Langue de puck, en anglais

Patins accrochés

Dans une vidéo de YouTube aujourd’hui disparue, l’Oreille tendue exposait, glace à l’arrière-plan, une vérité cru(ell)e : elle patine sur la bottine. Oui, c’est de la langue de puck.

Lisant le roman Twenty Miles (2007) de Cara Hedley, elle découvre que la personne qui souffre de cette incapacité à patiner bien droit dans ses bottes s’appelle un(e) «ankle-burner» (brûleur de cheville). On dirait aussi «bender» (plieur).

C’est noté, merci.

 

Références

Hedley, Cara, Twenty Miles, Toronto, Coach House Books, 2007, 205 p.

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Chantons le hockey avec Boby Lapointe

Publicité pour le fromage Jockey

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Boby Lapointe, «Jockey, c’est pas mauvais», 1970

 

Jockey,
C’est pas mauvais ! Hé.
«Ah ! mes amis, dit la baronne,
Restez dîner, je vous l’ordonne,
Avec notre ami le jockey.»
Et elle ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hum.»
«Ah ! Cornebleu, dit l’amiral,
Si j’pars en mer mon amie râle.
En ce cas resterai-je au quai ?»
Et moi j’ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hein.»
«Moi, dit l’joueur de hockey sur glace,
Je vais rester, mais c’est dég’lasse,
Comme entraîneur ai-je au hockey.»
Et moi j’ajoute en souriant :
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hein.»
«Jockey,
C’est pas mauvais ! Hé.»
Comme nous nous levions de table,
M’sieur La Fontaine qui est affable
S’exclama : «Darling, suis-je okay ?»
J’ai dit «Jockey,
C’est pas mauvais. Hé.»
Après avoir un bon moment
Cherché moi-même un compliment
Entre la poire et le jockey,
J’ai dit «Jockey,
C’est pas mauvais. Hé.»
«Mon cher, rétorqua la baronne,
Vos plaisanteries sont très bonnes
Mais ici elles pourraient choquer.»
J’ai dit «Jockey ?
C’est pas mauvais. Hé.»

 

N.B. Il s’agissait d’une publicité pour le fromage blanc Jockey.

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Les religions du hockey

Cara Hedley, Twenty Miles, 2007, couverture

On aime beaucoup dire, au Québec, que le hockey y serait une religion.

Le premier à sérieusement réfléchir à cette association a été Olivier Bauer, d’abord en dirigeant, avec Jean-Marc Barreau, un ouvrage collectif, la Religion du Canadien de Montréal (2009), puis en publiant Une théologie du Canadien de Montréal (2011). Dans l’ouvrage de 2011, il concluait ceci :

la religion du Canadien m’apparaît comme une fausse religion qui vénère un mauvais dieu ou, s’il n’y a qu’un Dieu — ce que je crois —, qui l’adore d’une mauvaise façon. Ce qui, je ne me lasserai jamais de le répéter, ne prive pas le Canadien de tout caractère religieux. Car même une fausse religion est encore une religion (p. 126).

On aime aussi dire que cette religion hockeyistique serait propre au Québec. (S’agissant du hockey, l’Oreille tendue a pondu quelques lignes sur d’autres supposées caractéristiques propres à cette province; c’est ici.)

Comme toujours, les choses sont plus compliquées qu’elles ne le paraissent.

Ouvrons Twenty Miles (2007) de Cara Hedley :

I’ve always known about hockey being the Religion of Canadians. But what about the other side : the hockey atheists, the disbelievers, the half-believers ? I played, so I’d never thought to look in that direction. The ones sitting on the fence. Jacob made it sound like I was headed to Hell (p. 116).

S’il existe une religion du hockey, cela suppose la présence d’athées («atheists»), de mécréants («disbelievers»), de demi-croyants («half-believers»), d’indécis («The ones sitting on the fence») et de l’enfer («Hell»). On notera surtout que cette religion serait celle des Canadiens («the Religion of Canadians»), pas seulement celle des Québécois.

L’Oreille est désolée de s’en prendre une fois de plus à un mythe national.

 

Références

Bauer, Olivier et Jean-Marc Barreau (édit.), la Religion du Canadien de Montréal, Montréal, Fides, 2009, 182 p. Ill.

Bauer, Olivier, Une théologie du Canadien de Montréal, Montréal, Bayard Canada, coll. «Religions et société», 2011, 214 p. Ill.

Hedley, Cara, Twenty Miles, Toronto, Coach House Books, 2007, 205 p.

Melançon, Benoît, «Au Québec, c’est comme ça qu’on joue», le Devoir, 4 mars 2025.

Curiosité voltairienne (et hockeyistique)

Publicité de la bière Molson représentant Voltaire, 1954

Ceci, dans le quotidien montréalais le Devoir :

En l’espace d’une semaine, la Victoire de Montréal, après avoir dominé la saison régulière de la LPHF, se faisait de nouveau sortir en demi-finale de la coupe Walter — à ne pas confondre avec la coupe Longueuil — tandis que la troupe composite qui représentait les arpents de neige de Charles III au Mondial de hockey masculin se faisait montrer la porte en quart de finale par le minuscule Danemark.

 

Au début du vingt-troisième chapitre de Candide, «Candide et Martin vont sur les côtes d’Angleterre; ce qu’ils y voient», Candide discute avec Martin sur le pont d’un navire hollandais : «Vous connaissez l’Angleterre; y est-on aussi fou qu’en France ? — C’est une autre espèce de folie, dit Martin. Vous savez que ces deux nations sont en guerre pour quelques arpents de neige vers le Canada, et qu’elles dépensent pour cette belle guerre beaucoup plus que tout le Canada ne vaut.»

 

Voltaire est toujours bien vivant.

Sagesse de puck

Jack Falla, Saved, 2007, couverture

Lire Saved (2007), de Jack Falla, pour ses qualités romanesques serait une erreur : c’est surcousu de fil blanc.

En revanche, il y a nombre de phrases parfaitement justes sur le monde du hockey, dans la bouche d’un narrateur gardien de but. Ci-dessous, un florilège (incomplet).

«Every shot is a snowflake. No two are alike» (p. 62).

«The first rule of life, love, and hockey is the same rule — you’ve got to play hurt» (p. 27).

«Goalies don’t see goals. We hear them» (p. 75).

«We’re [les gardiens] united in a brotherhood of apartness and fear» (p. 86).

«The family metaphor in pro sports is ridiculous. Family members don’t get cut, traded, waived, benched, or sent to the minors» (p. 93).

«The shelf life on loyalty to a goaltender is about twenty minutes or three goals, whichever comes first» (p. 129).

«In most businesses people get better as they age. But not in pro sports» (p. 171).

«In this game friendship lasts, allegiance doesn’t» (p. 206).

«A goalie coach is a head coach» (p. 243).

 

Référence

Falla, Jack, Saved. A Novel, New York, Thomas Dunne Books, St. Martin’s Press, 2007, ix/276 p.