il y a donc un banc.

Quand j’entends parler de salaires de joueurs professionnels,
je me souviens que je n’ai jamais compris comment Maurice Richard avait pu marcher dans la publicité de Gracian Formula où, lui-même arbitre, il se fait donner un «deux minutes au banc» par un autre arbitre […] (Je suis né en 53…, p. 121).

On aura compris qu’il ne faut pas confondre banc et banc.

 

[Complément du 5 février 2014]

Les 57 textes du «Dictionnaire des séries» — repris et réorganisés —, auxquels s’ajoutent des inédits et quelques autres textes tirés de l’Oreille tendue, ont été rassemblés dans le livre Langue de puck. Abécédaire du hockey (Montréal, Del Busso éditeur, 2014, 128 p., illustrations de Julien Del Busso, préface de Jean Dion, 978-2-923792-42-2, 16,95 $).

En librairie le 5 mars 2014.

Langue de puck. Abécédaire du hockey (Del Busso éditeur, 2014)

 

Référence

Lefebvre, Michel, Je suis né en 53… Je me souviens, Montréal, Hurtubise HMH, coll. «amÉrica», 2005, 132 p.

Un monde multipolaire ?

La capitale serait-elle en train de devenir banale ?

On peut se le demander à la lecture du cahier spécial «Arts et villes. Culture et développement» du Devoir des 18-19 mai 2013. On y apprend que Gatineau, cette ville «festive et culturelle» (publicité, p. H8), serait le «grand pôle culturel du Québec» (p. H5). Pas la capitale.

P.-S. — Il est vrai que, dans le même temps, «Ville de culture et de design, Montréal métropole culturelle affirme avec fierté son plein potentiel» (publicité, p. H7).

Tanné, bis

Le 25 avril 2012, l’Oreille tendue proposait quelques réflexions sur la place, au Québec, du mot tanné et sur son histoire. Les exemples venaient de Twitter, de la littérature, de la chanson.

En voici deux nouveaux, tirés du monde de la publicité, les deux dans une tournure interrogative.

Le premier était dans l’édition numérique du quotidien la Presse, la Presse+, le 26 avril dernier.

La Presse+, 26 avril 2013

On doit le second à l’excellent blogue OffQc, dans sa livraison du 2 mai.

Publicité de la Maison Jean-Lapointe

D’une année sur l’autre, on ne se tanne pas de tanné.

Le chemin le plus court vers la correction linguistique en français

La langue française vous donne du mal ? Vous ne connaissez pas le genre de «nutrition» ? Vous hésitez, en matière de formation, entre «cour» et «cours» ? Cela donnera l’affichette suivante.

Nutrition, publicité, 2013

Vous vous rendez compte que quelque chose cloche. Vous voulez régler l’affaire une bonne fois pour toutes ? La solution est simple.

Nutrition, publicité, 2013

Certains, devant la même publicité, seront peu sensibles aux questions de langue et de (non-)bilinguisme.

Nutrition, publicité, 2013

P.-S. — Les habitués de trottoirsdemontreal.tumblr.com reconnaîtront la première photo. La deuxième et la troisième sont plus récentes. Elles ont été prises dans le même quartier, quelques mois plus tard.