Chantons le hockey avec Daniel Boucher

Daniel Boucher, Dix mille matins, 1999, pochette

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Daniel Boucher, «Boules à mites», Dix mille matins, 1999

 

Ben assis
Nu-pieds su’l’bois franc
Le p’tit rouge, la flamme en transe
La boucane qui danse, les p’tits yeux luisants
Et que se répande l’odeur d’la shit
Et que se répande le son d’la guit’
La chandelle éclaire le coin du litte
À soir on fouille les boules à mites
La chandelle éclaire le coin du litte
À soir on fouille les boules à mites
Sur ma table
Des morceaux d’vie éparpillés
Des morceaux d’vie, des belles années
Pis dans ma tête, là
Ablazdablouéyaranachouizéyagaouère
Ooohhh madame
Et pis tourne
Mon esprit tourne
Se cogne à plein de bruits
À plein d’idées jolies
Ça fait tout plein de jus d’idées jolies
Ça fait du jus de joie
Youppiiii !
Ben assis
Nu-pieds su’l’bois franc
Le p’tit rouge, la flamme en transe
La boucane qui danse, les p’tits yeux luisants
Et que se répande l’odeur d’la shit
Et que se répande le son d’la guit’
La chandelle éclaire le coin du litte
À soir on fouille les boules à mites
La chandelle éclaire le coin du litte
À soir on fouille les boules à mites
Ça brûle autour de moé
Le feu d’la chandelle
La flamme de ma vie
Feu mon paternel
Qui me r’garde aller
Pis ma p’tite coupe Stanley à côté
Qui brille
Et là
Lafleur derrière son filet
Prend bien son temps
Cède le disque à Boucher
Le voilà qui décampe
Quel patineur !
Boucher déjà en zone neutre
Oh ! Déjoue Salming
Se présente seul devant Palmateer
Et le but !
Et le but !
Daniel Boucher !
Daniel Boucher !
Et le but !
Et le but !
Daniel Boucher !
Daniel Boucher !
Et le but !
Et le but !
Daniel Boucher !
Daniel Boucher !
Et le but !
Et le but !
Une grosse auto
Une grosse époque
Deux madames
La plus jeune a l’a une grosse bédaine
Quarante semaines
C’est aujourd’hui que commence ma vie
C’est aujourd’hui qu’elle suspend la sienne
Bang !
Grand-moman a l’avait fermé la porte du taxi su’a tête à ma mére
Et ce fut le début
D’une pas pire épopée
Je vous en ai roté
Des ’tits bouttes incongrus
La chandelle éclaire le coin du litte
À soir on fouille les boules à mites
La chandelle éclaire le coin du litte
À soir on fouille les boules à mites
Ablazdablouéyaranachouizéyagaouère
Ooohhh madame
Ooohhh madame
Le p’tit rouge
Une pas pire épopée
Ablazdablouéyaranachouizéyagaouère
Ooohhh madame
La flamme en transe
Une pas pire épopée
Ablazdablouéyaranachouizéyagaouère
Ooohhh madame
Et que se répande l’odeur d’la shit
Une pas pire épopée
Ablazdablouéyaranachouizéyagaouère
Ooohhh madame
Et que se répande le son d’la guit’
Une pas pire épopée

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Chantons le hockey avec Annakin Slayd

Annakin Slayd, «La 25ième», 2009, illustration

(Le hockey est partout dans la culture québécoise et canadienne. Les chansons sur ce sport ne manquent pas, plusieurs faisant usage de la langue de puck. Petite anthologie en cours. Liste d’écoute disponible sur Spotify. Suggestions bienvenues.)

 

Annakin Slayd, «La 25ième», 2009

 

Yeah

[Robert-Guy Scully] «Ce soir-là de 1944, Montréal a défait Détroit 9 à 1. Maurice Richard marqua 8 points : 5 buts et 3 passes. Une légende est née.»

Moi je crois qu’on approche la fête
Et ça feel comme en 93
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le 25e vers le ciel
J’crois qu’on est dans le mix
Et ça feel comme en 86
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le numéro 25 vers le ciel

V’là un rap du berceau des sports organisés
On s’trouve ensemble pour une cause à célébrer
J’me rappelle de la coupe 24
Le monde faisait a’fête tout l’long d’la Ste-Cath
Dur à croire qu’c’était y a si long
Mais les vrais fans savent notre destination
J’crois que not’ville a une chance à gagner
Faque je rock le 13 chanceux à Tanguay
Je jase avec l’esprit du Rocket
Quand c’est commencé, y m’a dit «You can’t stop it»
Ouais… j’y r’pense 10 minutes en ovation
Quand ses larmes nous ont touchés d’la glace au plafond
Ça fait longtemps qu’on pousse les Habitants
Le Rouge, Bleu, Blanc, la couleur de not’sang
La 25e… yeah ! J’la sens
Y a jamais eu un meilleur temps que maintenant

[Commentateur:] «Desjardins, following the play, [?] again scores, Desjardins !»

Y a jamais eu un meilleur temps que maintenant
Moi je crois qu’on approche la fête
Et ça feel comme en 93
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le 25e vers le ciel
J’crois qu’on est dans le mix
Et ça feel comme en 86
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le numéro 25 vers le ciel

On fait l’party tout l’long d’la soirée
Du Forum au Centre Bell, olé, olé, olé
19-0-9… ça fait 100 ans
Et on a l’vé des bannières un quart du temps
Et si c’t’année on lève la 25e
La fierté à Montréal
C’est l’temps qu’elle nous revienne
De temps en temps, j’passe par le Big O
Depuis qu’y a pas d’équipe on est ben moins exposed
Donc je monte la tour et lève mon verre aux Expos
Je rejoins les fantômes
Je leur passe le flambeau
Je sais qu’cette croisade, ça va pas rater
Nah… pis on va boire de la Coupe sacrée yeah
Des fois, c’est les chiffres qui font la preuve
23 11 27 10 et 9
Peut-être numéro 1 si tu comptes les signes
Numéro 25 j’ai un bon feeling

[Pierre Houde] «Koivu, Koivu qui est arrêté par Rozsival… la rondelle revient à Andrei Kostitsyn… et le BUUUUT ! Kovalev ! Qui d’autre ? Montréal qui compte.»

Moi je crois qu’on approche la fête
Et ça feel comme en 93
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le 25e vers le ciel
J’crois qu’on est dans le mix
Et ça feel comme en 86
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le numéro 25 vers le ciel

Moi je crois qu’on approche la fête
Et ça feel comme en 93
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le 25e vers le ciel
J’crois qu’on est dans le mix
Et ça feel comme en 86
Les mains en l’air on monte l’échelle
Et on lève le numéro 25 vers le ciel

Feel comme en 93

Annakin Slayd

Feel comme en 93

C’t’année, ça feel un peu comme 93
On a attendu longtemps
So levez vos 25e au ciel maintenant

[Commentateur] «And now, a 24th Stanley Cup banner will hang from the rafters of the famous Forum in Montreal, the Canadiens win the Stanley Cup !»

 

 

Références

Melançon, Benoît, «Chanter les Canadiens de Montréal», dans Jean-François Diana (édit.), Spectacles sportifs, dispositifs d’écriture, Nancy, Questions de communication, série «Actes», 19, 2013, p. 81-92. https://doi.org/1866/28751

Melançon, Benoît, Langue de puck. Abécédaire du hockey. Édition revue et augmentée, Montréal, Del Busso éditeur, 2024, 159 p. Préface d’Olivier Niquet. Illustrations de Julien Del Busso. ISBN : 978-2-925079-71-2.

Melançon, Benoît, Langue de puck, édition revue et augmentée de 2024, couverture

Autopromotion 866

Éric Bédard (édit.), Figures marquantes de notre histoire, 2025, couverture

En 2021, à l’invitation de l’historien Éric Bédard, l’Oreille tendue est allée présenter Maurice Richard — c’est du hockey — à l’émission de télévision Figures marquantes de notre histoire.

Elle avait tiré de cet entretien un texte, qu’on peut lire ici.

Ce texte reparaît ces jours-ci, très légèrement modifié, dans un ouvrage collectif :

Melançon, Benoît, «Maurice Richard (1921-2000)», dans Éric Bédard (édit.), Figures marquantes de notre histoire. Vol. 3 : inspirer, Montréal, VLB éditeur, 2025, p. 287-312.

Ken Dryden avait raison (pas Gary Bettman)

Ken Dryden, Game Change, 2017, couverture

«A hit to the head is a bad thing

Ken Dryden (1947-2025) a eu une vie professionnelle bien remplie. Il a été gardien de but pour les Canadiens de Montréal — c’est du hockey —, président des Maple Leafs de Toronto — bis —, député au parlement fédéral, et bien d’autres choses encore. Et il a écrit des livres.

The Game. A Thoughtful and Provocative Look at a Life in Hockey a paru en 1983. Il a été plusieurs fois réédité, notamment pour des «éditions anniversaire». Il a été traduit en français, d’abord sous le titre l’Enjeu (1983), puis sous celui de le Match (2008). C’est son ouvrage le plus célèbre.

Dryden a en pourtant publié d’autres, parmi lesquels : Home Game. Hockey and Life in Canada (1989, avec Roy MacGregor), Scotty. A Hockey Life Like no Other (2019, voir ici), The Series. What I Remember, What it Felt Like, What it Feels Like Now (2022, voir ), The Class. A Memoir of a Place, a Time, and Us (2023, voir de ce côté).

Son meilleur est probablement Game Change. The Life and Death of Steve Montador and the Future of Hockey (2017). Dryden s’y attaque à un problème auquel il a consacré beaucoup de textes dans les dernières années de sa vie : les effets à long terme des coups à la tête sur les joueurs de hockey. Il l’aborde de plusieurs façons.

Son point de départ est la carrière d’un défenseur de la Ligue nationale de hockey, Steve Montador, mort à 35 ans (1979-2015). Victime de nombreuses commotions cérébrales, il souffrait d’encéphalopathie traumatique chronique (CTE, chronic traumatic encephalopathy) au moment de sa mort. Dryden ne l’a jamais rencontré, mais le portrait qu’il en dresse, après avoir interrogé des membres de sa famille, des amis et des coéquipiers, est captivant.

Montador n’était pas une vedette, loin de là : jamais repêché, il faisait généralement partie de la troisième paire de défenseurs pour les nombreuses équipes avec lesquelles il a joué, celle qui joue le moins de minutes par match. C’était un joueur d’équipe toujours prêt à défendre ses coéquipiers, un maniaque de l’entraînement, un fonceur. Hors de la glace, il était curieux, enjoué, bavard, énergique, drôle — avant de sombrer dans la dépression durant les dernières années de sa vie, celles où il a ressenti de plus en plus violemment les effets de nombreuses commotions cérébales. Les circonstances de sa mort sont peu claires, mais il consommait nombre de drogues et de médicaments à ce moment-là.

Son parcours est comparé à celui de joueurs qui ont aussi été victimes de coups à la tête, au point de mettre un terme à leur carrière — Keith Primeau, Marc Savard, Clarke MacArthur — ou de devoir l’interrompre pendant de longues périodes — Sidney Crosby. Montador n’est pas du tout un cas isolé. Dryden ne se sert jamais de son propre passé d’athlète; ce sont les autres qu’il veut mettre en lumière.

Dryden aimait les larges panoramas. Dans Game Change, il consacre plusieurs pages passionnantes à l’histoire du hockey et à l’évolution de ses règlements, ainsi qu’à la recherche scientifique sur l’encéphalopathie traumatique chronique et d’autres maladies nées de coups à la tête chez les sportifs de haut niveau.

L’enchevêtrement de ces points de vue — le personnel, le sportif, le médical — est parfaitement maîtrisé. Dryden, qui pouvait parfois être assez pataud sur le plan du style, ne l’est guère ici. Il se permet même une comparaison particulièrement enlevée entre les discussions de commentateurs sportifs et un sketch des Monthy Python (p. 323-326).

L’auteur dépasse le seul constat pour proposer deux pistes de solution à ce qu’il considère une menace profonde quant à l’avenir du hockey. Tout contact avec un joueur qui n’a pas la rondelle devrait entraîner une punition automatique (fini le temps où un joueur devait «compléter sa mise en échec» coûte que coûte). Tout coup à la tête, accidentel ou pas, devrait aussi entraîner une punition automatique; cela inclut les coups de poings donnés durant une bagarre. Ces deux changements à l’interprétation des règlements n’auraient pas constitué une révolution hockeyistique mais une réforme nécessaire. Ils auraient dû être appliqués pour protéger les joueurs d’eux-mêmes.

La démonstration de Ken Dryden dans Game Change et ses solutions sont convaincantes. Malheureusement, Dryden, en indécrottable optimiste, croyait que le président de la Ligue nationale de hockey depuis 1993, Gary Bettman, allait agir en ce sens. Il se trompait complètement : depuis la parution du livre en 2017, la Ligue n’a rien fait de significatif pour mettre fin au fléau des coups à la tête.

On risque d’attendre encore longtemps. Pourquoi ? «Change is a nuisance. It takes time, costs money, and create uncertainty» (p. 272; «Le changement embête. Il demande du temps, il coûte de l’argent et il crée de l’incertitude»). Pour l’imposer, il faut du courage.

 

Référence

Dryden, Ken, Game Change. The Life and Death of Steve Montador and the Future of Hockey, Toronto, Signal, McClelland & Stewart, 2017, 357 p.

Autopromotion 860

Gant de baseball du joueur de hockey Maurice Richard

Vers 6 h 20 ce matin, l’Oreille tendue causera baseball et identité nationale dans le cadre de l’émission radiophonique les Matins d’ici (Radio-Canada, Ottawa-Gatineau).

P.-S.—Oui, en effet, c’est dans le prolongement de ceci.

 

[Complément du jour]

On peut (ré)entendre l’entretien de ce côté.

L’Oreille a évoqué un texte de George Bowering intitulé «Baseball and the Canadian Imagination» (1986). On peut le lire ici en anglais, en français.

La vidéo des célébrations torontoises peut être vue sur Bluesky.