Curiosité sportivo-épistolaire du jour

L’Oreille tendue est épistologue : elle s’intéresse à toutes les formes de la lettre, notamment à la carte postale.

L’Oreille tendue travaille aussi sur les représentations culturelles du sport, particulièrement sur celles de Maurice Richard.

L’Oreille tendue a donc réfléchi aux correspondances des sportifs, par exemple à celles d’Andre Agassi et de Jean Béliveau.

Ce matin, elle découvre ceci, sur eBay : une carte postale de Maurice Richard à sa femme, envoyée de Spokane en 1961.

Carte postale de Maurice Richard à sa femme, Spokane, Washington, 1961, recto

Carte postale de Maurice Richard à sa femme, Spokane, Washington, 1961, verso

Tout est dans tout, et réciproquement, comme le disait si justement le journaliste sportif Jean Dion.

 

Références

Melançon, Benoît, «Le cabinet des curiosités épistolaires. Le courrier des sportifs», Épistolaire. Revue de l’AIRE (Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire, Paris), 33, 2007, p. 279-283; repris, sous le titre «Sportifs épistolaires», dans Écrire au pape et au Père Noël. Cabinet de curiosités épistolaires, Montréal, Del Busso éditeur, 2011, p. 81-89. [Sur la correspondance des sportifs]

Melançon, Benoît, «Le cabinet des curiosités épistolaires», Épistolaire. Revue de l’AIRE (Association interdisciplinaire de recherche sur l’épistolaire, Paris), 43, 2017, p. 171-173. [Sur la carte postale à l’ère du numérique]

La clinique des phrases (108)

La clinique des phrases, Charles Malo Melançon, logo, 2020

(À l’occasion, tout à fait bénévolement, l’Oreille tendue essaie de soigner des phrases malades. C’est cela, la «Clinique des phrases».)

Soit la quatrième de couverture d’un livre récent :

Après une carrière de 35 ans, au cœur du vestiaire du Tricolore, Pierre Gervais a été un témoin privilégié de nombreux moments qui ont ponctué l’histoire de nos Glorieux.

(«Tricolore» ? «Glorieux» ? Cela désigne l’équipe des Canadiens de Montréal — c’est du hockey et, donc, de la langue de puck.)

On peut légitimement penser que ledit Pierre Gervais a surtout été un «témoin privilégié» du temps où il travaillait «au cœur du vestiaire du Tricolore», et non pas «après» sa carrière. De même la virgule entre «ans» et «au» est évidemment inutile.

Bref :

Durant une carrière de 35 ans au cœur du vestiaire du Tricolore, Pierre Gervais a été un témoin privilégié de nombreux moments qui ont ponctué l’histoire de nos Glorieux.

À votre service.

P.-S.—Le livre où apparaît cette phrase bancale fait partie du catalogue d’une nouvelle maison d’édition. Ce n’est pas la seule chose qui mériterait d’être corrigée : appositions mal ponctuées, constructions fautives, caractères italiques jetés au petit bonheur la chance, personnages nommés par leur seul prénom avant d’être présentés, etc. Ne s’improvise pas éditeur qui le veut.

Tendre le bras et l’oreille

Trophée Heisman, football universitaire, États-Unis

Il arrive qu’un sportif, notamment au football (américain, donc canadien) ou au soccer, repousse un adversaire en tendant le bras pour le frapper. En anglais, on parle de stiff-arm fend. Comment désigner cela en français ?

À la télévision québécoise, dans le vocabulaire du football (canadien, donc américain), on a longtemps entendu technique du bras tendu.

Depuis peu, raffut a fait son apparition, au grand étonnement de l’Oreille, elle aussi tendue. D’où le mot vient-il ?

Du vocabulaire du rugby, avance le Wiktionnaire : «Technique utilisée par le porteur du ballon pour repousser, de sa main libre ouverte ou du bras, le haut du corps d’un adversaire cherchant à le plaquer.»

Merci, le Wiktionnaire.

P.-S.—Non, ce n’est pas (encore ?) de la langue de puck.

Les zeugmes du dimanche matin et de Christopher Clarey

Christopher Clarey, Federer, 2022, couverture

Le biographe de Roger Federer, Christopher Clarey, aime beaucoup les zeugmes.

«Si, pour moi qui étais assis sur la banquette arrière avec mes notes et mes pensées de pré-entretien, cette chanson [«All by Myself»] semblait parfaitement dans le ton, elle n’aurait pas convenu à Federer, lui qui est si rarement seul et qui l’était encore moins à cette occasion-là» (p. 11).

«Mais Federer et son agent, Tony Godsick, voyaient les choses autrement : ils visaient des marchés et des émotions qu’ils n’avaient pas encore exploités» (p. 12).

«Une sorte de Tatar slave avec un côté cool, sexy, et un revers à deux mains explosif, souvent sauté, qui ne ressemblait à aucun de ceux que j’avais pu voir» (p. 31).

«Ça lui épargne beaucoup de stress et de kilométrage» (p. 238).

«Au tennis, les matchs d’exhibition sont souvent des événements où l’on échange balles et ricanements, blagues et coups foireux» (p. 254)

«Mais même pendant ces brillantes saisons, on avait du mal à oublier l’image de Nadal triomphant, encore et encore, sur terre battue, tandis que Federer perdait la face et son assurance à mesure que le schéma se répétait» (p. 278).

À la moitié de l’ouvrage, l’Oreille tendue a cessé de les noter.

 

Christopher Clarey, Federer. Le maître du jeu. Biographie, Montréal, Flammarion Québec, 2022 (2021), 589 p. Traduction de Suzy Borello.

 

P.-S.—Souvenez-nous : ce n’est pas le seul cas de cette nature croisé ici.

Découverte lexicale du jour

Olympiques Juniors, Banque royale, Canada, 1974, ruban

C’est de notoriété publique : l’Oreille tendue a déjà été boxeuse. Son entraînement supposait l’utilisation de ce qu’elle appelait des medicine balls. Jusqu’à tout à l’heure, elle ne s’était jamais demandé comment traduire ce terme.

Elle est alors tombée sur la phrase suivante, dans la biographie de Roger Federer par Christopher Clarey : «ils effectuaient un jeu de jambes intense tout en réceptionnant et en renvoyant un ballon lesté» (p. 75).

Ballon lesté est aussi ce que recommande l’Office québécois de la langue française pour medicine ball.

Une fois n’est pas coutume : l’Oreille se couchera moins niaiseuse.

 

Référence

Clarey, Christopher, Federer. Le maître du jeu. Biographie, Montréal, Flammarion Québec, 2022 (2021), 589 p. Traduction de Suzy Borello.