La société du loisir

Ça brasse à Belfast. Parmi les manifestants, des enfants de moins de dix ans. Que font-ils là ? Matt Baggott, le chef de la police d’Irlande du Nord, parle d’«émeutes récréatives» (le Devoir, 15 juillet 2010, p. A5). En anglais, à la radio anglaise de Radio-Canada, hier : «recreational rioting».

On s’amuse comme on peut.

Âme nordique

C’est affaire de latitude : les Québécois seraient proches des Scandinaves. Cela explique peut-être pourquoi ils aiment tant les sagas.

Une fois de plus, celle des wagons de métro de Montréal retient l’attention. Dans deux journaux, le même texte, une lettre d’opinion, sous des titres différents : «Pourquoi cette saga ?» (la Presse, 14 juillet 2010, p. A14); «La saga des voitures de métro» (le Devoir, 14 juillet 2010, p. A7). À la radio de Radio-Canada, le même jour : «cette saga-».

On a les grands récits qu’on mérite.

L’ami sans complément

Voici une nouvelle campagne publicitaire pour la chaîne de pharmacies Jean Coutu.

Jadis, on disait qu’on pouvait tout y trouver, même un ami.

Aujourd’hui, à la radio, on affirme que tout y est disponible «pour débuter une vie».

Le premier slogan était cucu, mais il n’utilisait pas un verbe intransitif (débuter) avec un complément d’objet direct (vie). Cucu mais sans faute.

À employer avec modération

«Duceppe en pèlerinage au Canada-anglais», écrit le Devoir (1er avril 2010, p. A2). Non : «au Canada anglais» (même si ça fait moins monolithique).

«Un Mariage Traditionnel-Grec», annonce la Communauté hellénique de Montréal. Non : pas de majuscules, pas de trait d’union.

Place des arts, Montréal, mai 2010, publicité

(Pendant que nous y sommes.) «Radio tiret Canada point ca», recommande-t-on sur les ondes de la radio d’État. Non : il ne faut pas confondre le tiret (—) et le trait d’union (-). On met «abusivement» l’un pour l’autre, dit le Petit Robert, qui pèse ses mots. L’Oreille tendue serait beaucoup plus sévère.